Cour spéciale de justice Après la CNCA, le CIH, la CNSS, pourquoi étouffe-t-on encore le dossier de la B.P ? Y a-t-il encore dans ce pays des personnes qui se considèrent au-dessus de la loi ? C'est l'interrogation qui est posée avec insistance au vu de la succession des affaires scandaleuses au niveau de la Cour spéciale de justice. En effet, après le procès des ex-responsables de la CNCA, c'est au tour de l'Office national du transport et ses fameuses vignettes, comme ce sera le tour de la Régie autonome des transports de Fès et surtout de l'affaire du CIH. Des affaires qui ne sentent pas bon et qui seront suivies inévitablement de l'affaire du siècle par excellence qui n'est autre que celle de la CNSS. Mais de toutes ces affaires, il y en a une qui semble échapper à la vigilance de la justice, alors qu'elle avait tenu en haleine l'opinion publique pendant quelques années. Il s'agit du dossier de la Banque populaire et son ex-président directeur général Abdellatif Laraki. En effet, l'opinion publique ne sait plus à quel niveau se situe ce dossier, surtout après que la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) eut instruit l'affaire et auditionné à cet effet de nombreuses personnes dont l'ex-PDG. Il faut rappeler qu'à la suite de l'enquête préliminaire, le parquet avait décidé, dans le cadre des poursuites, d'interdire à Abdellatif Laraki de quitter le territoire national. Et en dépit des demandes en annulation formulées par sa défense, la décision reste effective à ce jour. Or, cette décision n'a jamais été suivie de ses effets naturels qui sont les poursuites judiciaires. Tout le monde sait que la procédure normale appliquée en pareil cas veut, qu'une fois l'enquête close, la BNPJ est tenue d'envoyer une copie de son rapport au procureur du Roi près la Cour spéciale de justice et d'envoyer le texte original du rapport au Ministère de la justice. Seul le ministre de la justice est habilité à donner ses consignes au parquet pour entamer la procédure de la poursuite. Ce n'est qu'à l'issue de ce parcours que le juge d'instruction est saisi du dossier sur demande du procureur du Roi. Mais dans le dossier de la Banque populaire, il paraît que tous les chemins mènent vers une impasse, puisque la machine a été enrayée quelque part. La Cour spéciale de justice n'a reçu, à ce jour, aucune copie du rapport et le Ministère de la justice n'a entamé, à ce jour, aucune procédure de poursuite. Il est vrai que l'ex-président directeur général de la Banque populaire avait essayé de régler, à l'amiable, ses différends avec l'Office des changes, mais ce règlement n'enlève en rien l'obligation pour le parquet d'instruire l'affaire. Il est vrai aussi que la suspension des poursuites est une prérogative du ministre et le cas échéant le juge d'instruction peut ordonner la clôture du dossier s'il ne peut rassembler les éléments susceptibles d'aboutir à l'accusation. Mais, à notre connaissance, aucun responsable n'a osé jusqu'à présent suspendre les poursuites. Dans ce labyrinthe politico-judiciaire, le dossier de la Banque populaire incite à réaffirmer le sacro-saint principe de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Il faut également rappeler que trois délits sont reprochés à Abdellatif Laraki. Il s'agit d'emprunts illicites, d'utilisation de deniers publics à des fins personnelles et d'utilisation non déclarée de la somme de 650 mille francs français pour règlement d'un litige interne en l'absence de documents.