Safâa Erruas expose dans le cadre du cycle « Visions plurielles à l'unisson » du Collectif 212 Diplômée de l'Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, Safâa Erruas mêle bravoure et délicatesse pour conquérir l'espace, captivant l'œil et l'esprit par ses compositions d'éléments insolites comme autant d'instantanés d'un monde aussi sensible qu'inquiétant. Portées par la virginité d'une blancheur immaculée, ses installations à l'essence minimaliste font la part belle à la matière mise en scène dans un jeu subtil avec la lumière et ses auras. Depuis le 2 février, l'espace d'art Le Cube du Centre Autrichien de Rabat accueille Safâa Erruas pour “une exposition individuelle qui, dans un lieu pareil, offre une excellente occasion de réaliser une œuvre dans laquelle on pénètre vraiment. Il ne s'agit pas là d'un simple changement d'échelle, mais d'un travail de réinvention de l'espace. L'œuvre présentée porte plusieurs caractéristiques de ses réalisations passées… mais également, le "in situ"." La Gazette du Maroc : Que signifie, dans votre parcours d'artiste, votre implication en tant que membre-fondateur du Collectif 212 ? Safâa Erruas : L'idée du Collectif 212 est d'abord née pour moi d'une volonté de partage. Je connaissais tous les artistes avant et, à chaque fois que je croisais l'un d'eux ici ou ailleurs, j'étais heureuse de constater que nous parlions un même langage, tout en regrettant d'avoir si peu d'opportunités de nous rencontrer. Chacun travaillait dans son coin, en silence, alors que nous avons tous ce besoin d'échanger avec quelqu'un qui a déjà les clés de notre univers. L'autre intérêt majeur du Collectif 212 est de constituer un "pôle" actif et solidaire, à même de se faire entendre pour remédier au manque d'initiatives publiques, d'événements ou de lieux valorisant l'art contemporain au Maroc. Il est important de souligner à ce propos le rôle joué par Le Cube, l'espace mis à notre disposition par le Centre Autrichien d'Information et qui, en accueillant la première apparition du Collectif, concrétise son existence. Tout en sachant que notre démarche est une première au Maroc et qu'il ne faut pas en attendre de bouleversements miraculeux, je pense que c'est une responsabilité à prendre au sérieux afin de mettre sur les rails un modèle qui jusqu'alors nous a toujours manqué. Le Collectif 212 fait référence au Maroc comme plate-forme de création : pour vous qui rayonnez aussi à l'étranger, qu'implique le fait de vivre son art dans le royaume ? Je suis heureuse que le Collectif naisse au Maroc, mon pays d'origine. Mais si c'était au Mali, aux USA ou au Japon, je continuerais toujours à créer des œuvres qui ressemblent à celles que je crée ici. Dans le cadre de cette première exposition collective signant la naissance officielle du Collectif 212, chacun des artistes présente une œuvre d'un format similaire de 30x30 cm. Qu'avez-vous personnellement choisi d'exprimer à travers cette "fenêtre" ? L'idée qui m'est spontanément venue pour cette exposition commune consistait à réaliser une œuvre, une installation représentative de l'esprit général de mon travail. Mais me libérer de toute subjectivité et prendre assez de recul n'a pas été facile, car si bon nombre de mes œuvres sont portées par le même esprit, chacune a toujours sa propre originalité, sa propre force. Lors de cette exposition individuelle qui vous est consacrée depuis le 2 février 2006, nous découvrons plus largement vos dernières réalisations. Sans pour autant tout dévoiler, pouvez-vous déjà évoquer le sens de votre démarche actuelle et comment elle s'inscrit dans votre évolution artistique ? Un espace tel que Le Cube me donne des envies de " l'envahir ". Une exposition individuelle dans un lieu pareil m'offre une excellente occasion de réaliser une œuvre dans laquelle on pénètre vraiment. Il ne s'agit pas là d'un simple changement d'échelle, mais d'un travail de réinvention de l'espace. L'œuvre présentée portera donc certainement plusieurs caractéristiques de mes réalisations passées… mais également, le "in situ". Vernissage de l'exposition de Safâa Erruas le jeudi 2 février 2006 à 18h30 à l'espace d'art " Le Cube ", Centre Autrichien de Rabat, 11 rue Benzerte.