Eradication des bidonvilles à Casablanca La Wilaya de Casablanca a abrité, vendredi 27 juin, la cérémonie de signature de cinq conventions visant la redynamisation du secteur de l'urbanisme et de l'habitat dans la capitale économique. Ces conventions ont plus particulièrement concerné la remise en chantier de plusieurs projets d'habitat social dont certains, tel le projet Hassan II des Carrières centrales, sont bloqués depuis des années. Le Premier ministre était dans la capitale économique vendredi dernier. Accompagné de Taoufiq Hjira, ministre chargé du Logement et de l'Urbanisme, Driss Jettou a présidé la cérémonie de signature de cinq conventions destinées à relancer les travaux de réalisation de plusieurs programmes de recasement de bidonvilles encore disséminés sur le territoire de la capitale économique. Ces programmes étaient bloqués depuis plusieurs années pour des raisons liées, en particulier, soit à des problèmes fonciers, soit à un manque de financement.(voir détail ci-dessous) Les cinq conventions permettront ainsi de débloquer la situation. Près de 8.000 familles habitant actuellement dans des bidonvilles ou dans des habitats insalubres vont ainsi bénéficier de logements décents. L'enveloppe financière allouée à ce programme dépasse les 2,1 milliards de dh. A ce propos, il faut relever que le département de l'Habitat, par l'intermédiaire de certains de ses OST (Organismes sous tutelle) s'est beaucoup investi pour la remise en chantier de ces projets. Citons en particulier l'Agence nationale de lutte contre l'habitat insalubre et la Société nationale d'équipement et de construction qui sont partenaires dans quatre projets. La CDG s'est occupée du cinquième. Une doléance inacceptable Dans l'allocution qu'il a prononcée à l'issue de la cérémonie de signature, le Premier ministre s'est dit convaincu qu'au rythme où vont les choses, Casablanca pourrait arriver à bout de ses problèmes dans le domaine de l'habitat insalubre dans les quatre à cinq années à venir. Il a à ce sujet rappelé la tournée royale des 27 et 28 mai dernier au cours de laquelle le Souverain a inauguré quatre opérations lancées par le secteur privé pour la réalisation de 51.000 logements sociaux. Quatre autres projets comprenant 21.000 logements sociaux sont actuellement en discussion entre des promoteurs privés et les pouvoirs publics. A ce sujet, Driss Jettou a été très clair en ce qui concerne la réponse à donner à l'une des doléances du secteur privé présentée dans l'exposée fait par le gouverneur de l'Agence urbaine de Casablanca. “ Il n'est pas question, a précisé Driss Jettou, que l'Etat marchande les superficies destinées aux équipements publics dans les projets à réaliser par le privé (écoles, hôpitaux, espaces verts …). Les superficies prévues par la réglementation urbanistique à cette fin doivent par conséquent être scrupuleusement respectées. En effet, beaucoup de pays qui n'ont pas pris des précautions dans ce domaine vivent aujourd'hui des problèmes insurmontables. “ Nous ne pouvons tolérer l'installation de ghettos en béton que nous regretterons dans l'avenir ”, a ajouté le Premier ministre pour clore ce sujet. Commentant la mise au point du Premier ministre, un architecte présent ce jour-là, nous a confié que les pouvoirs publics ont déjà accordé beaucoup de concessions au secteur privé dans le but d'insuffler une nouvelle dynamique à l'habitat social. Des dérogations au plan d'aménagement, inimaginables quelques mois plus tôt, ont ainsi été consenties. Mais les promoteurs veulent toujours plus. L'architecte a approuvé la position du Premier ministre qui doit effectivement être intransigeante pour ce qui concerne les équipements publics. En effet, l'avenir de nos enfants et des générations à venir en dépend, et nous n'avons pas le droit de le handicaper aujourd'hui. La RATC en réanimation La cérémonie de conclusion des cinq conventions d'habitat social a également connu la signature du contrat-programme de la Régie autonome de transport public urbain de Casablanca. La RATC s'engage au titre de ce contrat à entreprendre des mesures de gestion pour minimiser ses besoins financiers de fonctionnement. Ces derniers, chiffrés à 50 millions de dh, seront comblés par des subventions, respectivement de 30 millions de dh par le ministère de l'Intérieur, et 20 millions de dh par la Communauté Urbaine de Casablanca. Ce contrat constitue un premier volet d'un plan de restructuration globale du service. Il expire le 31 décembre 2003. Après, on verra, semblent dire les pouvoirs publics. La RATC est ainsi à son énième plan de restructuration. Et nul ne voit le bout du tunnel. Comme pour répondre à l'expression sceptique de l'assistance, le Premier ministre a pris la parole en guise de conclusion pour annoncer que le gouvernement vient de classer le secteur du transport urbain parmi les priorités qui nécessitent une politique de proximité. Le détail des cinq conventions 1-La première convention concerne le projet Hassan II pour le recasement des bidonvillois des Carrières centrales. Le projet vise la réalisation de 1.250 unités de logements sociaux, dont 1.000 unités pour le recasement des bidonvillois du quartier. Il s'étend sur une superficie de 6 hectares appartenant au domaine privé de l'Etat. Il sera réalisé en partenariat avec le secteur privé à l'issue d'un appel d'offres portant sur le choix du meilleur projet. Le délai de réalisation est de 18 mois après autorisation du projet pour une enveloppe budgétaire de 200 millions de dh. Cette convention, qui a été signée entre le Conseil préfectoral d'Aïn Sebaâ et l'Agence nationale de lutte contre l'habitat insalubre, concerne la première tranche de ce projet social d'envergure qui souffre de l'insuffisance de l'assiette foncière. Une étude technique et financière dont les résultats sont attendus pour les prochaines semaines devrait aider les pouvoirs publics à mettre en place un planning précis pour une solution d'ensemble du quartier. 2- Cette convention concerne le recasement des habitants du bidonville de Douar Nakhil, sis dans la commune urbaine de Nouaceur ainsi que l'amélioration de l'environnement des alentours de l'aéroport international. Le projet se propose la construction de 1.000 logements et l'équipement de 320 lots de terrain sur une superficie de 14,5 hectares. Le délai de réalisation ne devrait pas dépasser 20 mois après autorisation. L'enveloppe financière a été évaluée à 156 millions de dh. L'ONDA y contribuera avec 15 millions de dh et le Fonds de solidarité pour le logement avec 45 millions de dh. La convention a été signée entre la commune urbaine de Nouaceur, l'Agence nationale de lutte contre l'habitat insalubre, l'ONDA et l'Office des logements militaires. 3- Elle intéresse la réalisation et le financement de l'opération Omar Ibn Khattab pour le recasement des habitants des bidonvilles se trouvant sur le territoire de la préfecture Al Fida/Derb soltane. Le projet vise la réalisation de 220 logements sociaux et 250 commerces sur une superficie de 1,6 hectare. Le coût global est estimé à 33 millions de dh et la durée de réalisation fixée à 12 mois. Cette convention engage le Conseil préfectoral de la préfecture Al Fida/Derb Soltane et l'Agence nationale de lutte contre l'Habitat insalubre. 4- Le quatrième projet se propose de mettre en chantier les conditions pour l'achèvement du complexe résidentiel et commercial destiné au recasement des derniers bidonvilles, sis dans la commune de Sidi Maârouf, dans la préfecture d'Aïn Chock/ Hay Hassani. Le programme de cette convention vise la construction de 990 unités de logement et 27 commerces sur une superficie de 10 hectares. L'enveloppe attribuée s'élève à 148 millions de dh et la durée de réalisation ne devrait pas dépasser les 20 mois après autorisation. La convention a été signée entre la commune de Sidi Maârouf et la Société nationale d'Equipement et de construction. 5- La cinquième convention est relative à l'opération Al Bahia dans la préfecture Al Fida/Derb Soltane. Le projet vise la construction d'un complexe résidentiel et commercial comprenant 300 logements et 50 commerces pour le recasement de 85 familles résidant dans des habitats insalubres sur le territoire de la préfecture. La superficie prévue pour le projet est de 12.750 m2 appartenant au Domaine privé de l'Etat, et l'enveloppe qui sera débloquée a été estimée à 100 millions de dh. Quant à la durée des travaux, elle ne devrait pas dépasser 24 mois. Cette convention a été paraphée par le Conseil préfectoral d'Al Fida/Derb soltane et la CDG.