Antisémitisme Chaque fois que l'Etat hébreu constate qu'il perd en crédibilité aux yeux de l'opinion internationale, en raison de ses multiples violations des droits de l'homme en Palestine, son refus systématique d'appliquer les résolutions de l'ONU, ou de signer les traités relatifs à la non-prolifération des armes nucléaires au Moyen-Orient, il brandit l' " arme " de l'antisémitisme. Dernier exemple en date, la campagne menée, tambour battant, contre d'éminents médias occidentaux tels que la BBC, l'agence Reuter's ou le quotidien français Le Monde. La crainte du gouvernement israélien de perdre encore plus de terrain semble le déstabiliser. La preuve, sa récente diatribe à l'égard du Centre Zayed pour la coordination et le suivi. Récit d'un establishment qui a raté sa transformation d'un Etat militaire en Etat civilisé. Depuis environ un mois, le lobby médiatique pro-israélien s'acharne quasi-quotidiennement sur ceux qu'il qualifie d'antisémites. Lundi dernier, le londonien " The Daily Telegraph " a, dans un de ses éditoriaux, appelé à "assainir la BBC (radio comme télévision) avant que cette chaîne britannique n'empoisonne les idées des nouvelles générations ". La raison de cette fureur israélienne, la diffusion par ce média respectable et crédible, d'un programme objectif sur les armes nucléaires que possède l'Etat hébreu. Ce qui a fortement contrarié les responsables à Tel-Aviv. La neutralité avec laquelle le sujet a été traité par la BBC a été plus qu'accablant aux yeux de ces derniers. " C'est un complot contre l'Etat d'Israël, c'est de l'antisémitisme ", disent certains parmi eux. Au point qu'un porte-parole du gouvernement Sharon est allé même jusqu'à menacer de porter plainte devant les tribunaux britanniques concernés. Il accuse la BBC d'avoir essayé de présenter Israël comme étant un " Etat voyou ", hors-la-loi, semblable à celui de Saddam Hussein. Pourtant, à aucun moment de ce programme, présentateurs et intervenants, n'ont cherché à mettre en cause la politique israélienne dans ce domaine. Tout ce qu'ils ont fait, c'est de se contenter de souligner que ce pays est le seul dans la région à posséder des armes de destruction massive. Ce qui veut dire logiquement, qu'il constitue un véritable danger pour ses voisins. Lui, qui est censé vivre en paix avec eux. De plus, ce même Daily Telegraph accuse la BBC de diffuser un reportage montrant les autorités israéliennes qui devraient en principe, préserver les monuments historiques chrétiens et musulmans en train de les détruire dans la partie Est d'Al-Qods. Mais ce qui a irrité les Israéliens aussi, c'est que ce reportage a démontré avec habileté que la ville sainte n'abrite pas de monuments juifs. Une réalité confirmée par un nombre d'historiens juifs. Autre cible de cette campagne injuste, celle visant l'agence Reuter's, la plus importante dans le monde, qui vérifie le point et la virgule, lorsqu'il s'agit de diffuser n'importe quelle information. Dans ce contexte, l'Institut américain Entreprise, s'est attaqué à cet organe indépendant parce qu'il a diffusé une interview du secrétaire d'Etat américain au cours de laquelle Colin Powell a indiqué qu'il n'était pas nécessaire d'intervenir militairement lorsqu'il y a une chance de résoudre le problème politiquement. Allusion faite aux tiraillements entre Washington et Téhéran. Reuter's est devenue antisémite parce qu'elle défendait aussi la République islamique d'Iran qui veut utiliser le nucléaire pour frapper Israël. Allez comprendre… Quant au comble, il a été illustré par l'attaque violente contre le Centre Zayed pour la coordination et le suivi. Une lettre qu'a reçue récemment son directeur général Mohamed Khalifa Al-Murrar de l'Institut de recherche et d'information du Moyen-Orient et les institutions juives mondiales, accusent vivement ce centre d'avoir invité la professeur Oumaïma al-Jalahima, de l'Université du roi Fayçal de Riyad. Considérant que cette dernière est antisémite parce qu'elle a donné une conférence sur le statut de la femme juive en Israël. Cependant, ces mêmes institutions ont oublié que le centre Zayed invite depuis sa création des personnalités occidentales, entre autres juives, pour donner des conférences. Mais ce qui gêne apparemment le lobby sioniste, c'est la réussite réalisée jusqu'ici avec la participation des invités de marque, toutes tendances confondues, tels que : l'ancien président Jimmy Carter, ou Al Gore ou James Baker. Loin de l'Etat civilisé Il y a 50 ans, David Ben Gourion a posé aux Israéliens un défi : "comment cet Etat pourrait devenir un exemple pour les non-juifs ?" Aujourd'hui, on peut dire qu'Israël n'a jamais réussi à atteindre cet objectif puisqu'il est devenu un Etat de plus en plus fermé aux autres communautés malgré les quelques nominations de façade au sein de l'armée qui n'englobent que les Druzes d'Israël uniquement, plus précisément, les gardiens des frontières qui font les sales boulots. Selon les idéalistes juifs, cet Etat est devenu lui-même antisémite lorsqu'il applique des thèses et des logiques similaires aux autres. Pour certains analystes israéliens, le pays est aujourd'hui, plus proche de ceux du tiers-monde. Le fossé qui se creuse au fil des jours entre riches et pauvres, le recul de la classe moyenne, la corruption présente au niveau du système politique, et la dégradation de l'éducation le prouvent. La culture du chômage, la fermeture des théâtres, les chiffres alarmants donnés par les statistiques montrent qu'Israël a perdu la bataille de transformation d'un Etat militarisé en un Etat civilisé. De ce fait, il ne lui reste plus, affirment les plus avertis de la société israélienne, que l' "arme" de l'antisémitisme à utiliser pour masquer cette réalité tragique. "C'est nous qui sommes devenus antisémite", s'accordent à dire les démocrates israéliens. L'élite ne joue plus son rôle, elle a démissionné depuis belle lurette, alors que nous ne nous comportons pas comme une société civilisée. Car nous continuons à humilier un peuple que nous occupons et à diriger le pays avec un esprit mafieux, poursuivent ces derniers. L'antisémitisme, cette carte jouée en permanence pour intimider les autres, sortir des crises, assumer la fuite en avant, n'a plus le même effet d'antan. La preuve lorsque les responsables israéliens, avec eux un lobby si puissant à l'étranger, commettent l'erreur monumentale en s'attaquant injustement à des médias crédibles pour justifier un revers cuisant en matière de communication. En fin de compte, on ne peut gagner une bataille en misant toujours sur des instruments du passé. Le XXIème siècle a ses propres nouveaux produits basés sur le réel non pas sur le virtuel. On ne peut gagner indéfiniment en histoire et perdre en géographie… Il y a 50 ans, David Ben Gourion a posé aux Israéliens un défi : "comment cet Etat pourrait devenir un exemple pour les non-juifs ?" Aujourd'hui, on peut dire qu'Israël n'a jamais réussi à atteindre cet objectif.