Outre les commerçants et autres businessmen qui ont fait des affaires prospères en Côte d'Ivoire, il y a une autre vague de Marocains qui font le déplacement au pays des éléphants : les prostituées. Un métier qui trouve sa place auprès de la communauté libanaise d'Abidjan. Elles sont au moins 200 filles marocaines à sillonner les ruelles de la capitale ivoirienne. Leur présence est amplement justifiée par leur métier : elles sont des prostituées expatriées sous les tropiques pour vendre des charmes venus du Nord. “Les gens en parlent en ce moment, puisque ce n'est plus un secret. Avant, il y avait des filles venues d'autres pays voisins, mais jamais de Marocaines. Le chiffre de 200 filles n'est pas seulement une estimation à vue d'œil, mais plusieurs policiers me l'ont dit à maintes reprises. Vous savez, je vends des fringues et mes clients parlent beaucoup”. Pour ce commerçant marocain, âgé de 55 ans, la vie à Abidjan a connu des changements sans pareil. En un rien de temps, la ville a échangé son visage paisible pour les Marocains en une cité où la “réputation des Marocains ne vaut plus un clou. Oui, rien du tout. Nous étions respectés et montrés du doigt comme un exemple à suivre. Là, nous sommes presque insultés et les filles le savent bien. J'ai eu plusieurs conversations avec des filles venues de Casablanca et de Marrakech, elles m'ont toutes parlé du pourquoi du voyage. Mais malgré la compassion que je peux avoir, je reste convaincu qu'il y a d'autres voies pour gagner sa vie ici en Côte d'Ivoire”. Pour Hassan, la situation va en empirant puisque d'autres filles ont récemment rejoint les cortèges. D'où viennent-elles ? Et par quels réseaux ? Parce que dans le tas, le même commerçant qui se met au courant, raconte qu'il y a un “réseau qui fourgue les filles pour les Libanais”. Il faut souligner que la clientèle des Marocaines est d'abord libanaise. Les autres nationalités ne viennent qu'en second lieu après que le gotha venu du Moyen-Orient ait profité des charmes marocains. “Oui, on a beaucoup parlé d'un réseau qui assurait le passage par la France. Mais on ne peut rien affirmer avec certitude. Ce qui demeure sûr, c'est que les filles arrivent en groupes et vivent ensemble. Certainement sous tutelle d'un ou plusieurs proxénètes. Pour le moment, on n'a jamais parlé d'un Marocain qui leur sert de relais. Mais on a parlé de gens d'ici, des Ivoiriens, parfois venus de France qui se sont recyclés dans des trafics de ce genre”. Pour les Marocains habitant la capitale ivoirienne, le marché des prostituées ne fait que commencer: “Ce n'est que le début. Il faut s'attendre à des vagues de migration vers la capitale pour se faire de l'argent, et de ce côté-là, il y a beaucoup d'argent qui circule. J'ai bien peur qu'on se retrouve avec une vague de réseaux comme ceux d'Egypte et du Liban”.