Le programme MEG (Morocco Education for girls) Il a 6 ans et il arrivera bientôt à échéance mais, tout au long de son parcours, MEG a œuvré pour une meilleure scolarisation des filles, impliquant parents, tuteurs, enseignants dans son travail. La scolarisation des filles dans le milieu rural est en effet l'affaire de tous. Des photos d'école, des dessins d'enfants, des rapports d'activités dispersés sur les rangs d'une bibliothèque. Au siège du MEG (Morocco Education For Girls), les organisateurs s'activent à classer et à ranger les micro-projets. Ayant adopté une approche participative avec les différents acteurs de l'éducation, le projet MEG, établi et financé par l'USAID (United States Agency for International Development), offre aux filles du milieu rural, une éducation appropriée et encourage leurs parents à les scolariser. Ce programme, créé en septembre 1997 par l'USAID et le ministère de l'Education nationale (MEN), dans le cadre d'une convention de partenariat bilatéral entre le Maroc et les Etats-Unis, gère 32 écoles pilotes réparties dans huit provinces : Al Hoceima, Errachidia, Essaouira, Ouarzazate, Sidi Kacem, Taroudant, Tiznit et Zagora. Travaillant en étroite collaboration avec les associations culturelles et sociales, les autorités locales, le corps enseignant et les délégations du MEN, MEG tend à promouvoir la scolarisation des filles, en améliorant l'environnement scolaire tout en sensibilisant les parents d'élèves. Différentes approches sont ainsi adoptées. D'abord, améliorer les compétences du corps enseignant, par le biais des modules de “ formation des formateurs ”. Ceux-ci consistent à former les enseignants, ainsi que le personnel de direction de l'école, à l'utilisation des techniques pédagogiques actives et centrées sur les élèves. A titre d'exemple : la gestion des classes à niveau multiple, les stratégies de lecture, l'adaptation des manuels scolaires à l'environnement rural… Par ailleurs, le personnel enseignant coordonne ses efforts avec ceux des décideurs du MEN. «Le partenariat avec le MEG et le MEN s'avère indispensable et le projet “ Training for dévelopment ” lancé par l'USAID en est la preuve», nous assure Fatima Jane Casewit, responsable du plaidoyer pour le préscolaire et la lecture dans le cadre du programme MEG : “Training For Development est un projet similaire du MEG, mais qui consiste à former les enseignants selon les besoins du monde rural. Etabli dans cinq provinces pilotes, moyennant quatre écoles dans chaque province, soit vingt au total, il assurait la formation continue des enseignants en leur proposant la gestion de micro-projets adaptés aux attentes des élèves, des parents et du corps enseignant. Ceci étant, l'évaluation du projet a révélé d'importantes failles structurelles. La majorité des enseignants optaient pour l'enseignement dans les milieux urbains et demandaient ainsi leur mutation après deux ans d'enseignement. Aussi le corps enseignant formé était-il dispersé au bout de trois ans. Certes, les enseignants formés assuraient une bonne formation dans les nouvelles écoles, mais le cadre des écoles-pilotes était sérieusement perturbé. Aussi MEG a-t-il décidé de commencer à la source, en formant les enseignants dans le Centre de formation des instituteurs (CFI). D'ailleurs, une composante du projet MEG a élaboré des modules de formation des enseignants pour le milieu rural, qui seront généralisés dans les CFI”. La deuxième approche de MEG est l'implication des communautés locales dans la vie des écoles, en encourageant les associations des parents et tuteurs d'élèves (APTE), partenaires principaux du projet MEG à participer. Les représentants de MEG incitent les parents et tuteurs d'élèves, surtout les mères, à créer des APTE. Ils les encadrent et élaborent, selon leurs besoins, des micro-projets. Ces derniers sont financés par MEG, en collaboration avec les communautés rurales et le MEN (construction de nouvelles classes, mise en place de bibliothèques, bourses au profit des élèves démunis…). Par ailleurs, le projet MEG, qui soutient les objectifs du MEN dans le cadre de la charte nationale d'éducation et de formation, émise par la commission spéciale éducation formation, travaille avec les équipes provinciales pour améliorer la gestion de l'école et son environnement institutionnel. Parallèlement, des études sur le terrain et des statistiques sont élaborées au fur et à mesure, puis mises au service des enseignants du CFI. Analysant la situation des filles et de leur environnement dans le milieu rural, ces analyses permettent aux instituteurs d'adapter le programme scolaire aux élèves issus du milieu rural. Notons que l'USAID a alloué au programme MEG, depuis sa création, un budget de 12 millions de dollars, affecté au financement de micro-projets et du programme. Le programme MEG se terminera probablement fin 2003, laissant place à un autre programme européen similaire (MEDA Méditerranéenne Aide). Mais, auparavant, MEG aura mis en place un réseau de partenariat entre les APTE, les associations culturelles et sociales et les délégations du MEN. À cet effet, un forum a eu lieu à Rabat en août dernier, qui a regroupé les différents acteurs pour évaluer les micro-projets et le travail des associations. L'objectif est de constituer un réseau de partenariat qui subviendra aux besoins de la communauté locale sans l'aide du MEG et de l'USAID. “ Le programme MEG se terminera bientôt, sauf s'il y a prolongation, nous confie Fatima Jane Casewit, aussi les communautés locales doivent-elles s'organiser pour financer les micro-projets et encourager la scolarisation des filles. Je crois que nous avons réussi à établir un réseau de partenariat et le bilan d'activités le prouve. Nous avons noté une nette amélioration du niveau scolaire des filles qui, généralement, lorsqu'elles dépassent la deuxième année, persévèrent jusqu'au collège (le programme MEG est réservé au primaire). Cette amélioration se répercute sur le niveau de vie des parents qui participent à la vie estudiantine. Nous avons ainsi constitué un comité de mères. ” Le programme MEG s'est heurté à la réticence des familles conservatrices au nord du Maroc, mais il a également bénéficié du concours des habitants du Sud, surtout à Errachidia où la communauté locale s'est organisée en associations et a développé d'ambitieux projets, dont la construction d'une école et la prise en charge des enfants démunis. Le travail du MEN est certes vital, mais la participation de la société civile et la coordination des efforts entre les institutions étatiques et les associations demeurent indispensables pour une meilleure scolarisation des enfants dans le milieu rural, sans dépendre pour autant des aides étrangères. Sanaa Laqzadri