Nous sommes à quelque cinq mois des grandes échéances de septembre 2002. Le code électoral est encore en discussion au Parlement. Les listes électorales, les découpages, l'encre indélébile, le vote obligatoire, la carte d'identité nationale, tout cela n'est pas encore au point. De fait on n'est même pas tout à fait sûr que les élections auront bien lieu à la date fixée, ni qu'elles se dérouleront dans de meilleures conditions que les précédentes. On est dans l'expectative et dans l'interrogation. Et pourtant… Combien de partis politiques brigueront-ils les suffrages des électeurs ? Avec quels programmes ? Quels seront leurs candidats à la chambre des représentants ? Des alliances électorales entre partis seront-elles conclues ? Et par qui et avec qui ? On n'en sait strictement rien. L'opacité est de mise et le mystère savamment entretenu. Et pourtant… Et pourtant, trois grands partis seraient, dit-on, en train de se livrer à des approches exploratroires, à des discussions secrètes comme il se doit, pour trouver un consensus – encore un ! – sur le nom du futur Premier ministre qui, ils n'en doutent pas, ne pourrait sortir que de leurs rangs. Il s'agit des trois principaux partis de l'actuelle majorité conduite, tant bien que mal, par Abderrahmane Youssoufi, à savoir l'USFP, l'Istiqlal et le RNI ! Et, comme de bien entendu, chacun de ces partis qui aspirent ensemble à constituer la majorité de demain, avance le nom de son leader pour, le cas échéant, occuper l'importante charge de former et de diriger le futur gouvernement. On n'en est pas encore là, tant s'en faut, direz-vous ? C'est mettre la charrue avant les bœufs ! Vous n'y êtes pas du tout, c'est simplement de la haute politique, qui consiste à tout prévoir, même l'inimaginable, le problématique et le peu sûr ! Ainsi donc, et si les urnes leur sourient, les istiqlaliens verraient très bien Abbès El Fassi constituer le prochain cabinet. Depuis le temps qu'ils attendent que le poste leur échoie, leur appétit s'aiguise et leur jeune secrétaire général, qui ambitionne de réparer l'échec de M'hamed Boucetta, n'a jamais caché ni son ambition ni sa volonté de faire mieux que le gouvernement d'alternance dirigé par le frère, mais toujours ennemi, l'USFP qui, selon El Alam, a fait perdre au Maroc plus de quatre ans ! A l'Istiqlal, les bons sentiments et la cohésion gouvernementale, n'ont jamais empêché l'acidité de la critique ni la crudité du propos ! De son côté, et fort de sa supériorité numérique dans un Parlement falsifié de l'avis de tous, le leader du RNI se présente comme le candidat légitime à succéder à l'actuel Premier ministre, coupable à ses yeux, principalement, d'avoir fait place dans son cabinet à des ministres de souveraineté, absolument inconstitutionnels. Avec lui, les départements des affaires étrangères et de la justice, notamment , reviendraient de plein droit aux partis politiques. Vaste programme, comme disait l'autre. L'USFP, fière d'un bilan qu'elle défend bec et ongles, revendique pour elle-même le premier ministère pour pouvoir parachever le projet socialiste, si malencontreusement mis à mal par “ les contraintes ” que l'on sait. Youssoufi, qui, vraisemblablement ne voudra pas rempiler, propose Abdelwahed Radi. Aïe ! Aïe ! Que ferait alors El Yazghi, n°2 de l'USFP. Mais tout cela n'est que spéculations gratuites. Les urnes électorales n'ont pas dit leur mot. Qui gagnera ? Qui perdra ? Qui sera le prochain Premier ministre ? Peut-être bien Aherdane, Laenser ou même Abdallah Kadiri ? Pourquoi riez vous ?