Nouveaux rebondissements dans l'affaire du CD pornographique d'Agadir L'affaire communément connue sous le nom de " Philippe Servaty " est résolument confiée aux autorités judiciaires belges qui ont ouvert une information judicaire à l'encontre de l'ex-journaliste belge. Le coupable, qui a reconnu publiquement ses crimes, devra répondre des actes comme l'outrage aux bonnes mœurs. Un délit passible d'une peine allant de 8 jours à 6 mois de prison. Drôle de justice belge. Philippe Servaty, le pornographe d'Agadir, vit ses derniers jours de liberté. C'est du moins ce qui ressort des développements qu'a connue l'affaire du de cet ex-journaliste du quotidien belge “Le Soir“, impliqué dans le scandale du CD pornographique qui a secoué la ville d'Agadir. A Bruxelles, où s'est rendu le directeur de la police judiciaire au sein de la DGSN, Mustapha Mouzouni, l'affaire a pris vite une tournure judiciaire proprement belge mettant ainsi fin à l'impunité dont jouissait Philippe Servaty dans son propre pays. La ministre de la Justice belge, Laurette Onkelinx, dans le cadre de la convention d'entraide judiciaire entre les deux pays, a déclenché, via le parquet de Bruxelles, des poursuites judiciaires contre Servaty pour outrage aux bonnes mœurs, traite des êtres humains ou traitement humiliant et dégradant. Cela a été rendu possible grâce à une procédure de dénonciation des faits provoquée finalement par les autorités marocaines auprès de leurs homologues belges. Des mesures ont été prises effectivement dans ce sens, avait noté le ministre de l'Intérieur marocain, Mustapha Sahel, au Parlement, pour permettre à la justice belge de se saisir, preuves à l'appui, de l'affaire du pornographe bruxellois, notamment le CD contenant les photos obscènes des filles, les dossiers juridiques ainsi que les aveux des 13 filles jugées et incarcérées à Agadir, pour l'instruire et juger de la culpabilité avérée de l'ex-journaliste belge. Celui qui ne dément pas d'ailleurs son implication dans ce scandale en reconnaissant, dans une déclaration devant les caméras de la première chaîne de télévision belge, la RTBF, avoir abusé personnellement des filles pour cause, dit-il, de problèmes sexuels. Pris à son propre piège, Philippe Servaty, confie-t-il à la presse belge, se trouve à présent face au mur. Extraits : " je suis malade et je suis actuellement un traitement médical (….). Je n'ai rien contre l'Islam, c'est le plaisir sexuel seulement qui me guidait vers des femmes voilées (…). Je reçois des menaces de mort par courrier ou par téléphone (…). Je me tiens à l'entière disposition de la justice belge…". Et d'ajouter pour enfoncer davantage les autorités judiciaires marocaines : " j'ai été bel et bien arrêté par la police d'Agadir en 2004. Les policiers ont pris mon portable et c'est à partir de mon répertoire qu'ils ont identifié et arrêté certaines filles. Ils m'ont ensuite invité à quitter le pays et à ne plus y remettre les pieds ". Du coup, les esprits, loin de se calmer en Belgique comme au Maroc, se chauffent plus que de mesure. Les pressions des parlementaires, de la société civile, de la communauté marocaine nombreuse à Bruxelles, des avocats, sans oublier bien évidemment les journalistes belges qui ont fait un tapage médiatique sans précédent relatant ainsi les mésaventures de leur ex-collègue, se sont accentuées ces derniers jours pour pousser les autorités belges à boucler Philippe Servaty. Ce qui ne tardera pas à venir. L'affaire s'est gâtée au point de prendre une dimension et une allure d'affaire d'Etat. Après quelques semaines "d'attentisme", la machine judiciaire belge, appuyée par les collectifs de solidarité, s'emballe. Tout se fait à présent en parfaite concertation entre les autorités belges et leurs homologues marocains pour faire aboutir les poursuites judiciaires qu'entendent déclencher la justice belge à l'encontre de Servaty. Depuis la semaine dernière, un mandat d'arrêt international a été lancé par le parquet de la ville d'Agadir. Cette décision intervient suite aux plaintes déposées par plusieurs familles de victimes emprisonnées à Agadir. Ces dernières ( elles sont quatre filles parmi 13 ) ont été aussitôt interrogées par le parquet de la ville dans leurs cellules à la prison d'Aït Melloul. Le déclenchement des poursuites intervient également à la suite de la visite d'une délégation belge, composée d'une députée bruxelloise socialiste, Fatiha Saïdi (lire entretien ci-dessus), quelques journalistes et un avocat, qui s'est rendue dans la capitale du Souss pour y rencontrer les familles des victimes de Servaty. Durant son séjour à Agadir, la délégation a tenu plusieurs réunions avec les différentes associations de la défense des droits de la femme, les avocats chargés des dossiers des 13 femmes abusées ainsi que les parents des victimes. Faute de pouvoir obtenir son extradition au Maroc, les familles des victimes ont mandaté un avocat belge, Me Redwane Mettioi, pour mettre en marche l'action publique (avec constitution de partie civile) pour traitements inhumains et dégradants, surtout que les victimes du touriste belge jugées dans le cadre de cette affaire, ne sont pas toutes des prostituées. Celles-ci ont été jugées selon la loi marocaine qui stipule que : "sont punies d'emprisonnement d'un mois à un an de prison, toutes personnes de sexe différent, qui n'étant pas unies par le lien du mariage, ont entre elles des relations sexuelles". Au jour d'aujourd'hui, on en est là. Philippe Servaty, le malade sexuel ( faut-il encore le prouver ) tire ses derniers cartouches et invoque des circonstances atténuantes ( la maladie ) pour trouver une issue favorable à son procès. De l'autre côté, les autorités judiciaires belges, le juge Daniel Fransen, déploient toute leur énergie pour prouver qu'il y a eu bel et bien outrage aux mœurs dans cette affaire. Et si c'est le cas, admet le parquet de Bruxelles, Servaty n'est passible que d'une peine allant de 8 jours à 6 mois de prison ferme !!!