Une belle œuvre picturale derrière cet artiste à la bonhomie certaine. Une œuvre faite d'audace et d'introspection. Une oeuvre pleine par des temps creux. D'abord un merci à Saïd Tlemçani, heureux propriétaire de la Galerie d'art au 9. Puis un grand soulagement devant une œuvre qui a su se faire un nom. Tibari Kantour est un artiste complet dont la complexité charme autant qu'elle déconcerte. Dans une œuvre maîtrisée, il y a peu de place aux fioritures. C'est que Tibari est de ceux pour qui la peinture est une ascèse, peut-être à l'image d'un haut lieu cher à son cœur où il a élu son gîte loin du brouhaha de la plèbe beuglante. Une exigence qui en dit long sur l'apport extrait de soi et qui nourrit l'être. Parce que pour Tibari, la peinture, couleurs et formes, nuances et prolongements de soi au-delà de la toile et son support, ne sont qu'une esquisse de ce quelque chose de plus lointain, qui est l'essence même de l'art. Il ne se fait aucune illusion sur l'aboutissement de soi. Il sait que sur le cadran d'une oeuvre, la part réservée au hasard est tout aussi frêle que celle des exactitudes. C'est là l'une des particularités de cette peinture aux nombreuses déclinaisons. À la fois proche de son monde et surélevée comme si l'exigence du réel n'avait aucune prise sur le geste du peintre. Située dans une sphère où la couleur impose ses choix, délimite ses combinaisons et offre au regard une réflexion sur le vivant, la matière et le sens de la création, la peinture de Kantour est une passerelle vers soi. Nous sommes très loin du savoir-faire qui offre la technique dénuée de substance. Chez cet artiste, c'est d'abord avec les tripes que l'on fait de la couleur, que l'on façonne le monde, c'est avec le cœur que l'on dit le non-dit.