Entretien avec Emmanuel Dierckx De Casterlé L'approche Agendas 21 local est issue du document Agendas 21. Ce plan d'action a été adopté lors de la conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement au Sommet de la terre de Rio en 1992. Il considère qu'il ne peut y avoir de politique de développement urbain viable sans protection de l'environnement. Or, les principes de développement durable, tels que définis par la même conférence reconnaissent que de nombreux dysfonctionnements liés aux établissements humains trouvent leur origine et leur solution au niveau local. Il s'agit selon Emmanuel Dierckx De Casterlé, représentant résident du PNUD, d'adopter une nouvelle approche du développement local centrée sur les collectivités locales comme principaux acteurs de la gestion locale. Cette approche consiste à promouvoir des initiatives collectives à l'échelle de la ville dont l'objectif est de développer les capacités locales pour une planification et une gestion rationnelles à même d'améliorer le cadre environnemental et les conditions de vie des habitants. La Gazette du Maroc : quelle vision avez-vous du développement durable dans la région de Marrakech, surtout après l'adoption du processus Agenda 21 ? - Emmanuel Dierckx De Casterlé : je pense que Marrakech est l'entité urbaine la plus avancée dans la solution globale de ses problèmes puisque nous avons une plate-forme qui s'appelle Agendas 21 et qui a rassemblé des gens de différents horizons de manière très structurelle pour examiner les problèmes de la ville et pour trouver aussi des solutions. Ces solutions , comme vous avez eu le temps de le constater, sont très intéressantes dans la mesure où elles sont élaborées en commun. C'est la première fois que nous avons une sorte de vision commune sur les problèmes et les solutions de la ville et non celle de quelques économistes dans un bureau. Ce sont des acteurs locaux qui ont travaillé ensemble tout au long d'une année pour élaborer un ensemble d'actions et de projets passibles d'être adoptés par le conseil communal de la ville, dans le but d'un développement durable de la région. Ces acteurs ont réussi effectivement à faire un travail de qualité qui devra aider les décideurs à apporter pour leur part des solutions concrètes. Que représente le processus Agendas 21 dans le programme des Nations Unies ? - C'est un processus très important puisqu'il existe depuis quelques années aussi bien au nord qu'au sud. Au Danemark par exemple, 6000 agendas 21 sont en cours dans 6.000 villes. La loi qui a été adoptée par le gouvernement danois a rendu ce processus obligatoire pour la canalisation des problèmes et des solutions pour les villes. Au Maroc, si nous arrivons à montrer l'intérêt de ce genre de méthodologie, les bons résultats se concrétiseront assez rapidement. Quels sont les objectifs attendus par les Nations Unies d'après l'adoption de l'Agenda 21 ? - Les Nations Unies visent à ce que la terre soit exploitée d'une manière rationnelle. La ville de Marrakech a choisi par exemple de se pencher sur le problème de l'eau à cause du déficit hydrique grandissant que connaît la région et qui a pour principal cause l'exploitation exponentielle des ressources. Une fois le problème cerné, sa résolution sera plus facile lorsque les tâches de chacun seront définies. C'est très important de savoir qui fait quoi exactement. Et je crois que seuls les gens qui habitent Marrakech connaissent mieux que quiconque qui les problèmes de leur région. Dans quelle mesure cette synergie entre les différents acteurs locaux et les municipalités permettra d'asseoir les bases d'un développement durable de la région ? - C'est toute la question. Tout dépend dans cette phase du conseil communal de la ville qui doit prendre sa responsabilité et adopter les actions retenues dans le pacte urbain, sinon l'agenda n'aura aucune valeur. Mais nous sommes très optimistes puisque le vice- président du conseil communal nous a affirmé l'appui qu'apporte le maire au pacte urbain.