Commission du 11 mars Avant d'émettre ses conclusions en septembre prochain, la Commission du 11 mars s'est penchée sur le cas de Rafa Zouheir. Plusieurs témoins ont été entendus à son sujet. Au moment où des failles grossières sont mises en évidence dans le travail de la police, la Commission demande aujourd'hui son audition. La Commission du 11 mars a clôturé provisoirement ses travaux, vendredi 30 juillet. Elle reprendra son investigation le 7 septembre prochain. Elle se sera penchée, durant quatre semaines, sur les déclarations des membres de l'ex-gouvernement du PP, des responsables de la police et des services de la sécurité espagnole et des anciens hauts responsables de la Moncloa. Pour l'heure, aucune conclusion n'est sortie des dernières réunions. A la clôture des séances, vendredi soir, l'un des coordinateurs de la Commission, Vicente Martinez-Pujalte, a expliqué que le dossier des attentats “a laissé ouvertes plusieurs interrogations”. Les comparutions “ont laissé quelques doutes sur ce qui s'est réellement passé entre le 11 et le 14 mars”. Et surtout, il a rappelé que “certaines comparutions n'ont pas eu lieu et qu'elles sont en vérité de grande utilité” pour l'organe d'investigation. Le coordinateur a précisé qu'il s'agissait des deux indicateurs de la police, Rafa Zouheir et José Emilio Suarez Trashorras et de l'ex-secrétaire d'Etat à la Sécurité. Plusieurs journées de travail ont été consacrées aux deux informateurs devenus importants tout d'un coup pour la Commission. Les bavures de la police Rafa Zouheir et José Emilio Suarez Trashorras sont les seuls “criminels” à être demandés devant les membres de la Commission du 11 mars. Mais seront-ils écoutés en septembre ? La Gazette du Maroc a pu savoir que Rafa Zouheir a réussi à transmettre, la semaine dernière, une lettre à la Commission où il demandait à comparaître devant elle. Leur notoriété vient de leur statut de “confidents” de la police depuis 2001. Ils ont cependant, selon les rapports de la Commission du 11 mars, commencé à la doubler dès 2003 en se rapprochant du groupe terroriste de Leganes auquel ils vendent, en février 2004, plusieurs kilos de gomme 2. Non sans que Rafa Zouheir ait prévenu la police, plusieurs mois auparavant, de cette vente qui devait se faire en Asturies. Impliqués, le premier pour être l'intermédiaire du groupe d'Ahmidan lors de la vente des explosifs, le second pour avoir volé et vendu ces explosifs, ils n'ont jusqu'à présent jamais été écoutés officiellement. Le dernier interrogatoire de Rafa Zouheir, mené par la police, a eu lieu le 22 juillet dernier, en pleine activité de la Commission, bien que celle-ci n'ait pas été informée du contenu des entretiens. Mais sa personne et son acolyte Trashorras ont longuement été évoqués par la Commission. La police demande pardon publiquement Les deux policiers de la Guardia civile qui étaient en relation avec Rafa Zouheir ont témoigné avec le même son de cloche. Ils ont dit que Rafa Zouheir les avait certes alerté de la vente des explosifs mais pas des attentats ! Il ne manquait plus, selon les observateurs, que Rafa Zouheir fasse le boulot à leur place. Pourtant, selon ces deux policiers, le 12 mars, Rafa Zouheir a affirmé qu'il ne savait rien des attentats. Ce qui paraît normal à notre sens puisque c'est lui qui était derrière la vente des explosifs. Il est relâché. Quatre jours plus tard, il est à nouveau coffré, d'après le témoignage des flics, lorsque l'enquête sur les explosifs progresse et que Madrid se rend compte que les explosifs utilisés dans les trains proviennent d'une mine d'Asturies. On comprend que l'histoire que racontait Rafa Zouheir était vraie. Il révèle alors qu'il connaît l'un des terroristes qui, d'après les paroles des agents écoutés par la Commission, lui aurait dit: “qu'ils allaient donner à l'Espagne une bonne leçon pour sa participation à la guerre d'Irak” peu avant les attentats. Une autre comparution liée aux indicateurs a été très attendue cette semaine. Il s'agissait de l'Inspecteur chef de la police judiciaire d'Aviles, Manuel Garcia Rodriguez, qui était responsable du suivi de José Emilio Suarez Trashorras. Visiblement affecté par le cours des événements qui ont dévoilé les failles des méthodes de travail de la Guardia civile, le policier d'Aviles s'est borné à dire qu'il n'a jamais deviné “que Trashorras maintenait des relations avec le groupe de terroristes”. Tollé général, cris dans la salle parlementaire. Certains membres de la Commission ont fustigé la police qui pourrait endosser les responsabilités dans l'affaire du 11 mars. La Guardia civile et les services de renseignements seraient le maillon faible qui aura laissé passer des informations capitales alors que leurs propres confidents flirtaient avec des hommes dangereux pour la vente de la dynamite. Ainsi, on aura vu des parlementaires du Parti Populaire d'Aznar accuser la police de ne pas avoir fait son travail, pour mieux décharger l'ancien gouvernement des responsabilités et Aznar lui-même. On s'en est pris surtout à Manuel Garcia Rodriguez qui voyait régulièrement Trashorras jusqu'à mars 2004. L'Inspecteur chef a été jusqu'à demander pardon aux familles des victimes, devant les caméras, pour avoir failli à sa mission.