Port de Tanger Méditerranée SA A compter du jeudi 12 juin courant, date de la signature du contrat de cession,le consortium formé par Bouygues et Bymaro, sa filiale, a 36 mois pour livrer le port. Il a finalement été sélectionné sur la base d'une offre plus intéressante tant au niveau de la solution qu'au niveau du prix. Détails sur l'attribution du projet. Jusqu'à la date de signature, affirme Mustapha Bakkoury, directeur général de la CDG et qui assumait jusqu'ici les fonctions de président du directoire de l'Agence spéciale Tanger Méditerranée, l'offre du second a été maintenue comme le stipulait le cahier des charges. C'est dire que contrairement à ce qu'on a pu affirmer par ailleurs, le consortium français avait certes beaucoup d'atouts en main, mais n'avait pas encore été l'heureux élu. A présent c'est fait. La cérémonie de signature du contrat par Mustapha Bakkoury et Martin Bouygues, le PDG du groupe Bouygues, a été présidée par S.M le Roi au palais d'Agadir et devant plusieurs personnalités. Il s'agit de réaffirmer la poursuite d'une volonté royale qui avait donné naissance à ce projet ou plutôt qui avait fait du port, "un prétexte au projet", comme l'affirmait tantôt Karim Ghellab, le ministre de l'Equipement et du Transport. Près de trois mois se sont écoulés depuis la date où le consortium de Bouygues avait été choisi en tête de liste des cinq entreprises ayant au final remis leur offre. Selon Mustapha Bakkoury, il s'agissait de mettre à profit cette période pour étudier plus en profondeur l'offre de Bouygues notamment la composante de la solution variante. Il convient d'ailleurs de signaler que le géant français n'avait pas été choisi pour avoir simplement donné une offre moins disante que ses concurrents. En plus d'avoir demandé un prix plus faible, son offre comportait une solution de rechange conformément au cahier des charges, explique le président sortant du directoire de Tanger Méditerranée SA (TMSA). Dès lors, il fallait donc que le collège d'experts nationaux et internationaux étudie la solution variante pour voir si elle se montrait plus avantageuse que la solution de base. En juin 2006, le port sera donc livré par Bouygues qui empochera au passage 2,425 milliards de DH, dont la moitié sera payée en dirhams et la moitié en euros. Un projet ambitieux pour le développement de la région A l'origine, le nouveau port devait être construit sur l'Atlantique. Pourquoi et comment est-on passé de Tanger Atlantique à Tanger Méditerranée? A cette question le ministre de l'Equipement et du Transport, Karim Ghellab, avait donné les raisons qui ont mené vers cette vision royale. Devant le constat que le port actuel de Tanger arrivait à saturation au niveau du transport des camions TIR et du transit des MRE, il devenait nécessaire de construire un nouveau port. Le choix s'est porté d'abord sur un site de la côte atlantique, c'était le projet Tanger Atlantique, pour se fixer définitivement sur le site actuel de Oued Rmel sur la rive méditerranéenne. Le projet actuel, dont les travaux débutent en ce mois de juin 2003 pour prendre fin en 2006, obéit à une logique différente, comme l'expliquait Karim Ghellab. Il s'agit d'abord de faire de ce complexe un pôle de développement dans une région pauvre. Ensuite, il faut tenir compte du fait que l'activité de transbordement des marchandises est liée à la proximité des zones de transbordement (Algésiras et Gibraltar). Enfin, le nouveau port se situe à mi-chemin entre le port actuel de Tanger et Algésiras, ce qui est plus commode pour le transport des voyageurs et des camions TIR. Un financement adéquat Le coût du projet est bien entendu plus élevé en raison de l'absence d'infrastructures. Le complexe comprend, en dehors du port proprement dit, des zones franches, logistiques, industrielles et commerciales en plus d'une zone touristique. Des infrastructures de connexion (autoroutes, voies ferrées…) et des travaux hors site seront réalisés. Le coût total prévisionnel est évalué à 11,65 milliards DH, dont les 2/3 sont à la charge des pouvoirs publics, à savoir le Fonds Hassan II et le budget général de l'Etat. La contribution du Fonds Abou Dhabi, qui s'élève à 300 millions $, se présente sous forme d'un don de 100 millions $, et le reste sous forme de prêts à des conditions avantageuses. Le Fonds koweïtien de développement économique arabe (FKDEA), et le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES) ont donné leur accord pour financer les infrastructures hors site et les montants alloués seront inscrits au budget de l'Etat. L'apport du secteur privé sera réservé à l'aménagement des quais et des zones de stockage et à l'équipement du port en engins de manutention. Un organisme spécial a été créé pour prendre en charge le projet: l'Agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA). Il s'agit d'une société anonyme dotée des prérogatives publiques et dont le Fonds Hassan II sera actionnaire. Le ministère de l'Equipement et du Transport réalisera des travaux pour le compte de cette Agence. A propos de travaux, certains organes de presse ont rapporté des informations selon lesquelles la construction du port a été confiée à Bouygues. Il n'en est rien : le choix de l'entreprise qui sera chargée de cette opération n'a pas encore eu lieu. Pour en revenir à la TMSA, elle travaille actuellement sur le développement du projet. Par la suite, elle deviendra l'administration unique du complexe. A travers la réalisation du complexe Tanger Méditerranée, le gouvernement apporte une réponse concrète aux attentes de la population, à savoir la lutte contre la pauvreté et le chômage. Les retombées socio-économiques de ce projet seront en effet extrêmement positives.