Entretien avec Me Khalid Sefiani, avocat dans l'affaire Lâafoura-Slimani Me Khalid Sefiani, avocat de la défense dans l'affaire Laâfoura-Slimani, est catégorique sur le non-fondé des poursuites pénales engagées contre certains prévenus. Il se dit optimiste quant au déroulement des audiences et espère un procès juste et équitable. Entretien. La Gazette du Maroc : quelle lecture faites-vous du déroulement du procès Laâfoura-Slimani ? Me Khalid Sefiani : Pour l'instant, je pense que les choses vont de mieux en mieux depuis que le dossier a été transmis aux magistrats de la chambre criminelle de la Cour d'Appel de Casablanca. Nous avons cherché, en quelque sorte, à dépolitiser l'affaire et à mettre les faits incriminés dans leur véritable contexte pour espérer un procès juste et équitable pour l'ensemble des prévenus impliqués dans cette affaire. Pour le moment, rien n'a encore été fait puisque nous sommes au tout début d'un procès très compliqué qui nécessite du temps pour que les magistrats de la chambre criminelle puissent bien étudier, d'une manière très objective, le rapport de l'instruction et les PV de la police judiciaire pour voir plus clair dans l'implication des uns et des autres dans cette affaire. Nous sommes à notre deuxième audience, et les magistrats ont déjà fait preuve de compréhension pour finalement accepter quelque-unes de nos requêtes comme la convocation d'autres témoins clés dans ce dossier et la nécessité de ramener les originaux des documents présentés par le parquet. On vous a pourtant refusé la liberté provisoire que vous avez tant réclamée pour quelques prévenus… Si nous avons été déboutés de notre requête, c'est tout simplement parce que, à mon avis, les magistrats n'ont pas encore examiné les dessous de l'affaire. Le dossier est très complexe, comme je vous l'ai dit, pour aboutir vite et permettre aux prévenus de recouvrer leur liberté. Toutefois, dans ce genre d'affaires qu'on présente comme étant des scandales financiers, la liberté provisoire, comme le stipule le nouveau code de procédure pénal, est la règle et la détention préventive n'est que l'exception. Nous continuerons à réitérer nos requêtes dans ce sens et nous avancerons au fur et à mesure tous les arguments nécessaires pour prouver l'innocence de certains prévenus. Dans le cas de mon client, Driss Almou, il a été mis sous écrou depuis plus d'une année, sans qu'aucune preuve tangible et concrète ne soit retenue contre lui. Tout ce qu'on lui reproche est basé sur des mensonges et sur des PV de police qui n'ont aucun fondement juridique. Et pourtant il est accusé de dilapidation de deniers publics et complicité ? Il n'y a rien de tout cela. Comme plusieurs prévenus, mon client n'a détourné et n'a dilapidé aucun centime de l'argent public. Pressé par le temps, le juge d'instruction s'est précipité peut-être pour tirer ce genre de conclusions. Sur quoi repose aujourd'hui le parquet dans ses poursuites engagées contre votre client ? Justement, c'est là où le bât blesse. Tout a démarré sur la base d'une soi-disante plainte déposée par un entrepreneur Suisse du nom de Jean Victor Lovat, en fuite à l'étranger, avant même l'éclatement de l'affaire. Celui qui devrait être incarcéré et jugé dans le cadre même de cette fausse affaire. C'est une première en son genre dans les annales de la Justice marocaine. Un individu, de surcroît étranger, dépose une plainte, fuit à l'étranger, par je ne sais quel moyen, s'est constitué partie civile dans la même affaire dont il est le personnage-clé. Celle-là, il faut le faire… Espérez-vous obtenir l'acquittement de certains prévenus impliqués dans ce dossier ? Nous sommes optimistes et nous gardons toutes les chances de notre côté pour espérer l'acquittement, du moins provisoire, pour certains prévenus. Nous avons présenté toutes les garanties, aussi morales que financières, pour faire pencher la balance de notre côté. À mon avis, c'est une question de temps. L'affaire est complexe et les prévenus ne peuvent pas rester emprisonnés tout le temps que nécessite ce procès, sans toutefois bénéficier de la mesure de liberté provisoire que leur garantit la loi.