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L'étau se resserre autour de Zakaria Miloudi
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 06 - 2003


Procès d'Assirat Al Moustakim
Juste avant la comparution des gros calibres de la Salafiya Jihadiya, les nommés Fizazi, Chadili et Haddouchi la semaine dernière aura eu également son lot de suspense et de grandes révélations. Au milieu des redites, désormais de rigueur dans ces procès, il y a Zakaria Miloudi qui, à lui tout seul, mérite plus d'un arrêt. L'éloquence, l'assurance teintée d'une arrogance à peine déguisée pour esquiver la justice.
C'était prévisible. La semaine ayant commencé de façon très fade, on s'attendait à un procès encore monotone où les accusés répètent la même chose et disent tous qu'ils sont innocents et ne savent rien de se qui se passe.
Pour la plupart, ils se disent de pauvres hères, inoffensifs, dont le seul tort aura été d'avoir un ami kamikaze ou sur le point de l'être, ou d'habiter le quartier des personnes impliquées directement dans les attentats, ou tout bonnement d'être de vaillants croyants qui fréquentent les mosquées et ne ratent pas un seul prêche douteux !
A les croire, tous ces barbus et moins barbus qui siègent dans ce box en verre au tribunal, dans la salle 8, sont là par hasard, de simples accusés qui n'ont rien fait et qui avaient seulement l'habitude de parler de temps à autre des préceptes de l'Islam !
Quand on écoute attentivement les dires des uns et des autres depuis quinze jours, on se rend très vite compte, pour peu qu'on soit un peu à cheval sur les redondances, que les accusés réagissent comme s'ils s'étaient passé le mot, à quelques détails près, on aurait pu écouter un seul et présumer des réponses des autres tant ce qu'ils avancent paraît comme des variantes ou alors des variations peu élaborées sur le thème de la négation.
D'ailleurs le “non” bat tous les records depuis le début des procès. Normal, dirions-nous ? Oui, sauf que les charges sont lourdes et les déclarations contradictoires ne sont pas pour simplifier la tâche ni aux juges ni aux avocats ni à tous ceux qui suivent l'affaire avec beaucoup d'intérêt. Bref, si l'on comptait sur les réactions des détenus accusés d'avoir au moins un lien avec des groupes islamistes radicaux comme la Salafiya Jihadiya ou d'être impliqués dans les attentats du 16 mai à Casablanca, on refermerait très vite le dossier puisque les accusés sont tous devenus adeptes de la monosyllabe et du geste qui dit niet. Ceci aura été sans compter sur le gros de l'affaire : les ténors de la Salafiya et l'une des figures les plus connues depuis une certaine fatwa qui a été suivie par la mort d'un certain Kerdoudi à Sidi Moumen. Il s'agit bien entendu de l'imperturbable Zakaria Miloudi, le présumé chef spirituel d'un groupe dit Assirat Al Moustakim qui, selon toute vraisemblance, est le conglomérat le plus violent puisqu'il est d'abord basé sur la répression, le crime et la peur plantée dans le cœur de tous ceux qu'il cible.
Jouer le coriace
Le passage de Zakaria Miloudi, l'un des pontes du radicalisme religieux, accusé d'être le chef du groupe Assirat Al Moustakim, devant le juge mercredi 7 août, aura été le moment le plus fort de ces procès des attentats du 16 mai à Casablanca.
D'abord son apparence physique tente de dégager quelque chose de sûr, de posé, de bien calme. En scrutant son visage, rien n'y apparaît. Il semble maître de lui-même, parle avec beaucoup de sérénité et prend le temps de donner suffisamment de poids à ce qu'il avance.
Il y a la voix, normal, qu'il tente de rendre plus lente et plus sûre qu'elle ne l'est. Il y a aussi l'habitude d'avoir des audiences : Zakaria est un prédicateur, un prêcheur, un donneur de leçons, un beau parleur, un homme qui connaît le poids des mots et qui l'utilise à ses fins. Ce qui rend son passage devant le juge semblable à une parodie, (de son côté), de l'un de ses discours donné quelque part dans une mosquée au fin fond d'un quartier populaire, face à des désœuvrés ou à des ignorants en mal de repères et d'idoles. Mercredi, dans la salle, il savait qu'il était attendu par ces adorateurs, ceux qui l'ont vu à l'œuvre au moins une fois, ou ceux qui avaient juste entendu un nom et avaient là une occasion de lui apposer un visage.
Pour ceux qui ont bien suivi l'audience de Miloudi, il était on ne peut plus clair que le prédicateur était en démonstration. Il faisait le show, le sien propre, celui de toujours, qui l'a mené d'une mosquée à l'autre depuis plusieurs années. Il savait qu'il se devait d'être bon, de ne pas fléchir, de ne rien céder aux magistrats qui le tiraillaient de questions. Il ne pouvait se douter des regards derrière lui, dans le box en verre, qui espéraient voir le grand maître dans ses œuvres, dans l'enceinte d'un tribunal, bravant le monde et le sort, faisant fi du crime, du désespoir et de la menace d'une lourde peine qui plane sur son crâne couvert. Tout laissait voir une attitude surfaite. Tout en lui, de la démarche à la raideur du dos qu'il a courbé par moments, sentait l'acteur qui pense avoir les clés du théâtre mais se heurte à une porte blindée qui pouvait le broyer au moindre faux pas. Et Zakaria en a fait, ce mercredi : “Il y a divergence à l'intérieur des courants islamiques au niveau du rapport Choura/Démocratie. La question est de savoir s'il y a conformité entre Charia et démocratie”. Zakaria, qui a été placé face à ses propres textes que le juge lui a montrés ne pouvait nier ce qu'il avait écrit puisqu'il a avoué, après une légère courbure du dos, que c'était son écriture, imprimait à ses dires un cachet docte, essayant de faire traîner les magistrats dans un jeu de cache-cache entre fiqh et mauvaise littérature.
Premier aveu : cette histoire de non-conformité entre Charia et Démocratie. La question étant rhétorique, Zakaria disait le fond de sa pensée ou du moins l'une des esquisses de ses convictions. Il ne pouvait perdre la face devant tous ceux qui l'avaient suivi dans ses prêches ni avouer ouvertement son refus des lois telles qu'elles sont appliquées dans ce pays.
En donnant dans les figures de style, il pouvait jouer sur plusieurs tableaux en assurant ces adeptes de la force de son caractère et en donnant à la Cour ce qu'elle espérait entendre puisque cette fois, il s'agit de preuves écrites et non de simples “mots lancés en l'air”. Ceci pour la première erreur de jugement de la part du fin tacticien. Le second faux pas est plus caractérisé : “j'ai un relevé d'état civil pour mon premier mariage, mais pour le second, je n'en ai pas puisque je me suis marié sans acte de mariage”.
Le silence dans la salle n'était pas seulement celui de la stupéfaction mais aussi celui de ceux qui attendent la suite. Et la suite est appétissante puisque le juge pousse le “maître” Zakaria à l'erreur et à ce que l'on pourrait appeler, le péché d'orgueil. “Que penses-tu des lois ?”, “Je ne peux pas répondre en une journée !” Zakaria vacille, perd ses repères, tente de se ressaisir parce qu'il sait qu'il y a là provocation plus pour montrer à ceux qui le croient encore qu'il est toujours le détenteur d'une grande parole et que ses forces ne sont pas encore épuisées.
Pour le juge, les faiblesses de Miloudi sont désormais apparentes et il faudra creuser dans ce sens là pour l'amener là où on veut qu'il aille : se sentir comme dans une mosquée et jouer au saint émir. “Vous dites qu'il faut combattre avec l'épée et avec violence pour changer ce qui doit l'être”, “non ce sont là des idées éparses”.
Les idées en question sont écrites sur les documents que le juge présente au détenu. Ce sont ses dires, ses théories, ses convictions. Et si elles sont éparses, elles sont peut-être de simples aphorismes, très vite transmuables en grande théorie.
Ce qui semble avoir été le cas pour d'autres phrases inscrites ça et là et qui, au fil des jours et des prêches, sont devenues de véritables ouvrages de la colère et de la violence. Zakaria titube, mais reprend le dessus sur lui-même. Il sait que les livres sont là, qu'ils sont écrits par lui, que les documents manuscrits présentés par la Cour, ne souffrent aucune ombre de doute, que les témoignages de plusieurs personnes sont contre lui, que sa réputation de Cheïck a couru plus vite que le vent et que la mort de Kerdoudi n'est pas si lointaine. Pourtant il tente d'esquiver encore et fait un autre faux pas : “dans tes livres, tu dis que dans ce pays(c'est-à-dire le Maroc), le gouvernement est celui de Taghout, autrement dit celui de ceux qui ne pratiquent pas la Charia” : “celui qui lira mon livre ne dira jamais cela”.
Là, la rupture avec la Cour ne tient qu'à un fil surtout que l'avocat de Zakaria,Me Abdelghani Rizk, avait déjà mis le feu aux poudres avec les magistrats en disant que tout ce qu'il y avait dans le dossier de son client était du délire (Thaïtir, disait l'avocat en parfait arabophone). Une telle saillie a été considérée comme un outrage à magistrat et une offense envers le Ministère public et la Cour. On a donc demandé à l'avocat de Miloudi : “de mesurer les mots et les expressions utilisées”.
La suite est très drôle dans le sens où le “vaillant prédicateur” s'est mué en une espèce d' “esquiveur”, un adepte du zig-zag : “Assirat Al Mostakim n'existe pas et je ne suis pas un émir”.
Pourtant, ces livres le positionnent outre le fait d'être un théoricien, comme un praticien aussi de ses propres dires (le mariage blanc, les enfants sans livret de famille, la non-reconnaissance de l'Etat…). Il a aussi été de toutes les sorties des autres théoriciens, malgré quelques divergences de points de vue !! Entre grands planificateurs d'une société sans mal et sans Etat, il faut bien qu'il y ait de temps à autre un peu de conflit, ne serait-ce que pour garder la main. Comme toutes ces mains qui ont participé au meurtre de ce Kerdoudi à Sidi Moumen, par Fatwa et que Miloudi nie catégoriquement.
Celui qui vient de passer un an de prison pour escroquerie a oublié quel motif l'avait mis derrière les barreaux puisqu'il jouait encore, ce mercredi, au valeureux musulman au-dessus de tout soupçon. Ce délit a été retenu contre lui le 14 février 2002 lors du procès de l'assassinat dudit Fouad Kerdoudi.
A l'époque, toutes les accusations concernant Assirat Al Moustakim : atteinte à la sécurité de l'Etat, formation de groupes armés, atteintes à la vie des autres, coups et blessures, homicide volontaire avec préméditation, actes de sabotage et meurtres… etc, se sont soldées par un non-lieu ! Entre temps, il y a eu le 16 mai et Miloudi réapparaît comme l'un des ténors de la haine, l'un des chantres de la violence et du crime.
On lui aura sorti tout ce qu'il a dit sur une société perdue qui croit en tout sauf en les lois claires de l'Islam, la Charia qui doit être appliquée parce qu'elle est la seule à pouvoir nous sortir de l'obscurité, les interminables discours dans les mosquées et dans les maisons à l'occasion de fêtes ou de décès pour diffuser ces convictions et remplir les cœurs de doute, puis de haine, les innombrables confrères du Jihad et des prêches à peine voilés, les écrits directs sur une population qui doit revenir à la juste voie et tant d'autres souvenirs que le détenu semblait reconnaître, sans trop leur donner d'importance. Il aura beau nier le fait de refuser les lois de l'Etat et les règles régissant ce pays, il ne pourra jamais nier le fait de s'être marié et d'avoir eu des gosses sans un acte de mariage et sans donner à ses enfants leur droit de citoyens au livret de famille. S'il n'a jamais demandé aux autres de brûler leurs papiers, pourquoi n'en a-t-il pas lui-même ?
Et comment comptait-il éduquer ses enfants et dans quelles écoles n'étaient celles qui dispensaient ses propres concepts de la vie selon la loi de la juste voie, celle du crime et du châtiment ?
Le clou de l'affaire
Le bras de fer qui s'engageait entre l'avocat et les autorités était comme une grosse brume qui voulait voiler le grand jour sur le tribunal, ce mercredi 6 août. Les faits sont là, Zakaria a été prédicateur : dans une mosquée dans le quartier Attacharouk. “J'assistais à des rencontres les jours de fêtes, de mariages ou tout autre chose. Ce que je donnais comme leçons dépendait de l'occasion, un mariage, un décès, une naissance. Quand je faisais mes discours, je me basais sur des livres comme celui intitulé Minhaj Al Mouslim. Je crois à tout ce qui est dans le Livre (le Coran). Certes, il pouvait y avoir des cours sur l'excommunication et ses conditions…”.
Et c'est là le clou de l'affaire : l'excommunication. Zakaria est accusé d'avoir émis des fatwas, d'avoir appelé
à l'excommunication de plusieurs personnes dont le seul crime aura été leurs différences, leur mode de vie qui n'est pas celui qui est décrit dans tous les livres que Zakaria lit ou écrit et qui sont du même acabit que ce Minhaj Al Mouslim qu'il a servi à la Cour comme un appât de livret simple et sans ambages. Il devra répondre des déclarations d'Abdelaziz Sebbari, de Saïd Nkiri, de Larbi Dakik et des autres, tous ces doigts qui le pointent comme un leader, un commandant, un émir, un Cheikh ou tout bonnement, un chef spirituel.
Quand tout était plié et que Miloudi devait regagner sa place, les attitudes avaient changé. Il n'était plus l'homme sûr de ses capacités, le prédicateur qui montait à la barre comme on monte au minbar. Quelque chose avait été secouée en lui. Son regard franc, précis et qui se pose bien sur les gens pour scruter qui ils sont ou les intimider, avait perdu de sa force, était un tantinet vitreux, un peu éteint. Bas.
Dans la salle, les assistants ont remarqué que celui qui a le verbe facile, le sens de la répartie et l'habitude de ce genre de dialectique n'était pas très fier de son passage devant les magistrats. On sentait qu'il espérait beaucoup de cet entretien devant témoins.
Pour lui, à coup sûr, cet affrontement devait être un regain de force devant les siens et devant sa propre faculté d'endurer, de tenir le coup. Là, il n'était plus maître de ce qui allait se passer après. Il s'est présenté fort de son non-lieu de février 2002, il se disait que l'affaire était réglée d'avance, mais devant les preuves, les écrits, les textes, les manuscrits et les faits, Zakaria a vu l'eau passer sous son pont, l'air souffler plus chaud qu'il ne le voulait et le regard du juge beaucoup plus serein que le sien.
Cela s'est joué dans ce regard, à qui allait baisser les yeux le premier, à qui allait se sentir en difficulté, à qui allait sentir l'étau se resserrer contre lui. Miloudi qui a été entendu loin des autres théoriciens de la Salafiya comme Fizazi et consorts, a vu ce traitement particulier lui retomber sur la tête. Désormais, il y a pour lui un avant 6 août et un après. Et les jours qui viennent augurent d'être son purgatoire avant le jugement final.
Dehors, devant le tribunal, les gens discutent déjà du sort de Miloudi : “ il est cuit ”, disait le frère d'un des accusés. A l'entendre détailler sur les affaires de Zakaria et des siens à Sidi Moumen, à Attacharouk et dans les douars, on comprend très vite qu'il ne l'a pas en odeur de sainteté et qu'il lui voue une haine sans égale. “C'est lui et d'autres qui ont pourri les crânes des jeunes”.
Ce qui tombe dans l'oreille d'une mère, un peu affolée, qui se met aussitôt à maudire tous ceux qui ont fait que sa progéniture soit jetée en prison : “ceci n'est pas l'Islam, ceci , c'est la folie”. Un véritable “Thaïtir”, comme avait dit cet avocat de la défense qui a failli sortir de la salle après son offense à la Cour.
Pour les autres mères, l'essentiel était de comprendre ce que disait “ce Miloudi”, qui semblait parler une langue qu'elle n'ont jamais entendue : “je ne sais pas quoi dire, mais je sais que mon fils ne parlait pas comme ça”. Ce que cette mère ne savait pas, c'est qu'il n'était pas donné à n'importe qui d'être émir et chef de secte, et que dans ce genre d'entreprise, il faut être autre chose qu'un simple gamin en mal d'idéaux et jeté dans les griffes des dévoreurs de la société. Zakaria, lui, c'est un autre calibre… qui sonne déjà très creux et qui risque de faire beaucoup de bruit en touchant le sol.
Zakaria Miloudi est accusé d'avoir émis
des fatwas, d'avoir appelé à l'excommunication de plusieurs personnes dont le seul crime aura été leurs différences, leur mode de vie qui n'est pas celui qui est décrit dans tous les livres que Zakaria lit ou écrit.


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