Les familles des jeunes filles emprisonnées dans le cadre de l'affaire Philippe Servaty à Agadir gardent espoir. Elles viennent de créer l'association «Anaruz» (espoir) pour le soutien des femmes victimes de l'exclusion et de l'intolérance. L'affaire d'Agadir n'a pas encore livré tous ses secrets. Si 13 jeunes filles sont actuellement condamnées à des peines d'emprisonnement allant de 6 mois à une année, 67 autres sont toujours recherchées. «Certaines d'entre elles ont même pris la poudre d'escampette depuis l'éclatement de cette affaire. Le malheureux dans cette histoire est qu'aujourd'hui des familles se retrouvent sans ressources financières. C'est le cas notamment d'une jeune fille qui a disparu et laissé sa mère, une femme âgée, mendier pour faire vivre ses petits frères», précise Abderrahman El-Yazidi, président de l'association «Anaruz» pour le soutien des femmes victimes de l'exclusion et de l'intolérance. «Anaruz» est l'espoir en amazigh. C'est une nouvelle association qui a vu le jour, samedi dernier, à Agadir pour soutenir les familles des jeunes filles impliquées dans le désormais célèbre procès de Philippe Servaty. «Jusqu'à aujourd'hui, 9 plaintes sont déposées au parquet général contre le journaliste belge Philippe Servaty. Il faut noter que nous avons constitué cette association non seulement pour cette affaire, mais également pour les autres procès de même genre. Il y a tout juste deux mois, deux jeunes filles marocaines, à Oujda, ont été condamnées à deux mois de prison pour implication dans une histoire de photos pornographiques sur CD. Pourquoi donc deux mois pour celles-là et une année pour celles d'Agadir ? », s'interroge Abderrahman El-Yazidi. Et d'ajouter : «Des témoignages de certains proches de ces jeunes femmes ont révélé les conditions injustes dans lesquelles ces jeunes filles ont été condamnées. Des jugements ont été prononcés en cinq minutes, des procès sans présence d'avocats…». Sur la même longueur d'onde, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a adressé récemment une lettre au journal belge «Le Soir» où elle exprime sa «solidarité avec les victimes de Philippe Servaty et revendique leur droit à un procès équitable». En fait, cette lettre est une réponse aux déclarations du représentant de l'AMDH dans la région d'Agadir, faites aux journalistes belges et au députée bruxelloise d'origine marocaine, Fatiha Sâidi. « M. Benmanzhar, un représentant de l'AMDH nous précise d'emblée que l'organisation n'est pas intervenue car le procès et le jugement rendus étaient équitables, dans le cadre de la justice marocaine : «Toutes les procédures ont été respectées et nous n'avions rien à reprocher à la justice marocaine», relève-t-on dans le rapport qu'a rédigé Fatiha Sâidi, suite à sa visite à Agadir. Si l'association «Anaruz» pour le soutien des femmes victimes de l'exclusion et de l'intolérance tente de rendre de l'espoir aux familles, des politiques belges sont allés plus loin. Selon «La Dernière Heure», un journal belge, quatre femmes ont remis la semaine dernière à l'ambassade du Maroc une lettre demandant la grâce royale pour les victimes. «L'associatif fait son boulot, mais il est important qu'il y ait aussi une action politique en faveur de ces pauvres femmes. Nous ne sommes pas là pour porter un jugement de valeur sur le système marocain. Nous voulons juste insister sur le fait que ces treize femmes sont des victimes. Elles ne méritent pas cela», avait déclaré Talbia Belhouari, du parti socialiste. L'affaire d'Agadir promet de nouveaux rebondissements.