Macron au Maroc : soutien réaffirmé à la marocanité du Sahara dans un discours historique    Laftit: La sécurité et la question migratoire au coeur de la coopération Maroc-France    Regards des médias français sur la symbolique de la visite d'Etat du président Macron au Maroc    Marrakech Airshow 2024: signature de deux accords de coopération dans le domaine militaire    Marrakech Airshow 2024: Signature de deux accords de coopération dans le domaine militaire    Emmanuel Macron: Les investissements français se poursuivront et au Sahara aussi    Imperium passe à la loupe les chiffres-clés de la presse pour septembre 2024    OCP Nutricrops, l'UM6P, Intercéréales-France et Arvalis s'allient pour le développement de l'innovation dans le domaine agricole    Entretien. Adil Lahyane :"Offrir une banque accessible, fluide et personnalisée est notre engagement"    Les entreprises françaises visent désormais à investir dans le Sahara marocain    Marché des capitaux: L'AMMC et l'AMF renforcent leur coopération    AXA et ATTADAMOUNE unissent leurs efforts pour soutenir les micro-entrepreneurs au Maroc    Inondations en Espagne: 51 morts dans la province de Valence    Partenariat Maroc-France : ils ont dit…    Edito. Nouveau livre    Soudan. Le conflit fait 14 millions de déplacés    Hakimi, BHL, Darmon .... Le dîner d'État de Macron marqué par la présence d'une pléiade de personnalités    L'Erythrée s'est retirée du tournoi CHAN 2025    Tour du Faso. Mouhcine Kouraji, vainqueur de la 5è étape    Asie. 28e édition de l'AFC Awards : Afif et Son, les Meilleurs !    Série A. J10: Naples vainqueur de l'AC à Milan mardi soir    Coupe Intercontinentale : Al Ahly d'Attiat-Allah surclasse Al Ain de Rahimi    Le président émirati gracie trois membres du Zamalek    Accidents de la circulation: 27 morts et 2.752 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Températures prévues pour le jeudi 31 octobre 2024    Affaire Al-Khair : Des prévenus devant le tribunal, vers un procès tant attendu à Tanger    Le Festival de Marrakech rend hommage à 3 grandes figures du cinéma national et mondial    Festival Ecran Noir de Yaoundé : Farah El Fassi rafle le Prix de la Meilleure Actrice    Essaouira. Les Andalousies Atlantiques accueillent pour la première fois José Maria Bandera    Décès de l'acteur égyptien Hassan Youssef à l'âge de 90 ans    Film : Le cri de « La Damnée »    Emmanuel Macron valorise les talents marocains du gaming    La France annonce vouloir accroître sa présence consulaire et culturelle au Sahara marocain    Le GAFI, les listes noire et grise et l'Algérie    Botola D1. J9: La fin du premier tiers est très proche!    Le temps qu'il fera ce mercredi 30 octobre    Coupe des Confédérations des clubs : Soufiane Rahimi prêt à affronter Achraf Dari    Mustafa Fahmy, icône du cinéma égyptien, n'est plus    Togo. Le Festival Emergence Films met le cap sur Lomé    Macron parie sur le Maroc pour un retour de la France au Sahel    Arrivée au Maroc du Président français pour une visite d'Etat au Royaume    SAR la Princesse Lalla Meryem et Madame Brigitte Macron lancent à Rabat la campagne de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire et le cyberharcèlement    President Macron pays respects at the Mohammed V Mausoleum    Morocco : Lieutenant General Mohammed Berrid receives his Saudi counterpart    Morocco's Digital Transition Minister seeks stronger ties with French investors    Le roi Mohammed VI offre un dîner officiel en l'honneur au président français Emmanuel Macron    Le Président français échange à Rabat avec de jeunes talents marocains de jeux vidéo et de l'E-sport    Le Président Macron et son épouse visitent le mausolée Mohammed V    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le Marocain qui enrage Berlusconi
Publié dans La Gazette du Maroc le 21 - 02 - 2005


Mohamed Daki
Milan est secouée depuis quelques jours par une affaire qui dépasse tout entendement. Mohamed Daki, un Marocain, âgé de 40 ans, oppose le ministère de la Justice au ministère et de l'Intérieur et divise tous les partis politiques sur son acquittement par la justice italienne. Son expulsion met la scène politique italienne dans de beaux draps. Retour sur un cas d'école.
L'affaire a très vite pris des proportions d'affaire d'Etat. Blanchi par le juge, Clementina Forleo, du tribunal de Milan, le Marocain se voit expulsable suite à un arrêté décrété par le ministre de l'Intérieur, Pisanu en personne. Coupable ou pas, le Marocain a purgé sa peine de 22 mois. Mais les politiques semblent voir la question sous un angle du moins inédit.
Pour comprendre cet imbroglio, il faut remonter à une déclaration du juge Forleo. C'est cette phrase qui a mis le feu aux poudres: les trois hommes planifiaient “des activités de guérilla” en Irak et non “des activités visant à semer la terreur”. Mohamed Daki, un Marocain vivant en Italie, âgé de 40 ans et deux autres compères, se voient blanchis de l'accusation de terrorisme. Dans la foulée, le procureur milanais chargé des questions antiterroristes avait indiqué que le parquet ferait appel. Il estimait que les éléments fournis par l'accusation, notamment des écoutes téléphoniques dans lesquelles les accusés parlaient “de recruter en Italie des combattants capables de croiser le fer, étaient sans ambiguïté et concernaient la planification d'attentats en Irak.” Deux visions paradoxales qui vont diviser l'Italie et mettent le gouvernement Berlusconi devant un cas historique sans précédent.
Ballet politique
Il a fallu que le ministre des Affaires étrangères italien, Gianfranco Fini, participe au concert des voix montantes autour du cas Daki. Il avait fait part de son “indignation devant le travestissement d'une réalité qui s'étale aux yeux de tout le monde“ tout comme de nombreux dirigeants de la droite. Prévisible ? Certes, mais ce n'était là que le début d'une longue série de règlements de compte politiques avec au centre des débats, le Marocain blanchi par la justice.
Pourtant l'affaire est très simple : le juge Clementina avait condamné deux Tunisiens Ali Ben Sassi Toumi et Bouyahia Maher à trois ans de prison pour soutien à l'immigration clandestine et vente de faux documents d'identité. Le Marocain, Mohamed Daki, avait écopé d'une peine de 22 mois de réclusion pour les mêmes charges. Le magistrat avait rejeté l'accusation de soutien au terrorisme international. Il a aussi demandé le transfert du procès de deux autres prévenus, un Marocain, Nourredine Drissi, et un Tunisien, Kamel Hamraoui, devant le tribunal de Brescia car les deux hommes sont soupçonnés de faire partie d'une cellule terroriste basée dans la ville de Cremone. Il faut rappeler que l'arrestation des cinq hommes s'était déroulée en 2003. Ils étaient alors tous accusés de liens avec le terrorisme international. Le parquet de Milan avait requis des peines de 6 à 10 ans de prison.
C'est ce rejet qui pose un grave problème au gouvernement italien. La distinction faite par le juge entre guérilla et terrorisme choque l'ensemble de la scène politique italienne.
Quoi qu'il en soit, la décision de la justice est prise, et il faut attendre d'autres rebondissements pour voir si le sort du Marocain est de jouir de la liberté malgré les soupçons qui pèsent sur lui ou de se voir transféré soit au Maroc soit ailleurs.
Toujours est-il que les avocats des prévenus, Me Gabriele Leccisi et Sara Fardella avaient souligné que “La décision prise aujourd'hui honore l'Italie et démontre que nous vivons dans un pays libre où les sentences sont fondées sur des preuves et non sur des soupçons et des théorèmes”.
C'est là que le ministre italien de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, a annoncé qu'il avait signé un arrêté d'expulsion à l'encontre du Marocain Mohamed Daki “pour grave trouble à l'ordre public et danger pour la sûreté de l'Etat”. Plusieurs questions surgissent alors. Pourquoi cet arrêté uniquement à l'égard du Marocain ? Ou faudra-t-il attendre que les deux autres Tunisiens finissent leurs peines pour se voir expulsés à leur tour ? Et comment est-il possible d'expulser quelqu'un alors que l'action de la justice dans un dossier du terrorisme n'est pas achevée à cent pour cent ? Pour le moment, le ministre explique sa détermination à voir le Marocain en dehors du territoire italien, mais ne veut pas se prononcer sur la teneur des questions posées.
Il faut aussi savoir qu'au sein du gouvernement de Silvio Berlusconi, le ministre de la Justice promet une enquête administrative pour comprendre ce litige qui divise la classe politique italienne entre gauche et droite. Alors que le juge Forleo, menacée par le Garde des sceaux, Roberto Castelli, d'une sanction disciplinaire, a remis les pendules à l'heure, en chargeant une avocate de porter plainte contre ceux qui l'ont attaquée, “y compris les plus hautes charges de l'Etat”.
Terroriste ou jihadiste ?
Pour le ministre Pisanu, Mohamed Daki est un terroriste. “Oui”, et s'il y avait lieu, cet arrêté d'expulsion sera signé “cent fois”. assène le ministre italien pour qui il ne fait aucun doute que “Daki appartient à une organisation fondamentaliste liée au groupe d'Al-Zarkaoui”. Pour le juge Forleo, c'est “un activiste de rébellion”.
Pour mettre fin aux surenchères, la justice avait tranché contre la volonté de toutes les voix qui condamnaient la position du juge Forleo. Le parquet, de son côté, est aussi hostile à l'expulsion de Daki car il veut faire appel de la sentence de première instance. Pour le procureur-adjoint, Armando Spataro “la loi interdit l'expulsion de quelqu'un qui est poursuivi pour des faits de terrorisme”.
Mohamed Daki, quant à lui, surprend tout le monde parce qu'à son retour chez lui, à Reggio Emilia où il est sous contrôle judiciaire, il a confié aux journalistes qu'il comptait demander l'asile politique... en Norvège ou en Suède. Daki pense-t-il que cette affaire n'est pas encore finie ? Ou a-t-il peur de retrouver son pays d'origine le Maroc ? Daki n'aura jamais, pour le moment, laissé transparaître la moindre envie de clarifier ce choix d'exil en Scandinavie.
Sur un autre volet, cette affaire risque de prendre de nouvelles tournures si l'on prend en compte les investigations parallèles sur Ansar Al Islam. Des enquêtes qui visent à faire le lien entre les filières irakiennes dont un groupe a été démantelé à Paris et d'autres sources stationnées en Syrie avec à leur tête un chef d'origine kurde qui facilite le passage des volontaires. Ce qui nous fait dire aujourd'hui qu'il y a de fortes chances de voir le Marocain, Mohamed Daki, soit libre, mais résidant en Italie, soit de retour devant la justice pour complément d'enquête avec de gros risques de complications. Pour l'exil scandinave, il est même exclu pour le moment de voir un pays se prononcer pour un oui en plein tourmente en Italie.
Affaire à suivre


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.