Personne ne doute que les Iraniens tentent de se doter d'une capacité nucléaire. Les Américains ont raison sur ce point. En tant que citoyens arabes dans ce Moyen-Orient explosif, nous préférons vivre dans une région où le nucléaire n'a pas de place. Mais si Israël possède ce genre d'armes, à côté un gouvernement extrémiste comme celui d'Ariel Sharon, chaque pays de cette région aura alors droit de faire la même chose. Sinon, chaque gouvernement sera accusé de ne pas défendre son peuple. Nous aurons souhaité que les Etats-Unis exercent leurs pressions sur tout le monde, sans exception, afin de rendre le Moyen-Orient un espace vidé des armes nucléaires. Nous aimerions voir la première puissance mondiale le faire avec la même détermination actuelle, visant à interdire l'Iran d'achever son programme nucléaire. Ce malgré les justifications émanant de cette dernière, affirmant que l'objectif de cette acquisition est à caractère pacifique. Dans l'affaire iranienne et son programme nucléaire, l'opinion publique croit aux paroles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de Vienne, ainsi qu'aux propos de son président, Mohamed Baradei. Beaucoup plus que ceux de Téhéran ou Washington. Dans ce contexte, force est de souligner que ce qui affaiblit la crédibilité des Etats-Unis, malgré les incertitudes qui dominent les rapports des Iraniens, c'est que la campagne américaine est mise en place de A à Z par les néo-conservateurs, partisans de l'Etat hébreu. Rappelons que l'AIEA, et non les services américains, a obligé le gouvernement iranien à lui livrer un document datant de 1987 où il est écrit que le savant pakistanais, Abdel Kadir Khan, a proposé un marché nucléaire de plusieurs dizaines de millions de $. Téhéran dit que l'offre était réelle, mais elle n‘a rien acheté. Cependant, l'AIEA affirme, par contre, qu'elle a acquis une partie de cette marchandise. Et qu'elle a les preuves que les deux parties se sont réunies à Dubaï. D'autant plus qu'elle possède les noms des intermédiaires et même des vendeurs et acheteurs venus de Malaisie et d'Allemagne. Tout cela est déjà connu. Néanmoins, les experts de l'Agence n'ont pas trouvé jusqu'ici une preuve tangible quant à l'existence d'un véritable programme nucléaire iranien. De ce fait, elle demande en permanence que Téhéran réponde aux interrogations posées depuis des mois. De plus, elle exige que celle-ci lui transmette des documents supplémentaires. Les Etats-Unis sont contrariés d'entendre Mohamed Baradei dire que son agence ne possède pas une preuve accablante contre l'Iran. C'est pour cette raison qu'ils refusent de cautionner son troisième mandat. Les néo-conservateurs ont déjà mis leur machine médiatique en marche afin d'écarter le président de l'AIEA en juin prochain. Et, ramener une personne qui jouera leur jeu dans l'affaire iranienne. Lors de sa dernière tournée européenne, le président, George Bush, a laissé aux Européens le choix de tendre la carotte à l'Iran. Le président américain est conscient que le dialogue, en novembre dernier, entre les deux parties a abouti à freiner le travail dans les centres nucléaires iraniens. Ce qui a contrecarré, dit-on à Bruxelles, l'éventualité d'arriver à la production d'une bombe atomique. Si le désaccord ou l'accord avec l'Europe reste à éclaircir, le différend reste cependant de mise entre Moscou et Washington sur ce point. La preuve, le lendemain de la rencontre Bush-Poutine à Bratislava, la Russie et l'Iran ont signé un accord en vertu duquel le premier Etat fournit au deuxième le carburant nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires de Boushar. Nous espérons que les Américains vont jusqu'à vider le Moyen-Orient du nucléaire. A ce moment, les populations arabes se rangeront aux côtés de Washington. Mais, appliquer les règles à l'Iran et laisser les armes de destruction massive aux mains d'Israël qui ne fera qu'avancer la région un peu plus au du bord du gouffre.