Bilan des ventes 2003 Le marché automobile marocain peine à se relever. Entre la problématique du renouvellement de la convention régissant les véhicules économiques et les droits de douane encore pénalisants pour les importateurs, l'année 2003 a vu tout simplement une redistribution des parts de marché pour un volume de ventes qui reste pratiquement le même. Que ceux qui ont tablé sur un volume de ventes en 2000 de 100.000 unités se rendent compte encore une fois de l'impertinence de leur analyse. Le Maroc est un petit marché à l'intérieur duquel l'automobile reste toujours un bien de luxe inaccessible. Et les statistiques de l'Aivam (Association des importateurs des véhicules automobiles montés) le montrent bien. Entre 2002 et 2003, les concessionnaires n'ont vendu que 563 voitures de tourisme de plus, soit une progression de 1,62% ! Deux volets sont à distinguer : les voitures importées (26.093 en 2003, contre 24.825 en 2002) et les Fiat montées à la Somaca (9.066 en 2003, contre 9.777 en 2002). A force de vouloir satisfaire tout le monde, le gouvernement se trouve en face de deux formes de mécontentement. D'une part les importateurs s'estiment lésés à cause d'un schème de démantèlement douanier non respecté, par rapport à ce qui a été stipulé dans l'accord d'association Maroc/UE. D'autre part, le fournisseur officiel des voitures économiques s'est trouvé devant une impasse, à cause de la reprise de Somaca par Renault. L'arrêt presque programmé de la production de Fiat Auto Maroc à Somaca s'est accompagné par une baisse d'activité du constructeur italien (-7,27%). Dans ce sillage, le consommateur marocain a des difficultés à accéder à un bien, parfois considéré comme étant de première nécessité. Redistribution des parts S'il faut distinguer des vainqueurs de la bataille autour de la voiture importée, ce serait sans doute les Japonais. Profitant d'un taux de change avantageux et d'une gamme de produits nouvelle et adaptée de plus en plus au goût des consommateurs marocains, Toyota et Honda ont vu leurs ventes s'envoler, respectivement, de 120,5% et 92,83% par rapport à l'année 2002. Des performances qui ont été réalisées au détriment de Peugeot et Citroën (-16,30% et -1,30%). Les marques du groupe PSA ont souffert d'un manque de nouveautés et d'un vide dus au non remplacement de la version berline de la Peugeot 306. Fort d'une Polo plus convaincante et d'une Passat toujours au top de sa forme, Volkswagen a consolidé sa position. Les deux outsiders, Ford et Opel, ont fini l'année 2003 sur une bonne note, réalisant une progression de 5,73% et 28,67%. Du côté des marques haut de gamme, si le volume global reste le même, la configuration du marché a changé. BMW et Peugeot (avec la 607) semblent profiter d'un relâchement accusé par Audi, tandis que Mercedes enregistre une petite hausse. Le reste des marques présentes sur notre marché continue d'animer le paysage automobile, sans pour autant constituer une incidence sur le top ten. 2004, une autre année blanche ? Le retrait de Fiat Auto Maroc de la chaîne de montage de Somaca est un événement qui risque de provoquer une stagnation, voire une baisse des volumes de ventes annuels au titre de l'année 2004. Certes, les représentants des marques au niveau national ont, tous, prévu des plans d'urgence pour investir le segment des 10.000 voitures libéré par Fiat. Mais à des degrés divers et pas toujours pertinents. Du côté de Fiat, les deux premiers mois de l'année seront consacrés à écouler les stocks de la production de décembre 2003. Après quoi, Fiat Auto Maroc va annoncer la nouvelle gamme de véhicules importés qu'elle compte commercialiser dans ses concessions : Palio, Siena, Panda et Punto restylée, en attendant l'arrivée de la Uno au milieu de l'année. On nous promet dans cette optique une politique de prix et de communication agressive. Deuxième intervenant, le trio Renault/Peugeot/Citroën. Le vide occasionné par les voitures économiques de Fiat serait un facteur accélérateur de la mise en place de produits de substitution qui ne sont autres que Kangoo, Partner et Berlingo. Ces derniers ôteront leurs habits utilitaires pour une présentation plus orientée "berline". Comprenez que les transformations seront légalisées dans le cadre d'une nouvelle convention. En fait le gouvernement instituera ces modifications via deux conventions, l'une régissant le VULE (véhicule utilitaire léger économique) en version tôlée et taxé à 14% de TVA, et l'autre le VULE avec banquette et vitres latérales profitant d'une TVA de 7%, soit la même dont bénéficiaient les Fiat montées à la Somaca. Ceci étant, l'on devrait voir une clientèle migrer de la voiture utilitaire à celle offrant un double usage, utilitaire et familial. Le seul constructeur Renault serait capable d'écouler 6.000 unités de son Kangoo durant l'année 2004, ce qui permettrait d'assurer à la Somaca un volume de production respectable et au consommateur une offre relativement plus adaptée à ses besoins. Le problème du prix risque de constituer un frein, car ces véhicules ne seront pas vendus en dessous de 125.000 dhs. Comment pourra-t-on assurer l'accès à l'automobile de cette façon ? En attendant, cet "état d'exception" ne permettra ni aux importateurs de baisser leurs tarifs de ventes, ni aux constructeurs présents à Somaca de proposer des produits à bas prix. L'année 2004 ne promet pas d'être meilleure.