Les finances publiques vont mal. Au point d'inquiéter les institutions financières internationales. Une délégation du FMI s'est rendue secrètement au Maroc, il y a quelques mois, pour s'entretenir avec les responsables marocains des mesures à prendre d'urgence en vue de redresser la situation. Les finances publiques vont mal. Au point d'inquiéter les institutions financières internationales. Une délégation du FMI s'est rendue secrètement au Maroc, il y a quelques mois, pour s'entretenir avec les responsables marocains des mesures à prendre d'urgence en vue de redresser la situation. Le retour aux fameux Programmes d'ajustement structurel (PAS) était, semble-t-il, dans l'air au cours du voyage des experts de cet organisme. À chaque fois qu'un État dévie pour une raison ou une autre de la ligne tracée par les institutions de Breton Woods, il se voit rappelé à l'ordre pour rétablir sa stabilité financière . Beaucoup de pays du Tiers-Monde ont eu à étouffer socialement sous la main gantée du FMI. Le Royaume en sait quelque chose pour avoir été soumis pendant plus d'une décennie à partir de 1983 à cette cure d'austérité qui a eu des conséquences désastreuses notamment sur les secteurs sociaux. Ces derniers en ont grandement souffert, ce qui s'est traduit par un déficit énorme en la matière sur fond de paupérisation de pans importants de la population. À un moment où les pouvoirs publics commencent à développer une certaine fibre sociale avec le lancement des chantiers considérables comme l'AMO et le logement économique, les voilà qui sont tancés par les gardiens internationaux des grands équilibres. Si d'aventure, le pays doit à brève échéance boire de nouveau cette potion amère, ce serait une catastrophe pour les équilibres sociaux, elle ferait peser aussi une grave hypothèque sur le développement futur du Maroc. Une chose est déjà sûre : à moins d'un sursaut salutaire, l'héritage sera lourd pour les années à venir. Ironie de l'histoire, du temps où il était dans le camp de l'opposition, Fathallah Oualalou, actuellement argentier du Royaume, fustigeait, avec des effets de manches et une voix qui partait dans les aigus, la politique d'austérité appliquée alors par les gouvernements de droite. La situation actuelle ne prête guère à l'optimisme. Déficit budgétaire réel qui dépasse la barre des 3%, masse salariale qui bouffe 12% du PIB, entreprises privatisables qui se tarissent, réforme fiscale qui tarde à venir…, les comptes de la nation sont plombés. Le problème du pays c'est que la majorité des faiseurs de la politique budgétaire qui se sont succédé ont toujours péché par une vision comptable étriquée de la chose économique aggravée par une absence d'imagination dans la gestion et l'élargissement des ressources. C'est ainsi que les gouvernants sont arrivés à ne pas faire bon escient de l'argent des privatisations, qui au lieu d'aller à l'investissement pour valoriser le taux de croissance, ont été engloutis par la machine infernale du fonctionnement. Ce qui est une aberration économique. À se demander si c'est une fatalité que de confectionner la même Loi de Finances et de ne pas avoir une marge pour l'innovation, la pérvoyance et le courage.