L'orsqu'une personnalité aussi influente au sein de l'establishment américain telle que le vice-président, Dick Cheney, met en garde l'Iran de recourir au choix militaire afin de l'interdire de développer son programme nucléaire, il faut prendre sa menace très au sérieux. Et, par là, s'interroger si les frappes militaires prévues seront pour demain. S'interroger également sur leurs répercussions et la riposte qu'il faut attendre de la part de Téhéran. La gravité de la menace de Cheney, c'est qu'elle a été lancée, mardi dernier, du haut de la tribune de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee, l'organisme représentant le lobby sioniste le plus puissant des Etats-Unis). Dans ce cadre, force est de souligner que les propos du No 2 de la Maison-Blanche ont presque coïncidé avec ceux du ministre israélien de la Défense, Chaoul Mofaz. Ce dernier a déclaré à Vienne qu'Israël n'aura devant lui que se défendre si le conseil de sécurité n'arrive pas à dissuader l'Iran, et l'obliger à se plier à la décision de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique). De plus, Washington n'a pas trop attendu pour faire savoir qu'elle oeuvrera sans relâche pour utiliser le chapitre 7 de la charte des Nations Unies, autorisant une action militaire et imposant des sanctions économiques à l'égard de la République islamique d'Iran. Pour répondre toutefois à ces questions posées, il y a lieu de prendre en compte les positions des Etats membres permanents au Conseil de sécurité. Plus particulièrement, celles de la Russie qui collabore sur le plan nucléaire avec Téhéran ; et, la Chine qui a fortement besoin du pétrole iranien pour accélérer le rythme de sa révolution industrielle, et, maintenir le taux de croissance de son économie non loin de deux chiffres. Pour ce qui est des trois grands pays européens, à savoir la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, ils sont d'accord pour empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire. Ce, même si les responsables de cet Etat répètent qu'ils ont l'intention d'utiliser la technologie nucléaire à des fins civiles, en premier, la production d'énergie. Au niveau iranien, les conservateurs ont, d'après les Occidentaux, poussé le bouchon très loin. Les déclarations du président, Mahmoud Ahmadinejad, soutenues par Mourched al-Thaoura, Ali Khamenaï, ont participé à la mobilisation du lobby sioniste aux Etats-Unis et ailleurs. Ce qui devait inciter ces derniers à anticiper en tuant le projet nucléaire iranien dans l'œuf. Militairement, Washington pourra mettre en place des bombardiers capables de détruire plusieurs sites nucléaires, même si les stratèges à Téhéran les ont dispatchés à travers le pays. Ce, pour montrer qu'ils ont tiré les leçons des complexes irakiens, Tammouz 1, bombardé par l'aviation israélienne en 1981, et Tammouz 2, détruit par le raid américain lors de la 2ème guerre du Golfe en 1991. Des rumeurs circulent ces derniers temps sur la possibilité de la participation de l'OTAN aux futures frappes des sites nucléaires iraniens. Des informations parlent, d'autre part, des avions militaires israéliens qui s'entraînent dans une base située dans le Sahara du Néguef (Al-Nakab). Et que des dizaines d'agents du Mossad se trouvent dans des zones kurdes au Nord de l'Irak. Pour surveiller les mouvements des Gardes de la Révolution. C'est pour cette raison que le Secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Hassan Nasrallah, avait vivement critiqué les responsables kurdes qui reçoivent chez eux les ennemis de la nation islamique. Pourtant, l'Etat hébreu a plus qu'un satellite de contrôle au-dessus de la région, y compris l'Iran. En tout état de cause, Israël n'attaquera ce pays sans le feu vert de l'administration américaine. Tout le monde sait qu'il possède l'arsenal adéquat pour détruire une grande partie du projet nucléaire iranien, entre autres, des sous-marins de fabrication allemande portant des têtes nucléaires. Mais l'Iran, d'après le chef de sa délégation à Vienne, Jawad Waïidi, affirme que son pays est capable de faire du mal à l'Amérique si cette dernière choisira la voie de la frappe militaire. Dans ce contexte, force est de rappeler que la République islamique d'Iran est le voisin de l'Irak où les forces américaines peinent à instaurer la sécurité ; d'autant que Téhéran est prête, à tout moment, à donner le signal nécessaire à ses partisans sur place pour leur causer le mal promis. Dans ce même ordre de constatations, l'Iran, qui n'a pas une ligne de démarcation avec l'Etat hébreu, pourra, à tout moment aussi, mobiliser ses alliés proches des frontières Nord d'Israël. Les missiles “Chihab” de longue distance seront alors capables d'atteindre le cœur des villes israéliennes. En plus de tout cela, l'Iran a également la possibilité d'infliger de grosses pertes aux pays industrialisés s'il décide d'utiliser son pétrole comme arme politique. Dans cette foulée, serait-il préférable voire raisonnable de lui permettre d'utiliser son énergie nucléaire à des fins pacifiques et de contrôler systématiquement son projet ? La réponse est oui, à condition que les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux veuillent éviter un conflit qui a tendance à trop durer. D'autant plus qu'il serta nuisible à tous les belligérants.