USFP - PJD Un membre du BP de l'USFP jette un pavé dans la mare : une alliance avec le PJD est plus que nécessaire, elle est vitale ! Recoupement. Encore une fois, ce sont les éventuels rapprochements de l'USFP avec le PJD qui font secouer le landernau politique. Le pavé dans la mare, jeté, début de la semaine dernière, par Mohamed Lemrini, membre du Bureau politique de l'USFP, a ravivé les polémiques, et du coup, mis les alliances pré et post-électorales 2007 sous un autre jour. L'ancien fondateur du groupuscule marxiste-léniniste, “23 mars”, qui a rallié l'USFP juste après son sixième congrès en 2001, n'a pas mâché ses mots : dans une interview accordée à «Attajdid», l'organe proche du PJD, paru le lundi 19 décembre 2005, Lemrini a défendu une alliance tripartite composée des courants islamiste (PJD), libéral (PI) et social-démocrate (USFP). «Seul un bloc historique, cher à Abed Al Jabri –penseur et idéologue de l'USFP dans le temps- peut baliser le chemin à une modernisation de la société marocaine». Ou encore «je le clame haut et fort, une telle alliance est une issue historique. L'expérience turque, en ce sens, est très importante et nous devons, ici au Maroc, l'examiner et en profiter». Tout est dit. La question, incontournable, par la suite : Lemrini parle-t-il en son nom propre ou, au contraire, avance en éclaireur d'une partie de ses compères au sein de la direction ? Certes, l'avocat casablancais n'a cessé de répéter que «ce sont là des propos personnels», il n'en demeure pas moins que d'autres «messages» comme on aime les qualifier dans notre jargon politique, se multiplient et se ressemblent. Déjà LGM a relevé en octobre dernier (voir n° 444) ces signes de décompression entre le PJD et l'USFP. On avait noté, alors, que la question de la fin de «la haine viscérale» entre les deux entités qui a longuement été le signe évident de l'existence d'un clivage à la fois clair et déterminant dans le champ politique marocain, est une question qui mérite d'être posée. Elle n'a rien d'hypothétique, en effet. Tant et si bien que «le flirt» de Mohamed Lemrini s'inscrit dans une conception politique taxée essentiellement d'un ton réconciliateur qui, lui-même, marque les échanges publics entre les deux partis. On s'en souvient encore, Abdelouahed Radi, premier secrétaire adjoint du parti socialiste et président de la première chambre a été l'invité, mardi 25 octobre 2005 de l'émission «Hiwar» sur la TVM. Il n'a pas hésité à dédramatiser la relation conflictuelle de principe entre son parti et le PJD. Le n° 2 de l'USFP n'a pas non plus écarté l'éventualité «des pourparlers après les élections». Banaliser les rapports avec le PJD ? Cette option avait déjà un partisan en la personne de Driss Lachgar. Lui-même membre du Bureau politique de l'USFP, plutôt réputé comme un anti-islamiste intraitable, Lachgar a étonné plusieurs de ses camarades en exprimant la même volonté de conjuguer les stratégies politiques aux termes des alliances. Dans un entretien avec «Al Ousbouya Al Jadida», le chef du groupe socialiste dans la première chambre a déclaré que «tout est possible en politique, et rien n'interdit de côtoyer les islamistes». Au sein du parti, la zizanie bat son plein. «Le 7ème congrès du parti, avec ses recommandations et ses prises de positions, a été des plus clairs», prévient un membre du Conseil national. Et d'ajouter: «le choix, le seul d'ailleurs, est une alliance stratégique avec le PI et le camp moderniste». Selon des observateurs avertis, les récentes sorties et autres messages codés, risquent de brouiller les pistes, et pour l'électorat et pour les militants. Dans un champ politique miné par la désaffection publique, la morosité et le manque de visibilité, il y a fort à parier que les repères se perdent; ce qui «profitera davantage au PJD qu'aux autres formations». A une grande échelle, les alliances, surtout au sein de la majorité, peuvent en payer le prix en terme de stabilité. Déjà, le RNI d'Ahmed Osmane étudie l'éventualité de s'allier avec le PJD. Seul, après l'alliance déclarée entre USFP-PI à laquelle il n'a pas été invité, le RNI croit déceler dans telle alliance une bouée de sauvetage pour, au moins, négocier en position de force. L'USFP, le RNI… A qui le tour ? Une chose est sûre : loin est l'époque où le parti islamiste était «la bête noire» de la politique marocaine. Un changement de taille, à n'en pas douter.