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S.M le Roi initiateur de la réconciliation Mauritano-Libyenne
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 07 - 2004


En harmonie avec les textes fondateurs de l'UMA
En moins d'une semaine, le Maroc a réussi à changer le climat qui régnait sur le Maghreb depuis des années. Les initiatives marocaines ont secoué les sentiments de doute et de suspicion quant à la possibilité d'atteindre un autre avenir. Les observateurs sont unanimes à considérer que les initiatives du Maroc s'inscrivent dans la logique qu'imposent la réalité régionale et la situation internationale.
Une médiation marocaine, sous l'égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a réussi à dégeler les relations entre les deux pays frères, la Mauritanie et la Libye. Ainsi, une page de discorde est tournée. La rencontre qui a eu lieu, au palais royal de Tétouan, en présence du Souverain, entre le ministre libyen des Affaires étrangères Abderrahman Chalqam et son homologue libyen Mohamed Ould Bellal, constitue une autre initiative royale qui s'ajoute à d'autres décisions prises à l'occasion des festivités marquant la fête du Trône. L'importance de cette médiation et de sa réussite est à la mesure de la gravité du conflit qui a opposé les deux pays. En effet, Tripoli avait rompu ses relations diplomatiques avec la Mauritanie suite à la normalisation effectuée par cette dernière avec Israël. Cette décision avait alors provoqué l'ire de la Libye et conduit à une détérioration de leurs relations, notamment quand Nouakchott a accusé ouvertement Tripoli d'avoir commandité la tentative de coup d'Etat dirigé contre le Président Mouâouiya Ould Sidi Ahmed Tayeä. Or, ces deux situations de conflits s'inscrivent dans le genre de “conflits de principes” qui déterminent les relations, les alliances et parfois les querelles. Mais, l'initiative royale a démontré que quel que soit le conflit et quelle que soit sa gravité, une solution est toujours possible pourvu qu'il y ait une volonté pour.
Le signal
Il est clair que cette réconciliation s'inscrit dans le cadre de la “diplomatie douce” et suit la logique de la paix dans la résolution des conflits, laquelle a été adoptée par Sa Majesté le Roi depuis 2002, notamment pour résoudre, par le dialogue et la concertation, les différends qui existaient entre les pays du bassin du fleuve Mano. Ce conflit a été aplani au cours d'une conférence de réconciliation organisée à Rabat. Les observateurs n'ont pas manqué de faire le lien entre l'actuelle réconciliation et “la feuille de route” proclamée par le Souverain dans le dernier discours du Trône concernant les pays du voisinage et les structures régionales.
Ainsi, donc, cette initiative est liée à la nouvelle dynamique que le Maroc aspire à instaurer dans la région du Maghreb. En effet, les propos exprimés dans le discours royal sont clairs et nets et insistent sur le rôle que compte jouer le Maroc pour consolider l'unité maghrébine. A ce propos, Sa Majesté avait dit : “Nous sommes tout aussi résolu à intensifier nos relations privilégiées avec la Mauritanie sœur, auxquelles nous accordons un intérêt particulier. C'est avec la même détermination que nous poursuivrons aussi notre action, de concert avec la Tunisie et la Libye sœurs, pour donner un nouvel élan à l'édification de l'Union du Maghreb, dans la clarté, l'engagement, l'intérêt mutuel et le respect de la souveraineté des Etats membres et de leur intégrité territoriale”.
Entre la proclamation et l'application pratique, il n'y eut qu'un laps de temps. Cependant, l'esprit majeur dans lequel s'inscrit l'initiative et qui n'a pas échappé aux analystes, c'est que le Maroc œuvre dans le cadre d'une stratégie globale qui allie les principes et les mutations de la région méditerranéenne. En effet, ce qui est demandé, à présent, c'est l'édification d'un grand Maghreb qui puisse constituer une force stratégique de négociation dans son environnement euroméditerranéen et avec les groupements régionaux et internationaux. En effet, le plus grand groupement de notre voisinage est constitué par l'Union européenne formée de vingt cinq Etats. Or, si la situation du Maghreb demeure en l'état, tous ses intérêts et relations seront remis en cause. C'est justement ce qu'a essayé de relever l'initiative royale en mettant l'accent sur l'avenir pour accompagner la tendance internationale qui vise à sauvegarder les droits nationaux des pays de la région. Les observateurs n'ont pas manqué de relever que la présente initiative royale a été précédée par la décision de supprimer le visa au profit des Algériens, laquelle décision constitue le plus important épisode dans les relations entre les deux pays de cette dernière décennie. Cependant, la Présidence algérienne a choisi de nager à contre-courant en adoptant une attitude surprenante qui dénote la mauvaise foi de notre voisin.
Le contre-courant
Abdelaziz Bouteflika a, en effet, pris l'initiative d'envoyer un mémorandum au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan dans lequel il parle encore des droits du “peuple sahraoui” et de “décolonisation du Sahara”. Cette initiative s'inscrit, malheureusement, à contre-courant du climat souhaité pour la région et de la volonté internationale de trouver une solution politique au problème du Sahara. Mais, ce qui est le plus étonnant, c'est que l'Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, avait approuvé la dernière résolution du même conseil appelant à trouver une solution politique à cette affaire. Alger a même ajouté un brin d'ambiguïté à ses propos quand l'agence de presse officielle a publié un communiqué, soi-disant d'une personnalité politique, qui dit que la décision du Maroc est à caractère politique qui tend à influencer les médias et a été décidée unilatéralement sans concertation préalable avec Alger. Or, les analystes politiques n'ont pas compris pourquoi Alger suspend sa souveraineté à ce sujet et empiète sur la souveraineté du Maroc en parlant de concertations préalables. L'autre remarque qui s'impose est que le Maroc, en jouant le médiateur entre la Mauritanie et la Libye, n'a pas adopté la politique des axes que d'autres pays du voisinage préfèrent. C'est ainsi que l'action du Maroc a été précédée par la main tendue vers Alger, de même que le discours du Trône avait été clair par rapport aux relations avec Alger, notamment quand il dit : “s'agissant de nos relations avec notre voisinage immédiat, nous tenons à réitérer notre détermination sincère à leur donner une nouvelle impulsion, notamment avec l'Algérie sœur, en veillant à leur relance et à leur assainissement, afin de répondre aux attentes de nos deux peuples, qui aspirent à bâtir un avenir de solidarité et de fraternité”.
Isolement
On ne peut, donc, comparer entre une politique clairvoyante visant à instaurer un climat de paix et de concorde dans la région et une autre politique qui prêche la discorde et qui joue avec le feu. En effet, la réaction algérienne par rapport à la suppression du visa a même contrarié des centaines de milliers d'Algériens qui ont manifesté leur appréciation devant les frontières et devant les représentations diplomatiques marocaines. Cette réaction va à l'encontre des aspirations des peuples à bâtir un Maghreb fort et contredit les efforts déployés par les Etats-Unis, la France et l'Espagne dans le dossier saharien. En tout état de cause, l'initiative marocaine suit la stratégie tracée d'aller vers l'avenir alors que l'Algérie est nostalgique d'une politique des axes révolue. N'a-t-on pas dit que l'Algérie ne veut pas d'un grand Maghreb, mais veut une grande Algérie ?
Oui à l'union, non aux axes
Contrairement à ce que les milieux officiels algériens tentent depuis quelques jours de le faire croire aux médias étrangers concernant le soi-disant rôle du Maroc dans la création des axes au sein de l'UMA, notamment, après l'arrangement de la réconciliation de la Libye avec la Mauritanie, une source maghrébine digne de foi a indiqué à “La Gazette du Maroc” “que Rabat a promis à Tripoli de lui venir en aide afin que le Sommet maghrébin soit tenu avant la fin de l'année. En effet, c'est dans ce contexte que le Roi Mohammed VI a pris, dans l'intervalle d'une semaine, deux initiatives de taille. A savoir l'annulation des visas aux ressortissants algériens et le rapprochement entre Tripoli et Nouakchott. Deux gestes qui, en principe, devraient faciliter la tâche complexe de la Jamahiriya. Cette dernière n'arrivant apparemment pas à convaincre Alger d'assouplir ses positions vis-à-vis du Maroc, et, de là, sauver les meubles. Car Tripoli est déterminée, coûte que coûte, à réussir là où tous les autres Etats membres ont échoué. Le Colonel Kadhafi a déjà répété qu'il aimerait être le rassembleur des Maghrébins. Par ailleurs, on apprend que des médiations tunisiennes ont été entreprises sur demande des Libyens, auprès des autorités algériennes. Ce, sans pourtant donné leurs fruits. Ce qui a découragé le Président Ben Ali. De toute manière, le rejet catégorique de ces autorités qui insistent à ne faire les moindres concessions pour relancer l'édifice maghrébin alors que le Maroc s'ouvre de plus en plus aux suggestions de ses paires maghrébins, commence à envenimer les relations algéro-libyennes.


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