Le Maroc accueillera, en décembre, une conférence internationale sur le projet du Grand Moyen-Orient, soutenu par les Etats-Unis. L'annonce de cette rencontre, très chère à l'Administration américaine, a été faite, vendredi à New York, par Colin Powell et Mohamed Benaïssa. Le Maroc abrite un important événement. La conférence sur les réformes dans le monde arabe y aura lieu avant la fin de l'année. L'annonce a été faite conjointement par Mohamed Benaïssa et Colin Powell, vendredi à New York, à l'issue d'une réunion de représentants du G8 et ceux de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient élargi. Intitulé «Forum de l'avenir», l'événement se situe dans le cadre du plan américain pour les réformes dans le «Grand Moyen-Orient», présenté en juin dernier au sommet du G8 en Georgie. Ce forum réunira des responsables politiques ainsi que des personnalités de la société civile et des milieux d'affaires d'au moins 25 pays pour examiner comment promouvoir les réformes démocratiques en Afrique du Nord, au Proche-Orient, en Afghanistan ou encore en Asie du Sud-est. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a félicité le Royaume pour «avoir été choisi». Il a également exprimé ses remerciements à SM le Roi Mohammed VI et au gouvernement marocain pour avoir bien voulu accueillir la première réunion du Forum. Il a aussi considéré que cette initiative de nature à favoriser la paix dans le Grand Moyen-Orient. Ajoutant qu'elle constitue une opportunité pour l'ensemble des pays de la région pour leur développement économique et social, M. Powell n'a pas précisé une date de la rencontre, se contentant d'indiquer qu'elle aura lieu avant la fin de l'année. De son côté, M. Benaïssa a souligné l'attachement du Royaume à «ce nouveau cadre de partenariat» et a exprimé son souhait de voir la conférence contribuer à la paix et au développement de la région. Le Grand Moyen-Orient est l'un des projets prioritaires l'administration américaine. S'étendant sur un vaste espace, allant du Maroc à l'Afghanistan, ce projet a pour but de réformer les pays musulmans. George W. Bush en a défini la philosophie : «Tant que le Moyen-Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l'Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient». Se basant sur les rapports du PNUD (2002 et 2003) concernant les pays arabes, le président américain avait cité les passages les plus alarmants : «Le Produit intérieur brut combiné des vingt-deux pays de la Ligue arabe est moindre que celui de l'Espagne». Ou encore : « Approximativement 40 % des Arabes adultes sont illettrés, les deux tiers d'entre eux sont des femmes». D'où les conclusions de l'administration Bush : il faut «moderniser» ces pays. C'est-à-dire, favoriser la démocratie, développer le droit des femmes et instaurer un développement économique apte à réduire la pauvreté. La vision américaine repose également sur la «libération du potentiel du secteur privé», et notamment le micro-financement. A rappeler que le projet du Grand Moyen-Orient a suscité de vives réactions parmi les dirigeants du monde arabe, notamment le raïs égyptien, Hosni Moubarak, qui avait brandi les risques de «tragédies à l'algérienne». Les missions civilisatrices de ce projet restent toutefois louables. Et le choix du Maroc comme terre d'accueil de la conférence est, en soi, un encouragement et un constat des réformes déjà entreprises dans notre pays.