Privatisation de la Surac et de la Sunabel La privatisation poursuit son petit bonhomme de chemin, à la fois pour combler le déficit budgétaire et financer le fonds Hassan II. Avec la Sunabel et la Surac, dont l'appel d'offres est ouvert dès ce lundi 3 juin, l'Etat compte tirer au minimum un pactole de 1,62 milliard de DH sur les 90% du capital qui seront cédés. En attendant, le secteur n'est pas encore libéralisé. C'est parti pour une nouvelle phase du processus de libéralisation. Elle concerne deux des quatre compagnies sucrières que contrôle encore l'Etat. Sur le bureau de Najib Hajoui, à la tête de la direction de la privatisation, se trouvent depuis longtemps les notes de présentation relatives aux deux sociétés que sont la Surac et la Sunabel. Cependant, c'est à partir de ce 3 juin que l'appel d'offres est lancé. “Pour la première, c'est-à-dire la Surac, l'Etat compte tirer la somme de 900 millions de DH, en cédant 90% du capital”, affirme M. Biyed, de la direction de la privatisation, en charge des dossiers des sucreries. En effet, l'entreprise a été évaluée à 1 milliard de DH. Quant à la seconde, “elle devrait permettre au Trésor public d'encaisser, au minimum, la somme de 720 millions de DH”, en cédant la même proportion (90%) du capital. Donc, au total, l'Etat espère engranger la somme minimale de 1,62 milliard de DH. Les enchères peuvent toutefois monter si la baraka est encore au rendez-vous, comme ce fut le cas lors de la cession de la seconde licence, ou encore de la privatisation de Maroc Telecom. Cependant, la situation est bien différente et les chances de voir les repreneurs potentiels renchérir leurs offres sont maigres. Autant la réforme des télécommunications a été une réussite, autant celle du secteur du sucre est lente et longue. Face à la Cosumar, la concurrence des autres sociétés étatiques est très faible. La Sunabel détient, selon les chiffres de l'année 2000 fournis dans la note de présentation, 9,23% de parts de marché. En 1997, année de la privatisation de la Cosumar, ses ventes ne représentaient que 5,5% du marché. La compagnie a donc profité d'un secteur en pleine croissance et a pu grignoter sur le marché des autres. Elle regroupe quatre unités de production qui tournent entre 63 et 83% de leur capacité totale. Elle pourrait, selon la note de présentation, produire quelque 40.000 tonnes de sucre supplémentaires. Le repreneur devra donc engager de nouveaux investissements s'il veut développer son activité de manière conséquente. D'autant que les installations, datant de 1963, 1968 et 1975 nécessitent d'importantes charges d'entretien. Or, dans le contexte actuel, aucun nouvel investissement ne pourrait se révéler rentable. Par ailleurs, les charges plombent le résultat de la société. Car, pour un chiffre d'affaires de 741 millions de DH, elle n'enregistre qu'un maigre résultat de 21,5 millions de DH. Il va sans dire que, dans de telles conditions, et sans réaménagement du système d'encadrement des prix, le délai de retour sur investissement risque d'être très long. La Surac regroupe trois usines, dont deux dans le Gharb (à Mechraa Bel Ksiri et Ksibia) et une dans le Loukkos (El Ouamra), qui produisent du sucre à partir de la canne. Ses installations plus récentes que celles de la Sunabel la mettent dans une meilleure posture. Elle réalise un chiffre d'affaires de 750 millions de DH, d'où elle tire un résultat net de 51 millions de DH. Sa part de marché est de 13,87%. Mais, analysées sous l'angle des parts dans le marché global, les performances de ces deux compagnies risquent d'être un miroir aux alouettes. N'étant présentes que sur le segment du sucre en poudre, et cherchant leurs marques dans celui du sucre en morceau, la Surac et la Sunabel voient passer sous leur nez l'énorme potentiel du marché des pains de sucre, qui représente 410.000 tonnes (chiffres de 2000), soit 42% du total de la consommation de l'année concernée. Ce marché est contrôlé exclusivement par la Cosumar et les machines de production de pains de sucre ne sont plus disponibles sur le marché. Le monopole restera donc entre les mains de cette filiale de l'ONA. Certes, l'équipe de Fathallah Oualalou a fait ses preuves dans le domaine du marketing financier. C'est même lorsqu'on s'y attend le moins qu'elle réalise des prouesses. La cession des 35% du capital de Maroc Telecom et la vente de la seconde licence ont été des réussites totales. Mais il existe des différences de taille. Et les plaintes répétées de l'ONA concernant les difficultés rencontrées dans la gestion de la Cosumar, leader national du marché du sucre, feront réfléchir les acheteurs potentiels