Performances du portefeuille public Les résultats des Etablissements et entreprises publics (EPP) sont en nette progression. La bonne gouvernance initiée par le nouveau mode de pilotage du patrimoine étatique commence à porter ses fruits, mettant un terme radical au laxisme qui a longtemps fait de notre appareil de production des " vaches à lait ". L'année 2002 a marqué un tournant avec l'explosion des bénéfices et la baisse historique des charges de personnel. Le dernier rapport produit par le Département des Finances et de la privatisation révèle une avancée conséquente en termes de performances et de gestion du portefeuille public. Les produits d'exploitation et la valeur ajoutée ont augmenté de 4,2%, le total des actifs a grimpé de 9,7% et les fonds propres de 9,8% marqués par une stabilisation des dettes de financement. Mais le plus remarquable, à la lecture des résultats de l'exercice 2002, c'est la hausse exceptionnelle des résultats bénéficiaires qui ont bondi de 113,6%. Gestion globalisée et intégrée Le maître d'œuvre de la nouvelle politique de réforme et de gestion du portefeuille public, Mohamed Boussaïd, explique ces performances par "le renforcement de la bonne gouvernance". Le recours à un nouveau mode de pilotage du portefeuille public fondé sur une vision intégrée d'une gestion globalisée témoigne de ces performances en courbe ascendante dont la tendance sera encore plus appuyée dans les années à venir", souligne le directeur des Etablissements et des entreprises publics. Cette approche rationnelle et pragmatique est soutenue par le double dispositif de mise en œuvre du nouveau pilotage que représentent "la réforme du contrôle financier et l'anticipation des risques privilégiant les programmes d'audits, l'efficience des nouveaux systèmes d'information et les nouveaux instruments de pilotage des EEP", explique encore le technocrate chevronné, président par ailleurs de l'Association des ingénieurs marocains des ponts et chaussées. Le temps du laxisme qui a affecté ces dernières décennies l'économie nationale est révolu. Celui où les entités étatiques étaient "dilapidées", gérées de manière irrationnelle, submergées par une pléthore d'effectifs disparates où prédominaient le népotisme et le clientélisme. Finie, aussi, l'époque où ces EEP cumulaient d'insurmontables déficits frisant la banqueroute, faisant la sourde oreille aux recommandations du fameux Rapport Jouhari des années 70. Aujourd'hui, restructurations, contrats-programmes, privatisations et concessions à l'appui, la métamorphose est radicale. Les EEP ne sont plus ce lourd fardeau grevant sévèrement les ressources budgétaires de l'Etat et maintenus sous perfusion par une administration bureaucratique et inefficiente. Désormais, le patrimoine de la collectivité nationale est traité au "bistouri" de la DEPP qui fédère les énergies sectorielles et multiplie les partenariats entre tous les acteurs et intervenants aptes à consolider la contribution du portefeuille public à la croissance accélérée et durable de l'économie du Royaume. Le Plan d'action stratégique du département s'évertue à rendre effective et omniprésente l'élaboration d'un système de pilotage intégré et global des EEP par la qualification des ressources humaines, la réalisation des contrats de restructuration et de développement, la dynamisation des plans de privatisation et de concessions des services publics. Cette nouvelle volonté affichée caresse l'ambition d'optimiser les performances du portefeuille d'Etat orientées prioritairement sur l'implication du capital national et la maîtrise des nouveaux EPIC (Etablissements à caractère industriel et commercial) et Sociétés anonymes. Les fruits de cette nouvelle dynamique mûrissent en termes d'accroissement de la rentabilité de l'appareil public de production et attendent d'être cueillis à terme raisonnable. Des résultats " trustés " par le top Douze Le chiffre d'affaires réalisé à fin 2002 par l'ensemble des EEP a atteint près de 100 milliards DH, une progression liée notamment au développement rapide du secteur des télécommunications (IAM : 14,8 MMDH). Les EPIC et SA ont réalisé 91% du CA dont plus de 85% sont à mettre à l'actif du "top douze" comprenant IAM, OCP, ONE, Régie des Tabacs, RAM, CDG, ONEP, ODEP, ONCF, CNCA, BAM et ONDA. Les résultats nets bénéficiaires ont bondi de plus de 100% pour engranger près de 11 milliards DH, une performance qui s'explique principalement par les bénéfices exceptionnels de IAM (3,688 milliards DH) et le renouement avec les bénéfices de certaines entreprises qui ont franchi le seuil des déficits après un redressement salutaire. En l'occurrence, la RAM, le Groupe OCP et ADM. Au chapitre des résultats déficitaires, la perte nette globale s'est élevée à 11,5 milliards DH, soit une pénalisation des EPP naviguant en "panne sèche" de l'ordre de 126%. Ces résultats s'expliquent essentiellement par le coût supporté pour l'externalisation des régimes internes de retraite de l'ONCF et de la Régie des Tabacs qui a eu pour effet d'impacter lourdement le compte d'exploitation de ces deux établissements, note le rapport officiel de la DEPP. S'agissant des charges d'exploitation, il y a lieu de relever une première historique dans les annales des EEP marocains : la baisse de près de 1% des dépenses du personnel qui ont atteint 19,1 MMDH en restant confinées dans la norme correcte de moins de 20% du chiffre d'affaires. Quant aux charges totales de fonctionnement, elles ont accusé une légère hausse de 4% pour enregistrer 81,1 MMDH. Les restructurations ont totalisé une dizaine de contrats-programmes depuis 2000 qui ont intéressé les EEP suivants : ONCF, ONEP, RAM, COMANAV, BAM, SUCRAFOR, SODEA et SOGETA, ainsi que les CHU Ibn Sina et Ibn Rochd. Les réformes du cadre juridique des entités publiques ont également enregistré la transformation de certains EEP en sociétés anonymes, notamment SOMATHES (ex-ONTS) et CNCA tandis que sont en cours le changement statutaire de l'ONCF, l'ODEP et BAM. Concernant le désengagement de l'Etat, fin 2003 a connu le transfert au secteur privé de 66 EEP engendrant des recettes de l'ordre de 55 milliards DH. Et les concessions de services publics ont concerné la gestion des infrastructures et la gestion déléguée, l'électricité, les autoroutes et autres. L'année 2002 a mobilisé un volume d'investissements des EEP de l'ordre de 21 milliards de dh, en progression de 14,9% avec un taux de concrétisation établi à 73%. Les EPIC et SA s'en accaparent 78%. Les projections 2003 visent 30,2 milliards DH d'investissements et celles de 2004 devraient atteindre 34,3 milliards DH. Les résultats nets bénéficiaires ont bondi de plus de 100% pour engranger près de 11 milliards DH,une performance qui s'explique principalement par les bénéfices exceptionnels de IAM (3,688 milliards DH).