Convergence tourisme-artisanat L'artisanat ne doit plus rester la cinquième roue de la charette du développement touristique au Maroc. Depuis son rattachement au département du tourisme lors du remaniement ministériel de juin 2004, on attendait un plan de convergence pour les deux secteurs. Une année après, Adil Douiri a fini de concocter son schéma gagnant. Tourisme et artisanat. Deux secteurs complémentaires qui ont évolué séparément au Maroc. Le ministère du Tourisme en cherchant à mettre en place une stratégie de convergence pour doper le pays des recettes de ces deux secteurs d'activités, ajoute un nouvel instrument de levier à sa Vision 2010. Cette approche s'appelle "Convergence tourisme-artisanat" : vision et plan d'actions 2005-2006. Cette synergie est fortement évoquée dans la "Vision 2010" durant les Assises de Marrakech en 2001 lorsque le roi mettait en avant la meilleure exploitation des énormes potentialités du produit touristique national, consistant en la richesse du patrimoine culturel et des traditions bien ancrées dans le domaine de l'artisanat. Ce constat royal a trouvé sa concrétisation en juin 2004 lorsque le ministère du Tourisme et celui de l'Artisanat ont été placés sous la même coupole. Quoi de plus normal si on veut tirer les deux secteurs de façon concomitante vers le haut. À cet égard, avait déclaré le roi en 2001 lors du colloque national pour l'élaboration du livre blanc de l'artisanat et des métiers : "notre vœu est que le secteur puisse être un solide levier de la promotion du tourisme, dont le produit ne tire pas aujourd'hui sa valeur de la seule beauté des sites, mais aussi des atouts civilisationnels et culturels où l'artisanat authentique occupe une place de choix". À l'heure actuelle, bien qu'aucune étude n'ait été encore entreprise dans ce sens, le secteur de l'artisanat, selon Adil Diouri, génère bon an mal an entre 1,7 milliard de dirhams et 4 milliards de dirhams. Cette recette moyenne annuelle représente 5 à 10 % des 40 milliards de dirhams que brasse le secteur du tourisme au Maroc. Comparé à l'Espagne dont les statistiques sont connues, le secteur de l'artisanat de ce pays intervient à hauteur de 20 à 30 % dans les recettes totales du tourisme par an. Même les voisins tunisiens réalisent des taux plus élevés que nous. Pourtant, ces derniers ne sont pas producteurs de produits artisanaux, sinon de façon marginale. Ils viennent s'approvisionner au Maroc et en Mauritanie pour "appâter" le touriste étranger. Pourtant le Maroc est un pays où un habitant sur six vit directement ou indirectement de l'activité de l'artisanat. Il suffit donc de placer ce secteur dans une stratégie gagnante, espérons avec Convergence tourisme artisanat, pour subvenir aux besoins de cette frange de la population laborieuse. Un succès dans ce sens est à même capable de drainer tout le secteur de l'artisanat et du tourisme pour entraîner d'autres pôles de croissance dans l'économie du pays. Epauler l'artisanat à tout prix Donner un nouveau souffle aux artisans ne doit pas se limiter seulement à un calcul économique. Le volet social ne doit pas être non plus négligé. Comme l'a souligné Adil Diouri, si l'esprit de "la Convergence tourisme-artisanat" n'a rien à avoir avec la stratégie nationale de l'artisanat, force est de constater que c'est ce programme qui va se pencher sur le volet social (retraite, incapacité maladie…) des travailleurs de ce secteur en leur permettant de pouvoir compter sur des revenus. Cette stratégie nationale de l'artisanat dont les travaux viennent d'être bouclés, livrera dans un futur proche ses conclusions. Si la préservation sociale de l'avenir de l'artisan est importante pour vivifier son œuvre, elle va aussi de pair avec la lutte que les pouvoirs publics doivent mener contre les contrefacteurs. Des pays comme l'Inde, la Chine ou l'Indonésie ne cessent de s'inspirer du patrimoine national pour mettre sur le marché mondial une panoplie de produits imités, souvent de meilleure finition et à des prix plus compétitifs. La réponse à cette entorse est d'implanter des villages d'artisans dans les stations balnéaires dans le cadre du plan Azur. Le schéma d'exploitation retenu est que l'investisseur/propriétaire sera l'exploitant unique du village qui sera un ensemble constitué d'espaces de finition (activités légères non polluantes) et de ventes. De sources autorisées au niveau du ministère de tutelle, les différents partenaires pour la gestion de ces espaces seront choisis dès début 2006. Quant au village-pilote, il sera opérationnel à Tanger vers la deuxième moitié de l'année 2006. Autre chantier destiné à dynamiser le lien entre les différents villages, la création de circuits touristiques pédestres dédiés à l'artisanat dans les principales destinations culturelles comme Fès, Marrakech et Ouarzazate. Le ministère cherche à faire bénéficier l'artisanat de la vision 2010. Aussi, est-il prévu dans le plan d'actions 2005-2006 la création de deux villages, à Bzou et à Demnate, d'artisans opérant dans la production et la vente. L'intégration de ces villages d'artisans dans les circuits touristiques se fera au courant du deuxième semestre de l'année prochaine. Ces deux villages seront particulièrement versés dans l'édition d'outils publi-promotionnels autour de l'artisanat de la région, notamment dans le tissage de Bzou, poterie de Demnate, boissellerie de Tabant… Ceci étant dit, la convergence tourisme-artisanat qui est en train de se mettre en place sera vécue désormais comme une dynamique de développement continu. Car elle permettra de s'appuyer sur l'artisanat pour différencier la destination Maroc.