Forum du Grand Moyen-Orient et d'Afrique du Nord Le Maroc abritera la première session du “Forum pour l'avenir” le 11 décembre prochain afin d'élaborer des visions générales pour la réalisation de réformes économiques, politiques et sociales, dans le but de développer la région du Grand Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Personne ne peut nier la réalité de l'appartenance de cette région au Tiers- monde marqué par un sous-développement multidimensionnel sur les plans économique, social et politique. La réflexion a toujours existé quant à la nécessité d'œuvrer pour l'élimination de tous les obstacles qui entravent l'adhésion au processus de développement économique, la consécration des pratiques démocratiques et le respect des droits de l'homme. Il est nécessaire de rappeler à cet égard que les sources de l'appel à l'introduction de réformes globales étaient multiples et diverses. Des voix s'étaient élevées de l'intérieur de nombreux pays appartenant au Grand Moyen-Orient et à l'Afrique du Nord. De même qu'il y avait des voix de l'extérieur de cette région qui s'élevaient de temps à autre pour réclamer des réformes. La tenue de la 1ère session du “Forum pour l'avenir” le 11 décembre prochain s'inscrit dans la volonté de donner un sens pratique au processus de revendications des réformes. Mais dans quel contexte le Forum pour l'avenir a-t-il été créé, et quelles sont les caractéristiques de cette 1ère session? Le contexte de la création du Forum pour l'avenir Le Forum pour l'avenir constitue l'une des manifestations de l'initiative du président américain George Bush connue sous l'appellation de “l'initiative pour un Grand Moyen-Orient”. Objectif affiché : aider les pays de la région à dépasser leurs problèmes économiques, sociaux et politiques. Cette initiative a été refusée par de nombreux pays de la région et a même été rejetée par certains régimes considérés comme des alliés politiques des Etats-Unis. Ce refus est basé sur deux questions fondamentales : la première est le rejet de réformes imposées de l'extérieur et par le non-respect de cette initiative des spécificités de chaque Etat de la région. Face à ce refus, l'Administration américaine a été acculée à clarifier ses positions en affirmant que ladite initiative ne cherche pas à imposer des visions américaines aux Etats de la région. Dans son essence, l'initiative constitue un appel à la mise sur pied d'un véritable partenariat entre les parties concernées pour la réalisation des réformes. Dans le souci d'illustrer l'idée de partenariat, le sommet de Sea Island s'était tenu aux Etats-Unis du 8 au 10 juin dernier regroupant les pays du G8 (Canada, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Japon, Russie et Etats–Unis) pour l'adoption d'une initiative appelée “Partenariat pour le progrès et l'avenir commun avec la région du Grand Moyen-Orient et l'Afrique du Nord”. Le sommet de Sea Island a publié un communiqué définissant les orientations générales des pays du G8 à travers la création d'un Forum permanent permettant aux représentants des gouvernements, des entreprises et de la société civile de la région du Grand Moyen-Orient et du G8 pour discuter des réformes nécessaires et échanger les expériences sur la question du développement économique et politique et mettre en œuvre des programmes pour faire passer les réformes. Le même communiqué a réaffirmé la nécessité de tenir compte de la particularité de chaque Etat, mais à condition que cette particularité ne soit pas institutionnalisée par certains Etats pour entraver le cours des réformes. C'est d'ailleurs le sommet de Sea Island qui a proposé la fondation du Forum pour l'avenir, dans le cadre de l'initiative “Un partenariat pour le progrès”. Et pour que cette proposition voie le jour, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a tenu une réunion le 24 septembre dernier avec ses homologues des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et du G8. Une fois de plus, Powell était contraint de clarifier les raisons de ce Forum dont notamment l'aide à apporter aux pays de la région et à dépasser les diverses difficultés. Il a également mis l'accent sur l'adéquation des réformes et l'histoire, la culture et les volontés des peuples et leur degré de maturité politique. Au cours de cette réunion, la décision a été prise de tenir la 1ère session de ce Forum au Maroc. Les caractéristiques de la 1ère session C'est là un message adressé aux pays de la région afin d'emprunter la même voie. En acceptant l'organisation du Forum, le Maroc était effectivement conscient des besoins de la région en termes de réformes. D'ailleurs, le processus a été communément admis lors du sommet arabe de Tunis en mai 2004. Evaluer à sa juste valeur la nécessité d'un réel processus de réformes a su inciter de nombreux pays, à l'instar de la Tunisie et de l'Egypte, à se porter candidat. Mais c'est le Maroc qui a été choisi. Et ce, en signe de reconnaissance et de l'acuité des chantiers des réformes entrepris depuis l'avènement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Avant même l'actuelle initiative du Grand Moyen-Orient, notre pays avait engagé ce processus, solennellement qualifié d'irréversible, conformément à ses convictions les plus intimes. Les réformes imposées de l'extérieur seront immanquablement improductives. Et, qui plus est, ne sauraient se faire dans l'irrespect des spécificités de la région. Nonobstant les initiateurs, la nécessité du processus des réformes est désormais communément partagée par toutes les parties, de plus en plus enclines également à opter pour le partenariat entre le Moyen-Orient et le G8 afin de relever les défis. Et c'est dans cet ordre d'objectifs que se tiendra, le 11 décembre prochain la 1ère session du Forum au lendemain d'une réunion préparatoire entre les grands fonctionnaires des pays participants. Par ailleurs, participeront à ce Forum les ministres des Affaires étrangères et des Finances de plus de 20 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et leurs homologues du G8 ainsi que des représentants d'organismes internationaux et régionaux, notamment la Ligue arabe, l'UMA, le CCG et l'UE. Rappelons aussi que la rencontre aura lieu sous la coprésidence des USA qui président actuellement le G8 par l'intermédiaire de leur secrétaire d'Etat Colin Powell et le Maroc, pays hôte, en la personne de son ministre des Affaires étrangères et de la coopération Mohamed Benaîssa. La 1ère session du prochain Forum évoquera trois questions essentielles : D'abord certaines parties ont appelé à la participation des ministres de l'Enseignement au même titre que leurs homologues des Affaires étrangères et des Finances. Soldée par l'échec, l'entreprise aurait été utilisée par les hostiles au Forum pour jeter le doute à propos des véritables objectifs requis. Ensuite, la participation israélienne au Forum qui a été sujette à plusieurs protestations. Pour mettre fin aux surenchères, il a été décidé de ne pas inviter l'Etat hébreu, n'étant pas concerné par la question démocratique. Enfin, certaines parties ont voulu, pour des calculs qui leur sont propres, empêcher la participation de quelques pays. Or, le Maroc a insisté et obtenu gain de cause pour la participation de la Libye et de la Mauritanie. Non seulement le Forum sera une opportunité pour faire prévaloir la confiance, mais il pourrait être une véritable occasion dont il faut intelligemment profiter pour élaborer une “Feuille de route” pour les réformes dans la région concernée.