Mr. Haydon Warren Gash, ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc La célébration de l'anniversaire de Sa Majesté la Reine de Grande Bretagne a été une occasion pour réaliser une interview avec l'ambassadeur britannique au Maroc afin de dresser un bilan sur les relations maroco-britannaiques aux niveaux économique, politique, et culturel. Mr. Haydon Warren Gash qui a terminé sa mission au Maroc après avoir fêté cet anniversaire avec les hautes personnalités marocaines et les chefs des missions diplomatiques étrangères à Rabat a considéré que les relations bilatérales sont excellentes. La Gazette du Maroc : les relations maroco-britanniques ont connu de grands changements aux niveaux politique, économique, militaire et culturel, comment évaluez-vous le bilan des dernières années? Mr. Haydon Warren Gash : d'une façon très positive. Après presque un siècle d'absence relative, nos relations bilatérales ont repris leur vigueur et leur dynamisme. Nos relations politiques sont désormais excellentes. Des visites de très haut niveau se sont multipliées de part et d'autre et nous sommes devenus, de plus en plus, de vrais partenaires dans tous les domaines. S'il m'est permis une pensée personnelle, je quitte le Maroc, un pays où nous avons été toujours accueillis avec chaleur et amitié, avec de vifs regrets personnels, mais aussi avec d'excellents souvenirs. Nous avons passé, mon épouse Caroline et moi, trois heureuses années ici, un pays qui m'a surtout marqué par la beauté et la diversité de sa nature, son énorme potentiel en ressources humaines, et sa détermination à mettre en œuvre un ambitieux programme de démocratisation et de réformes tous azimuts. Sur le plan professionnel, j'ai eu la chance d'être le témoin du lancement de plusieurs grands projets de changement et de modernisation uniques dans la région. Les efforts entrepris en matière des droits humains et le nouveau Code de la famille en sont deux illustrations. Le Royaume-Uni salue les profondes réformes que le Maroc est en train de mettre en œuvre. Là où le Royaume-Uni peut aider dans ce processus, nous y sommes tout à fait disposés. Les deux royaumes sont désormais dans une dynamique de consolidation d'un véritable partenariat politique et économique basé comme il se doit sur un intérêt stratégique partagé. Qu'en est-il des échanges commerciaux entre les deux Royaumes ? Plutôt positifs. Nos échanges commerciaux ont considérablement évolué au cours de la dernière décennie. Aujourd'hui, le Royaume-Uni figure parmi les cinq premiers partenaires du Maroc. Le Royaume-Uni est le troisième marché d'exportation pour le Maroc. Le Maroc exporte plus que l'Egypte vers le Royaume-Uni. Nos échanges en 2004 ont dépassé 861.2 millions de livres sterling (13.7 milliards de dirhams). Nous avons inauguré de nouveaux locaux pour notre Consulat général à Casablanca, notre principale mission commerciale au Maroc. Le nombre de touristes britanniques augmente sensiblement d'année en année. Nos investissements restent importants, surtout dans le textile. De nos jours, quelque 30 000 Marocains sont employés dans 150 usines qui travaillent directement pour l'industrie du textile britannique. Cependant, il reste beaucoup à faire. Il faut mettre la barre très haut. L'évolution doit se poursuivre. J'émets le vœu que le Maroc à travers les réformes déjà entamées dans les domaines de la transparence et de la justice commerciale, devienne un centre irrésistible pour les investisseurs britanniques de demain. Voilà un défi pour mon successeur. Quel est l'impact de la création du conseil maroco-britannique des hommes d'affaires sur la promotion de l'investissement du secteur privé dans les deux pays ? Je ne peux que féliciter les hommes - et femmes- d'affaires qui ont tant donné pour faire du Conseil maroco-britannique des affaires un outil indispensable dans nos échanges commerciaux. Les résultats sont déjà en évidence dans le textile et les produits agricoles. Je voudrais en même temps rendre hommage au dynamisme et à l'esprit d'entreprise de la chambre de commerce britannique à Casablanca. Les immigrés marocains dans les pays de l'Union européenne ont connu des problèmes d'intégration, comment la Grande Bretagne traite-t-elle ce dossier? Toute l'histoire de la Grande Bretagne est une histoire d'immigration. Nous sommes d'autant plus riches du fait d'avoir bénéficié de talents de tous bords qui sont arrivés chez nous à travers les siècles. Or, pour nous comme pour nos voisins européens, l'immigration est un dossier hautement sensible aujourd'hui. Mais nous le traitons du point de vue d'une société où la diversité culturelle et notre caractère muti-ethnique sont déjà des acquis. Que pensez-vous de la politique de voisinage de l'Union européenne et de son influence sur les pays du Maghreb arabe? Le Royaume-Uni a toujours été parmi les champions les plus engagés de cette politique de voisinage. Il n' y a pas de secret, ce dossier est au cœur de l'évolution future des relations entre le Maghreb et l'UE et nous le prenons très au sérieux. Sous la présidence britannique qui commence en juillet, le Royaume-Uni jouera pleinement son rôle dans les débats d'actualité au sein de l'UE y compris les questions relatives aux partenaires européens de la rive sud de la Méditerranée tel que le Maroc. Le 10ème anniversaire du processus de Barcelone sera un événement majeur de notre présidence. Un dernier mot sur la candidature de Londres pour les Jeux Olympiques de 2012 ? Nous nous trouvons actuellement dans la dernière ligne droite avant le vote qui désignera la ville hôte de 2012. Nous sommes très satisfaits du rapport de la Commission d'évaluation du CIO qui a relevé la "très haute qualité" de la candidature londonienne qui bénéficie d'ailleurs du soutien inconditionnel du gouvernement britannique, ainsi que de l'appui enthousiaste de tous les partis politiques. Vous connaissez mieux que moi les atouts des candidats en lice, je vous dis "que le meilleur gagne" tout en étant persuadé que l'offre londonienne est exceptionnelle.