Libre-échange arabo-méditerranéen Le libre-échangisme, en pleine effervescence en ce début de millénaire, consacre aussi le partenariat arabo-méditerranéen PAM) renforcé face à l'UE et aux Etats-Unis. Si les diplomates s'en accaparent les processus politiques, ce sont bien les experts du commerce extérieur qui en sont les “maîtres d'œuvre”. A l'instar de Mostafa Machhouri, ministre du Commerce extérieur marocain et principal artisan des négociations “techniques” déclenchées par le processus d'Agadir. La mise en œuvre de la Déclaration d'Agadir, entérinée le 8 mai 2001 par les quatre pays signataires, Maroc, Tunisie, Egypte et Jordanie, a abouti, en l'espace de trois années, à deux étapes décisives : le paraphe de l'accord sur la zone arabo-méditerranéenne de libre-échange (ZAMLE) le 11 janvier 2003 à Amman et son approbation finale à Rabat en date du 25 février dernier. Un parcours marathonien pour peaufiner les avantages respectifs des partenaires, les dispositions inhérentes à la suppression des entraves au commerce extérieur, un exercice dans lequel s'est distingué Machhouri par sa connaissance du dossier et sa ténacité à défendre au mieux les intérêts économiques du Royaume. Ouverture totale des marchés en 2005 Les quatre pays signataires, tissant un trait d'union entre le Maghreb et le Machreq, auxquels des intentions d'élargissement ont été avancées, notamment pour le Liban et l'Algérie, sont bien engagées dans des processus similaires. Membres de l'OMC et de la grande zone de libre-échange arabe, et liés par des accords de libre-échange bilatéraux par des accords de libre-échange avec l'Union européenne, ils jouent un rôle différencié au sein du partenariat euroméditerranéen mis en branle par le processus de Barcelone depuis 1995. Avec une précision que deux d'entre eux, la Jordanie et le Maroc, ont scellé également des ALE avec les Etats-Unis d'Amérique. La singularité du ZAMLE à mettre en relief, c'est qu'il met en place un dispositif “accéléré” et “offensif” de démantèlement douanier comparé aux processus progressifs à long terme établis avec les partenaires occidentaux. En effet, les dispositions du marché libre entre les économies égyptienne, tunisienne, jordanienne et marocaine prévoient l'exonération totale des droits de douane et taxes d'effet équivalent en faveur des produits industriels échangés en vertu des accords d'association bilatéraux et avec l'Union européenne. Les autres catalogues de produits bénéficieront de cette exonération totale dès le 1er janvier 2005 après un abattement de 80% dès l'entrée en vigueur de l'accord. Les produits agricoles sont mis au régime du démantèlement progressif comparable aux dispositions du programme exécutif de l'accord de la Grande Zone arabe de libre-échange. Ce chapitre est soumis également à la suppression totale des entraves douanières à l'échéance du nouvel an 2005. En ce qui concerne les règles d'origine, le protocole est en conformité avec les dispositions pan-euroméditerranéennes. Le processus d'Agadir est ainsi bien parti pour booster les échanges commerciaux Sud-Sud et promouvoir les exportations marocaines. Dans le but de contribuer au développement de la balance commerciale du Maroc dont les échanges globaux avec ces quatre pays demeurent encore insuffisants, avec 2,06 milliards DH.