A propos des actes criminels enregistrés dans la médina : “J'ai entendu parler de l'agression de cette fille qui a déclenché, il y a quelques jours, la marche de protestation. Je ne sais pas si c'est vrai. Il y a eu quelques cas où on molestait les filles dans les ruelles. J'entends parler parfois d'agressions, des bagarres «chaudes» et des vols surtout. Mais je crois que ça doit être comme à Meknès ou à Casablanca. Seulement ici ça se passe dans le quartier des touristes et c'est l'un des quartiers les plus populaires du Maroc, voire d'Afrique et du monde arabe. Durant toutes ces années, la nuit, à cause des ruelles sombres, aucun policier ne se risquait à entrer dans la médina. Les délinquants de tous bords s'y retrouvaient pour parier de l'argent et boire jusqu'à l'aube. Depuis quelques jours, depuis les incidents, on voit des policiers partout, mais seulement dans les grandes artères. Les délinquants ont déserté la place et j'espère pour longtemps. Il y a des coins de la médina qui concentrent les pickpockets. C'est la catégorie de délinquants que l'on retrouve le plus ici et qui travaille à longueur de journée. Mais vous savez, les pickpockets de la médina, sauf ceux qui ne connaissent pas les règles du jeu, ne touchent jamais aux touristes. Ils savent qu'ils le paieront cher s'ils se font attraper. Ils volent uniquement les Marocains. Ce sont des professionnels, ils travaillent dans certaines rues commerçantes, vous délestent de ce que vous avez dans la poche en coupant le tissu avec une lame. A la médina, quand vous avancez, vous devez avoir des yeux derrière la tête… A part ça, il y a aussi le problème des agressions, mais c'est occasionnel. C'est surtout le soir, des drogués, des alcooliques qui ont besoin d'argent. Ce sont eux aussi qui monopolisent certaines places en faisant beaucoup de bruit la nuit. Mais le vrai problème, c'est que depuis quelques années, la médina va de plus en plus mal. La plupart des familles des commerçants ne peuvent plus finir le mois. C'est une réalité. Les gens en ont ras-le-bol. On nous dit que de grands travaux sont en cours pour améliorer la vieille ville et la rendre comme avant. Mais entre temps, c'est difficile de tenir. Il faut que les responsables de la ville comprennent que c'est urgent. La médina ne peut pas attendre encore vingt ans.”