Le maillot national n'a sans doute plus la même valeur qu'autrefois, puisque la procession des internationaux ayant préféré tourner le dos à la sélection ne cesse de s'allonger, au grand désespoir du public qui ne sait comment interpréter la démotivation de ces joueurs. Dernier en date à aviser la FRMF de sa décision de ne plus jouer en sélection nationale, Abdelilah Fahmi. Par lettre, l'international a donc saisi la Fédération de sa volonté de renoncer aux couleurs nationales, invoquant la mauvaise ambiance qui règne au sein du groupe des Lions de l'Atlas (en référence à la récente CAN 2002). C'est le cinquième cas, après ceux de Mustapha Hadji, Talal El Karkouri, Hassan Kachloul et Youssef Rossi. Les trois premiers avaient accordé la priorité à leur club, tout comme Fahmi vient de le faire en avançant une raison officielle. Pour Rossi, la situation est un peu différente, puisque son refus est lié à la présence de Cuelho à la tête de la sélection nationale. Pour ce qui est de Fahmi, il aurait pu prendre la peine d'attendre un petit peu avant de re-signer pour trois ans avec son club, Lille, car chacun aura compris l'épée de Damoclès que son entraîneur Vahid Halilhodzic a placée au-dessus de sa tête : choisir entre le club qui le paie à la fin du mois et la sélection de son pays. Il est vrai qu'à l'occasion d'épreuves aussi longues qu'une Coupe d'Afrique des nations, les internationaux doivent s'absenter pour longtemps et leur club se trouve pénalisé, surtout quand ils sont plusieurs à rejoindre le continent africain. Certaines équipes, surtout en France, ont été “saignées” à…blanc, à l'occasion de cette CAN 2002, comme Auxerre, Sedan ou Lille, dont les entraîneurs se sont fâchés au point de menacer leurs internationaux (surtout à Lille). Les joueurs en fin de contrat ont alors opté en faveur du renouvellement de leur bail. D'où leur renoncement à la sélection de leur pays. Pour l'heure la FRMF n'a pas réagi. Ce qui est grave pour l'avenir, car l'hémorragie va s'étendre et on aura du mal à trouver un pro de valeur pour renforcer les Lions de l'Atlas. On imagine mal un joueur sud-américain ou européen agir de la même manière et si les Africains acceptent ce chantage, c'est qu'ils sont moralement faibles et cèdent à la première injonction. Il appartient aux fédérations africaines de saisir la CAF, laquelle devrait en débattre avec l'instance suprême, la FIFA, pour ramener les dirigeants des clubs européens à la raison. Et justement, maintenant que l'Afrique a son candidat pour la présidence de la FIFA, en la personne d'Issa Hayatou, il est temps de mettre fin à cet odieux chantage. Finalement, l'exemple vient de Nourredine Naybet, le capitaine des Lions de l'Atlas, qui plaque tout pour la sélection de son pays, alors que son club du Deportivo la Corogne est engagé sur tous les fronts (championnat, Coupe d'Espagne et Coupe d'Europe)