La Gazette du Maroc : qu'est-ce qui caractérise cette année la journée nationale de la presse ? Younes Moujahid : comme chaque année, nous organisons une soirée pour rendre hommage à nos aînés journalistes, notamment ceux qui partent à la retraite. C'est une forme de reconnaissance à leur égard pour avoir consacré toute leur vie à cette profession que nous savons épuisante. C'est une manière pour nous de marquer cette journée spéciale pour la profession et les journalistes. Surtout que cette année, nous avons noté une nette amélioration dans la situation et les conditions de travail des journalistes à la différence de l'année 2003 qui a été marquée par un grand nombre de détentions de journalistes et plusieurs procès contre des professionnels de la presse. C'était une année très tendue pour nous et pour l'ensemble des journalistes. Qu'est ce qui aura changé en 2004 ? En général, l'année 2004 a heureusement connu une nouvelle situation, beaucoup moins tendue même si nous avons encore quelques points à régler avec les responsables, notamment le problème de la protection des journalistes lors de l'exercice de leur profession. Pas plus loin que la semaine dernière, des journalistes en couverture ont été tabassés par une foule de jeunes diplômés en sit-in devant le Parlement. Ce sont des comportements que nous ne pouvons pas accepter. Cela prouve que dans le fond, même si l'on note moins d'évènements spectaculaires (censures, détentions...) les agressions continuent envers les journalistes qui restent perçus comme un élément perturbateur qui doit être contrôlé voire maltraité. D'ailleurs en fin décembre prochain, le SNPM prévoit de publier un rapport dans ce sens pour interpeller les autorités responsables. Qu'en est-il de la liberté d'expression ? Les journalistes ont certainement une plus grande marge de liberté d'expression depuis quelque temps. Notamment après tous les évènements qui ont marqué l'année passée, et qui ont démontré que la méthode restrictive des autorités n'aura pas servi à grand chose sinon à entacher l'image du Maroc à l'étranger. Les journalistes dans l'audiovisuel ont une marge de manœuvre bien moindre, mais c'est souvent une censure qui leur est imposée de l'intérieur même de la structure où ils travaillent. Nous sommes actuellement en dialogue avec la direction de l'information de la TVM pour mieux organiser le travail et établir des normes plus claires dans le travail et le comportement des journalistes. Nous avons malheureusement moins d'aisance à établir un contact avec la direction de l'information de la deuxième chaîne qui refuse pratiquement le dialogue. Sinon, nous sommes en ce moment même en dialogue avec le ministre de tutelle au sujet de la réforme de l'audiovisuel.