Tourisme scandinave Des baisses de plus de 60 % des flux touristiques émanant des pays scandinaves vers la destination Maroc auraient dû inciter les opérateurs marocains à se mobiliser pour récupérer les parts de marché perdues. Mais tout indique le contraire, comme s'il s'agissait d'un marché secondaire. Explications. Les pays scandinaves (Suède, Norvège et Danemark), plus la Finlande, constituent un réservoir de touristes que toutes les destinations concurrentes n'ont pas manqué de cibler, et auprès desquelles elles ont fait des efforts de promotion, en vue d'attirer ce flux touristique vers leur pays. Car il s'agit d'un marché bien structuré et dont les touristes sont reconnus parmi les plus dépensiers de l'Europe. En effet, plus de 90 % des séjours à l'étranger sont organisés et commercialisés par trois tours opérateurs (T.O.), en l'occurrence le groupe britannique Airtour, le groupe allemand TUI et le conglomérat suisse-allemand Kuoni. Cette concentration s'est certes soldée par une implicite entente sur les prix des packages offerts, mais elle a par ailleurs permis de mettre fin à la guerre des tarifs ayant par le passé dominé dans le secteur des voyages. Le potentiel de ce qu'on appelle communément les pays nordiques est évalué à 10 millions de touristes et 25 millions de voyages à l'étranger. Soit un taux de départ de plus de 80 % de la population scandinave. Les pays visités sont l'Indonésie, le Brésil, Chypre, la Tunisie, la République Dominicaine, l'Egypte, Israël, le Kenya, le Portugal, l'Espagne (Costa del Sol et Iles Canaries), la Thaïlande, la Floride et la Tanzanie. Quant aux motivations du touriste scandinave, celui-ci cherche d'abord le soleil et l'exotisme, d'où la prédominance du balnéaire, du culturel et du sport (golf). Les saisons de départ en vacances sont l'hiver et l'été.Pour leurs voyages à l'étranger, le transport aérien représente à plus de 90 % les moyens utilisés, dont 90 % en charter et 10 % en régulier. La destination Maroc, malgré sa présence dans le marché scandinave par le biais de la délégation de l'ONMT à Stockholm, n'arrive pas à drainer 1 % des flux touristiques émanant des quatre pays nordiques. Le seuil des 100.000 touristes n'est toujours pas atteint. Selon les statistiques disponibles à ce jour, émanant du département du tourisme, les arrivées en provenance de ce marché ont été de 79.308 touristes en 1999, 77.935 en 2000 et 71.801 en 2001. Quant aux nuitées, celles-ci étaient respectivement de 482.807, 449.989 et 371.696. Une vraie tendance à la baisse qui est donc antérieure aux attentats du 11 septembre 2001. Certes, ces attentats ont eu des effets sur les flux touristiques, mais peut-on se contenter de ce constat pour ne point agir en vue d'atténuer leurs supposés effets ? Les résultats du 1er trimestre de l'année en cours sont, à cet égard, catastrophiques. Ainsi, la Suède affiche une baisse de ses flux vers le Maroc de 68,9 %, le Danemark 67,7 %, la Finlande 36,6 % et la Norvège 70,8 %. Le mois d'avril, dont les résultats ne sont pas encore communiqués, n'est aucunement épargné par la baisse, sachant que la saison hiver se termine début mai. Agadir, qui est le produit le plus prisé par les Scandinaves (90 % des nuitées réalisées), semble ne point être concerné par les pertes de parts de marché, rien n'étant prévu par les opérateurs de la station balnéaire du Sud pour atténuer cette tendance à la baisse qui ne fait que s'accélérer. Que font donc le GRIT, les associations professionnelles et l'ONMT, qui ont annoncé comme objectif pour l'année 2002 un total de 83.000 touristes scandinaves ? Ne sait-on pas que la magie du verbe est toujours contredite par la réalité ? Celle de la Scandinavie mérite action et réflexion.