Entretien avec Fereshteh Taepour , productrice iranienne La révolution islamique en 1979 n'a pas empêché le cinéma iranien de se développer et même de réaliser des centaines de courts métrages et de recevoir des grands prix dans les festivals du cinéma à Cannes, Clermont-Ferrand et d'autres. On peut citer pour mémoire “pour Vivre dans le vent“ , “Le Tableau noir” de Samira Makhmalbaf, “Un temps pour l'ivresse des chevaux“ , “Les Chants du pays de ma mère“ et d'autres films qui ont attiré l'attention des grands cinéastes américains et européens . L'Ambassade de la République Islamique d'Iran à Rabat a ouvert la semaine dernière les portes de son nouveau siège pour la première fois au public afin de lui permettre de découvrir le film iranien. La Gazette du Maroc a eu l'occasion de rencontrer la productrice iranienne Fereshteh Taepour qui nous a livré cette interview où elle raconte son nouveau film “la couleur du paradis“, et ses ambitions de développer la coopération entre l'Iran et le Maroc dans le domaine du cinéma. La Gazette du Maroc : quel est l'apport de votre film “la couleur du paradis“ au cinéma iranien ? Fereshteh Taepour : la couleur du paradis est l'un des meilleurs films iraniens produits à ce jour, de même qu'il est typique de l'industrie cinématographique iranienne. Traitant de sujets humanitaires , d'humeur et d'humour, le “making of“ du film démontre aussi comment le cinéma iranien reproduit à l'écran les vraies choses de la vie, sans retouches ! Il s'agit donc d'un cinéma réaliste. L.G.M : quels sont les thèmes traités par le cinéma iranien ? F. T. : généralement, dans le monde du cinéma, il y a une vision commune du monde qui fait que tous les cinématographes appartiennent à ce que l'on pourrait appeler “terra cinéma“. C'est ce même message qui est disséminé à travers le cinéma iranien , un message de paix pour l'humanité tout entière , sans limites ni frontières. Bien sûr, il y a de temps à autres quelques contraintes d'ordre politique qui troublent cette harmonie relationnelle entre notre cinéma et celui d'autres pays, néanmoins , il n'y a point de confusion car la politique s'arrête là où l'art commence. L.G.M : existe-il une coopération entre le cinéma marocain et le vôtre ? F. T. : j'ai eu des bons contacts au niveau des responsables et autres syndicalistes de la production cinématographique marocaine. J'ai visité des studios, des laboratoires, je suis allée à Casa, où j'ai visité de grandes salles de cinéma, vraiment impressionnantes. J'ai aussi rencontré des réalisateurs, des scénaristes, des directeurs de production. Aussi, je souhaite sincèrement avoir l'opportunité de travailler avec mes confrères marocains dans le domaine de la coproduction . Je suis régulièrement les tournages des grosses maisons de production internationale au Maroc, et je me rends compte que les résultats sont très satisfaisants. Autant unir nos efforts pour réaliser conjointement de grands films, le Maroc jouit aujourd'hui de magnifiques paysages et les compétences ne manquent pas des deux cotés , alors pourquoi ne pas collaborer ensemble. Je dois ajouter aussi que j'ai effectué une agréable visite à votre deuxième chaîne nationale, où j'ai rencontré le directeur de la programmation. J'y ai aussi appris que des films iraniens ont été diffusés sur cette chaîne, j'espère que cela continuera . L.G.M : que pensez-vous du cinéma marocain ? F. T. : vous savez , je ne suis pas très informée sur le cinéma marocain et sa réelle importance, mais ce dont je suis sûre c'est de la richesse de la culture marocaine. L'abondance de sujets à traiter sur scène permet au Maroc d'établir sa propre production cinématographique nationale. J'ai entendu dire que la production marocaine se limite à 6 ou 7 films par an. Dans mon pays ce chiffre est multiplié par dix . J'espère donc que nos confrères marocains vont faire le nécessaire pour améliorer la qualité et la quantité de films produits par an, et notre aide leur est d'ores et déjà accordée pour des coproductions ou autre.