Le règlement parasismique (RPS 2000) a été au cœur des travaux du séminaire organisé par le SEH, avec l'appui de la SONACID. Un défi à portée limitée, qui accorde la priorité absolue à la préservation des vies humaines en cas de catastrophes naturelles. Deux décisions majeures ont été annoncées au cours du forum de l'EMI, ce mardi 16 avril, par Mohamed Mbarki : la création imminente d'un Centre national d'études et de recherches sur les risques naturels et l'institution d'un Comité national du génie parasismique. Dans la foulée, sera également constitué un Conseil national de l'habitat, une structure de concertation entre tous les acteurs intervenant dans le secteur. Enfin, la loi est votée Dans son allocution d'ouverture, le secrétaire d'Etat a lancé un soupir de soulagement : “enfin, le règlement tant attendu de la construction parasismique est né”. Un projet qui s'était égaré dans les dédales du Parlement depuis près de deux décennies. Plus précisément, depuis les “Normes d'Agadir 1960”, mort-nées en raison de l'extrême faiblesse de la connaissance de la sismicité du Royaume, communément considérée comme moyenne. “La sécurité totale est possible, mais elle coûte excessivement cher”, affirme l'équipe pilote qui a rédigé le code nouvellement adopté. Les options retenues intéressent, en priorité, le sauvetage des vies humaines en cas de force majeure. Les responsables confirment : “la préoccupation de garantir la sécurité à nos citoyens dans leurs habitations comme à l'école, au marché et dans tous les espaces de leur vie constitue un tout. Le règlement de construction parasismique est l'une des facettes, certes capitale, mais ce n'est pas la seule”. Le code sera accompagné d'un arsenal normatif technique, apte à améliorer la qualité et la sécurité de nos constructions. Ce nouveau texte aura également un impact sur le développement de la prévention par la Protection civile. Autrement dit, le RPS 2000 circonscrit les normes à observer pour que les bâtiments soient en mesure de résister le plus longtemps possible, le temps que soient évacuées les personnes en danger. En outre, les édifices devant perdurer au-delà du sinistre, à l'instar des hôpitaux, jouiront d'un coefficient très élevé de sécurité. L'accouchement du RPS 2000 a tiré le meilleur parti des enseignements des failles constatées lors des séismes d'Al Asnam, Kobé (Japon) et Mexico, par le recours aux techniques les plus récentes. Le RPS 2000 entrant en vigueur dans six mois, est conçu pour s'appliquer aux constructions nouvelles et aux bâtiments existants qui subiront des modifications importantes, telles que le changement d'usage, la transformation pour des raisons de sécurité publique ou la construction d'un ajout. Toutefois, le décret du Premier ministre, en date du 22 février 2002, exempte de la loi les bâtiments conçus selon les techniques locales traditionnelles et les bâtiments d'un niveau, à usage d'habitation ou professionnel, d'une superficie inférieure à 50 mètres carrés. Le règlement ajoute : “pour assurer un degré de sécurité acceptable aux vies humaines, pendant et après un grand séisme, il est demandé que l'ensemble de la construction et tous ses éléments structuraux ne présentent, vis-à-vis des forces sismiques de calcul, qu'une probabilité assez faible d'effondrement ou de dommages structuraux importants”. Le géotechnicien Khalid Ramdane, directeur de l'EMI, a tenu à préciser que l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions réglementaires protègera le patrimoine national, qui sera trois fois plus important que l'ancien dans 50 ans. Il a, en outre, démenti les rumeurs de surcoût au gros-œuvre occasionné par les nouveaux paramètres, puisque 80% des bâtiments réalisés jusqu'ici ne sont pas étudiés, ce qui donne lieu à un surenchérissement des coûts à la construction. Pour pallier ces carences, Mbarki a fait appel à toutes les bonnes consciences : “la lutte contre la triche doit s'accélérer à tous les niveaux, financier et technique”, tout en préconisant de faire connaître largement les opérateurs observant un code de bonne conduite. Ce “front national de l'habitat” doit parer au déficit actuel énorme en matière de normalisation des constructions. Le nouveau règlement ne peut s'appliquer sans l'adhésion honnête et citoyenne de tous les intervenants dans l'acte de bâtir. Fait d'importance à signaler : le RPS, contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays de la région, est le produit intégral de l'ingénierie nationale. Les travaux ont mobilisé, depuis deux ans, une équipe pluridisciplinaire de scientifiques, sous la coordination de Khalid Ramdane, docteur en dynamique des sols. L'équipe comprend Tawfik Elouali, docteur en dynamique des structures et professeur à l'EMI, Benaïssa Tadili, spécialiste en risques sismiques à l'Institut scientifique de Rabat, Lahcen Aït Brahim, spécialiste en sismotectonique, professeur à la faculté des sciences et, en dernier lieu, Mohamed Saïd Zettam, spécialiste en génie parasismique. La philosophie du règlement vise à assurer la sécurité humaine et la protection des biens matériels. Hélas, le Maroc ne redoute pas les seuls tremblements de terre. La liste des catastrophes naturelles est longue avec les inondations, les glissements de terrains, la désertification et la sécheresse, et les invasions acridiennes.