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Le patronat réclame un traitement différencié...
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 07 - 2003


Hausse du SMIG
L'entrée en vigueur de la première tranche de la hausse du SMIG, telle qu'arrêtée dans les accords du 30 avril dernier, a pris un petit retard, du moins pour les secteurs autres que le textile, le tourisme et l'agroalimentaire. Au grand dam du patronat, qui se complaisait dans cette situation, le dossier vient de sortir des tiroirs. Les décrets d'application sont pratiquement bouclés et il ne reste plus que l'approbation du Conseil de gouvernement pour qu'ils soient publiés.
Les patrons, qui ont pourtant eu un répit de trois années, n'entendent pas avaler la pilule sans rien...avoir en contrepartie. Ceux du textile, dont le premier tour viendra à partir de début janvier 2004, préparent déjà une initiative pour demander au gouvernement une hausse différenciée suivant la région.
Allez, c'est reparti pour une nouvelle revalorisation du SMIG (Salaire minimum garanti) ! La sentence, qui est consignée dans les accords du 30 avril dernier, où Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi, des affaires sociales et de la solidarité a réussi la prouesse de mettre d'accord gouvernement, syndicats et patronat, est en passe d'entrer en vigueur. Avec, somme toute, un retard de deux mois pour les premiers secteurs concernés, en l'occurrence tous sauf ceux du tourisme, du textile et de l'agroalimentaire.
Ce retard avait d'ailleurs suscité certaines appréhensions, puisque nombre de dirigeants d'entreprise pensaient que l'Etat allait appliquer une politique de l'autruche sur ce dossier ou carrément surseoir à sa mise en œuvre. Ceci pour la simple et bonne raison que la décision d'augmenter le SMIG est de nature à gonfler davantage ses dépenses budgétaires et, partant, à lui plomber encore plus les ailes dans un Maroc qui a tant besoin d'investissements.
En réalité, cet argument n'est pas faux, loin de là. Ce sont en effet quelques 200.000 fonctionnaires qui sont directement concernés. Mais, il n'est pas non plus suffisant pour faire reculer Driss Jettou et son équipe qui tiennent à donner l'exemple. "Ensemble, nous avons décidé de mettre la main à la poche. Alors, il faut y aller", semble dire, en substance, le gouvernement qui a fini de ficeler les décrets d'application qui seront incessamment soumis au Conseil de gouvernement. Sixième du genre depuis le début des années 90, cette augmentation du SMIG, qui porte sur une hausse globale de 10%, se fera toutefois sans effets rétroactifs. Les deux mois de retard, en l'occurrence juillet et août, ne seront donc pas payés ni par les pouvoirs publics aux fonctionnaires ni par le patronat à ses employés. Par contre, tous les secteurs, hormis les trois cités plus haut, devront régler leurs employés smigards à partir de septembre notamment pour la première tranche de hausse de 5%. Ensuite, la seconde tranche viendra s'ajouter à partir du 1er juillet 2004. Par contre, pour les patrons exerçant dans l'agroalimentaire, le textile et le tourisme, le paiement de la première tranche n'interviendra qu'au début de janvier 2004. Tandis que la deuxième commencera l'année suivante.
Un traitement différencié
En attendant, la CGEM et l'AMITH (Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement) en particulier n'entendent pas avaler la pilule sans rien... recevoir en contrepartie. Ils s'apprêtent à affronter le gouvernement pour avoir un traitement différencié sur cette hausse.
Selon Salaheddine Mezouar, président de l'AMITH : "le coût de la vie n'est pas le même selon que l'on soit à Casablanca où dans un douar situé dans un coin reculé du pays. La hausse du SMIG devrait tenir compte de ce facteur géographique comme c'est le cas en Egypte, en Turquie ou encore en Chine. Le SMIG appliqué à Shanghaï est, par exemple de 2,5 à 3 fois supérieur à celui des autres villes. Alors, nous disons : pourquoi ne pas adopter ce même système de SMIG différencié au Maroc ? D'autant plus que c'est un bon stimulant pour le développement régional. Des efforts ont été faits en ce qui concerne l'énergie et la fiscalité, il faudrait en faire autant pour la main-d'œuvre. Ce qui aidera le Maroc à développer des stratégies adaptées au niveau des coûts notamment dans ses rapports avec l'Europe et plus tard avec les USA avec lesquels il est en passe de signer un accord de libre-échange. En tout cas, à la CGEM et à l'AMITH, nous avons entamé une réflexion dans ce sens. Nous allons probablement faire une étude qui sera, par la suite, soumise au gouvernement et aux syndicats. Parce que cette approche
n'est pas limitée uniquement au monde économique, elle englobe aussi le monde politique et le monde syndical".
Par ailleurs, Salaheddine Mezouar pense que "la hausse du SMIG devrait être appliquée à plus petites doses et au début de chaque année, au lieu du traditionnel 1er mai. Pourquoi pas une hausse annuelle, se demande-t-il, notamment pour permettre aux dirigeants d'entreprise de pouvoir l'intégrer dans leur prix de revient ?»
Selon le président de l'AMITH, c'est plus logique et cela permettra d'éviter d'habituer tout le monde à un certain niveau de prix pendant plusieurs années.
Le point de vue de l'UMT
Selon Mokharek Miloudi, Secrétaire national de l'UMT (Union Marocaine du Travail) que nous avons contacté au sujet de la hausse du SMIG en général et de sa hausse différenciée par région en particulier, "la position de l'UMT telle qu'elle était lors du dernier round du Dialogue social n'a pas bougé d'un iota. C'est-à-dire que nous n'avons vraiment jamais eu de problèmes avec le patronat formel qui déclare ses employés et s'acquitte normalement de ses devoirs vis-à-vis d'eux. Ceci pour vous dire que c'est toujours un certain patronat, qui pratique la contrebande sociale, qui sème la zizanie. Et donc concernant la hausse du SMIG, l'UMT a toujours déclaré qu'il n'y a pas de catégories pour les Marocains. Si le pain augmente, cela concerne l'ensemble des travailleurs de tous les secteurs. Par conséquent, il est inconcevable, voire immoral, d'avoir un SMIG pour ceux-ci et un autre pour ceux-là".


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