Privatisation et croissance Ce n'est plus un secret de polichinelle que les “vieux démons” du PAS risquent de revenir, rappelez-vous, ces quinze années, à partir de 1983 qui, au motif de rétablir les grands équilibres macroéconomiques fondamentaux, ont “endeuillé” le progrès social dans le Royaume. L'inquiétude est autrement plus poignante que le “cycle providentiel” des privatisations expire bientôt sans qu'aucune formule de rechange n'ait été mise en place. Où va le Maroc après 2007, c'est-à-dire bien avant la “vision 2010” ? C'est le cas de le dire et de tirer la sonnette d'alarme sur l'avenir économique du pays une fois la “rente” des transferts des entités du portefeuille public au secteur privé épuisée. Concrètement, 2005 et 2006, au plus tard, boucleront les dernières opérations de cession qui, bon an mal an, ne rapporteront certainement pas “gros”, entre 6 et 7 milliards DH. C'est que les “grosses cylindrées” marocaines à vendre au capital international ne sont guère légion, genre Maroc Telecom et Régie des tabacs. La première nommée, en rapportant 12 milliards DH pour la cession des 16% supplémentaires a généré à elle seule autant que les recettes prévisibles de la loi de Finances pour l'ensemble des entités à céder. Mieux encore, le terrain est bel et bien “déserté” avec la privatisation de ces deux mastodontes qui à eux seuls, MT & MT Bourse avec la RT ont cumulé des entrées substantielles de près de 70 milliards DH, plus que tout le pactole amassé par l'Etat depuis 1993 en transférant au privé ses 66 entités publiques générant quelque 55 milliards DH. Autant dire que, bientôt, c'est le “flou artistique” qui règnera, pour ne pas dire la bouteille à encre puisqu'il est admis qu'aucune vision de l'après-privatisation n'a été élaborée à ce jour. Stimuler l'investissement privé et la ... bonne gouvernance Le drame, c'est que les décideurs se sont habitués aux “cueillettes providentielles” des privatisations spectaculaires pour sauver les finances publiques et renflouer substantiellement les budgets de la nation. Autrement dit, les fonds recueillis des ventes des entreprises publiques n'ont servi à rien d'autre qu'à financer les dépenses publiques et les masses salariales de l'administration. Sauvant à chaque fois le navire d'un naufrage sans cesse reporté. La croissance forte et durable En d'autres termes, le gouvernement sera-t-il capable de réaliser en deux années seulement, ce qu'il s'est astreint, avec beaucoup de difficulté, à mettre en pratique en près de deux décennies d'ajustement structurel ? Pourtant, la volonté de réforme n'a pas manqué en engageant le pays dans un modèle de développement apparenté aux dragons du Sud-Est asiatique qui se sont appliqués à promouvoir la petite et moyenne entreprise, le commerce et à assurer l'assainissement de l'environnement macroéconomique rendu propice aux affaires. Mais toute la différence est dans la planification rigoureuse à très long terme pour préparer les atouts de rebondissement au franchissement des étapes de parcours. En outre, et c'est là que le bât blesse le plus, le Maroc, au contraire des dragons, a sous-estimé l'investissement dans la qualité du capital humain, garant de la bonne gouvernance. Porteurs de projets, talents avérés, déclencheurs d'initiatives, stimulateurs des compétences et fédérateurs de hauts potentiels, enfin tout ce qui, à quelque chose près, risque de faire défaut au Maroc économique actuel. Alors que justement, c'est dans ces nouvelles ressources de l'entreprise que se trouvent les détonateurs du développement dynamique et innovant de demain. A défaut des hommes qu'il faut, les “années de plomb” ont eu leurs effets nocifs sur les entreprises marocaines. Et les potentiels pointus sur lesquels tablait la relance de notre économie se sont “taillés” sous d'autres cieux plus cléments. Et quant à ceux qui ont fait leurs études ailleurs, ils ont vite fait de prendre la résolution tranchante d'y rester, purement et simplement. Au bout du compte, cela donne un état des lieux avec des réformes en cours, des engagements à honorer qui font reculer, une libéralisation suspecte entrecoupée de “parapluies“, enfin le malaise et le doute s'installent dans la tête de nos opérateurs et citoyens qui n'arrivent plus à comprendre les “négligences” des décideurs publics. Le PAS, un épouvantail “revenant“ ?/B Alors, ces réformes structurelles de l'économie nationale, annoncées tambour battant, où en sont-elles ? Plus grave encore, elles n'ont pas encore abouti que le “spectre” d'un nouveau PAS se profile déjà à l'horizon immédiat. A en croire, du moins, les conclusions du rapport du FMI résolu, aux dernières nouvelles, à convaincre les responsables nationaux à engager le Royaume, dans le lustre qui vient, à adhérer à la proposition d'un nouveau programme d'ajustement structurel. Ces recommandations de l'organisation internationale partent du constat que “les finances publiques vont mal au point d'inquiéter les institutions financières internationales”. Et ce malgré les recettes de la privatisation. Alors qu'en sera-t-il une fois celles-ci taries ? Déjà que les fondamentaux sont théoriquement bousculés puisque le seuil de 3% du déficit budgétaire est quasi doublé hors recettes de privatisation. Ce qui certainement, selon des sources officieuses, déciderait le FMI à envisager, dans les cinq années à venir, de réinscrire le Maroc sur la liste des pays qui devraient être soumis à un plan d'ajustement structurel. Les experts ont surtout recommandé aux décideurs du Royaume de “revoir la politique budgétaire et de réviser le système d'affectation des recettes de la privatisation en les destinant à l'investissement tout en faisant encore plus d'efforts de réduction de la masse salariale sur le budget de l'Etat”. Que faire ? Passer à la très grande vitesse dans ces deux années qui restent ? Développer d'autres initiatives et chantiers en accélérant la mobilisation des IED et des investissements privés ? Rationaliser les dépenses publiques et comprimer les masses salariales “budgétivores” ? Ce qui équivaut, en clair à “se serrer encore la ceinture”, ce que les Marocains ne peuvent se résoudre à refaire ? Développer des partenariats public-privé pour booster les investissements créateurs de richesse ? Promouvoir l'ouverture au capital privé des sociétés anonymes publiques ? Dynamiser encore plus le secteur bancaire et financier national pour s'impliquer plus activement dans les crédits à l'économie et à l'investissement ? Enfin, il faudra bien réagir, vite et bien, au lieu de continuer à voir ...le train passer.