Abdellatif Jouahri, le nouveau Wali de Bank Al Maghrib a sans doute perdu son prénom sur le chemin de la rigueur. Seul son nom de famille lui est resté, Jouahri, surtout dans la presse. Inutile de déroger donc à la règle. Rigoureux, il l'a été pendant toute sa carrière et même au-delà, et il continue de véhiculer cette image. On n'omettra pas de citer sa nomination dans cette carrière, ni même les fonctions qu'il venait d'occuper à la Caisse marocaine interprofessionnelle de retraites (CIMR). En effet, l'homme a été tiré d'une retraite pour prendre en charge la Caisse qui avait alors fortement besoin d'une réforme. Avant lui, deux grands de la finance ont déblayé le terrain, mais ne sont pas parvenus à faire adopter la réforme à l'association de patrons qui dirige indirectement la Caisse. Il est important de signaler que c'est le rapport qui porte son nom qui a été à l'origine de plusieurs recommandations que l'on continue d'appliquer jusqu'à présent. On pense notamment à la nécessité, pour les établissements et offices publics, de séparer le service universel des besoins de rentabilité. N'est-ce pas un tel principe qui a été le soubassement des réformes que l'on connaît actuellement ? C'est avec rigueur qu'il avait également présidé aux destinées de la BMCE de 1986 jusqu'à sa privatisation en 1995. L'actuel gouverneur de Bank Al Maghrib était donc lui-même un banquier, pour avoir été président par expérience. Avoir de l'expérience dans la banque peut servir quand on doit contrôler les banques, réguler le paysage financier et prendre les mesures qui s'imposent pour sécuriser un système croulant sous le poids de créances irrécouvrables. Car certains prétendent qu'il se passerait des pratiques pas très orthodoxes. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui pourraient justifier le retard pris dans l'ouverture du système financier marocain, ouverture qui doit se faire avec beaucoup de sécurisation des intérêts du pays. Mais pour la poursuite de la réforme, après le renforcement des pouvoirs de contrôle de Bank Al Maghrib, il lui faudra plus d'autonomie. Combien de fois voit-on un gouverneur de Bank Al Maghrib s'adresser aux opérateurs pour leur donner plus de visibilité. Les responsables de la Banque centrale européenne ou de la Réserve fédérale américaine s'adressent de manière régulière aux opérateurs. Au Maroc, nul n'a encore droit à cela parce qu'il y a un manque d'autonomie. Jouahri compte quand même faire de la communication un outil d'action, notamment avec les directeurs des départements respectifs au sein de l'institut d'émission. C'est ce que La Gazette du Maroc a pu savoir de sources sûres. Il n'y a aucun domaine où la communication joue un rôle aussi important que dans celui de la finance moderne. C'est arrivé à un tel niveau, que les agents qui traitent l'information et la diffusent sont devenus dans toutes les places modernes des acteurs à part entière. Jouahri semble l'avoir compris d'emblée.