Conseil national du PJD Le PJD est en passe de sortir du tunnel. Des remises en causes ont été nécessaires : Imarat Al Mouminine, Juifs marocains et intégrisme ont été autant de points sur lesquels les protégés du docteur Khatib devaient se prononcer. Clairement, irréversiblement. C'est désormais chose faite. Analyse. Samedi 5 juin, Conseil national du PJD. Un membre, Abdelhafid Chikri, arbore une pancarte : “Le PJD est mur et vacciné”, le jeu de mots ne passe pas inaperçu. En tout cas, pas pour un vieux de la vieille, Dr Khatib par ailleurs secrétaire général. Intraitable, il exige la démission de celui qu'il qualifie de fauteur de troubles. Gain de cause, Chikri est vite mis au pas. Moralité : quand Dr Khatib est furieux, il veut qu'on lui obéisse.Quand “on” obtempère c'est que le message est reçu. Significatif, l'incident à l'allure d'un test. Il révèle surtout l'ambiance, dans laquelle s'est tenu le Conseil national du PJD, attendu depuis bientôt deux mois. Il fera sûrement date. Mais il sonne la fin de la traversée du désert pour les barbus du docteur Khatib. Et pour cause : le communiqué final a été dans les circonstances actuelles, un nouveau pacte de partenariat entre Khatib d'une part et le MUR d'autre part. Il est d'abord question d'autocritique. Dès l'ouverture du Conseil, Saâd Eddine Othmani n'y est pas allé par quatre chemins : “nous procéderons, comme promis, à une autocritique courageuse et une révision qui s'impose”. Dans le même ordre d'idées, la déclaration finale réaffirme l'attachement indéfectible aux constantes de “l'Etat marocain, dont le Roi est Amir Al Mouminine”.Autre point, autre remise en cause. Le communiqué signale, sans ambiguïté il est vrai, que le PJD ne fait aucune distinction entre les Marocains, de quelque confession qu'ils soient. Plus encore, les Juifs marocains le sont à part entière, lit-on dans le communiqué. Une clarification de taille, quand on a reproché souvent aux membres du PJD des propos taxés d'anti-sémitisme à peine voilés. Sept ans après son entrée en scène politique, le PJD semble vivre dans la douleur sa maturation politique et idéologique. Définitif ? Rien n'est moins sûr, tant il est vrai que le parti n'est pas une formation homogène. A retenir cependant : le PJD est plus que jamais conscient qu'il n'est pas un parti comme les autres. Plus qu'un autre, il est appelé à mettre de l'ordre dans ses rangs et ses choix. Un signe parmi d'autres : le PJD s'est assigné une auto-démobilisation lors des prochaines élections. Son Conseil national, a de ce fait, décidé de “limiter ses candidatures aux communales”.Tactique d'apaisement ? Reprise de forces ? Quoi qu'il en soit, l'équilibre politique est trop sérieux pour le laisser aux mains de la mouvance populo-islamiste. Le prix, le cas échéant, peut être très élevé. Plus, conscient qu'il ne faut jamais pousser un adversaire au désespoir, l'Etat a positivement joué son rôle dans la crise du PJD. Les contacts et tractations entre des hauts responsables de l'Etat et la direction du PJD sont désormais un secret de polichinelle.Le résultat est désormais lisible. “Le PJD, est déterminé pour sa part à rationaliser sa participation aux prochaines élections. Son niveau sera déterminé par le secrétariat général”. Comprendre avec Dr Khatib. Le patriarche … veille donc au grain. Et la séparation avec le MUR dans tout cela ? Evidemment, telle entreprise prendra beaucoup plus de temps. Cependant, elle est d'ores et déjà sur l'agenda politique. Une semaine avant le CN, le nouveau président du MUR, Mohamed Hamdaoui l'a explicitement relevée. Dans une interview accordée à Attajdid, le nouveau chef de file des Muristes, avait assuré qu' “il était grand temps de revoir la nature de la prestation politique du mouvement”. L'un de ses corollaires n'est rien d'autres que la “révision de la relation avec le PJD”.Premier rendez-vous pour “juger sur pièces” les élections prochaines qui arrêteront la part des uns et des autres dans les candidatures. Bref, l'autocritique est déjà un fait, la séparation attendra. Longtemps ?