La discipline sportive la plus représentative du Maroc au niveau planétaire, avec ses titres et ses sacres incomparables, à savoir l'athlétisme, vit des moments graves. Elle est en proie à une crise qui n'ose pas dire son nom, bien qu'elle dure depuis un an et demi, au sein de l'instance fédérale, actuellement gérée par un comité provisoire incapable de mettre de l'ordre dans les affaires courantes. Depuis des mois, toutes les tentatives menées pour tenir les assises de la FRMA ont échoué, car le terrain n'est toujours pas propice au changement, faute d'un président à la tête de cette Fédération pas comme les autres et qui a, apparemment, du mal à trouver un successeur au responsable sortant, le charismatique Hadj Mohamed El Mediouri. Pendant un an, tous les candidats potentiels à cette lourde charge se sont débinés pour de multiples raisons, dont la plus répandue est de n'avoir pas reçu un feu vert venant de haut lieu. Car, désormais, d'aucuns, dans plusieurs ministères de souveraineté, estiment que certaines fédérations relèvent du sacré et que, par conséquent, leur direction doit être dévolue à des personnages dûment adoubés par les hautes sphères. Avec ce genre de raisonnement, avalisé par le département de tutelle, le comité provisoire de la FRMA, ainsi que le CNOM, voilà qu'inconsciemment on retarde la tenue d'une assemblée générale pour élire un nouveau bureau doté d'un président. La dernière tentative engagée au niveau des ligues a avorté, faute de consensus sur l'ensemble des points discutés. Et, une fois l'éponge jetée, on ne voit plus très bien qui pourrait sortir l'athlétisme national de l'impasse. M'hamed Aouzal, président dudit comité provisoire, ne cesse de clamer sa grande lassitude, en appelant à la régularisation de la situation de ce sport, mais en vain, puisque les bonnes volontés ne se manifestent que pour creuser et entretenir davantage les divisions. Le département de tutelle se tient à l'écart de cette folle agitation, comme s'il n'était pas concerné par la mise en conformité d'une instance hors-la-loi. Et, comme dans le cérémonial des successions papales, de nombreux “décideurs” guettent la fumée blanche. En vain. Dans un Maroc qui se veut neuf, jeune, moderne et en adéquation avec les exigences démocratiques du 3e millénaire, il serait peut-être temps de changer de mentalité et d'effectuer le grand saut, en procédant à une élection du bureau et du président le plus librement du monde. Après tout, ce n'est pas un monstre qui va surgir des urnes et, avec toutes les imperfections dont souffre l'athlétisme marocain, il n'y a plus lieu de s'effrayer.