Essaouira respire le printemps des Alizés Les remparts de l'ex-Mogador recèlent les mystères d'une ancienne magie, que ses quatre vents essaiment, envoûtant ainsi touristes et habitants. Un charme que les 16 concerts du printemps musical des Alizés consolideront en diffusant, du 18 au 21 avril, les notes d'une musique classique internationale. Ils sont épris de cette ville et ils ont lancé le défi de la promouvoir et de veiller à son épanouissement social et économique à travers l'art et la culture. “ Ils ” : ce sont ces amoureux, originaires des différentes contrées du Maroc, membres de la Fondation des Alizés et qui, imprégnés par la vocation artistique de l'ancienne Mogador, organisent la 2ème édition du printemps musical des Alizés. En effet, en écho à la réussite de la première édition, la Fondation des Alizés célébrera, durant 4 jours, la musique classique sur les remparts d'Essaouira, classée désormais patrimoine universel de l'humanité. La ville qui, selon les dires de Mohamed Ennaji, “ a fait le choix de la culture comme moyen d'épanouissement, comme outil de développement”, accueille plus de 50 musiciens de talent venus des Etats-Unis, de France, d'Espagne, de Palestine, de Norvège, d'Italie, du Japon, de Corée, d'Autriche, de Suisse et du Maroc. Seize concerts seront donnés dans l'ambiance intimiste des Ryads et de l'église, où une scène a été aménagée à cet effet. Entre les sonates de Beethoven, de Brahms, de Schubert et de Mozart, les sonatines de Dvorak et les mélodies de Monteverdi, de Zanetti, de Wolf, de Strauss et de Mahler, le public se délectera du programme concocté et qui compte notamment la participation du trio formé de Marie-Christine Barrault, Hélène Delavaut et Suzanne Mannof, qui présentera des “Liturgies pour un monde de paix”. Une paix tant désirée et attendue par les Palestiniens, qui seront représentés par Saleem Aboud Ashkar, qui a complété ses études à la Royal Academy of Music de Londres et a obtenu le Prix de la Palestine en 1998 et le prix du “Jeune talent de l'an 2000” au “Ruhrgebit Piano Festival”, en Allemagne. Par ailleurs, les organisateurs ont décidé de verser la totalité des recettes du Festival au Croissant rouge palestinien, rendant ainsi payant certains concerts et ouvrant, durant le festival, des espaces de dons dédiés aux victimes de Ramallah, Naplouse et la Palestine. D'ailleurs ,“c'est à cette ville magique solidaire, prête à accueillir les apports extérieurs, ouverte aux différentes cultures, que revient le mérite du succès du printemps musical des Alizés”, confirme André Azoulay, qui révèle la réalité d'Essaouira, ville oubliée de toute présence industrielle et universitaire. Aussi, l'épanouissement de Mogador dépend-il essentiellement de son essor touristique et de son capital humain. D'ailleurs, les membres de la Fondation ont relevé le défi de promouvoir la ville d'Essaouira à travers la culture, en organisant prochainement des manifestations à caractère international, qui seront de l'ordre d'un festival par trimestre. Ainsi, Essaouira connaîtra les 3, 4 et 5 octobre prochain le Festival des Andalousies plurielles, un festival pluridisciplinaire de musique, de danse, de peinture, de littérature.... André Azoulay a d'ailleurs précisé l'impact de la culture sur l'économie de la ville, en citant en exemple le Festival des Gnaouas, avec les Musiques du monde : “ la première édition du festival a suscité beaucoup de scepticisme. Personne n'aurait pu imaginer que, pour sa quatrième édition, ce festival accueillerait plus de 200.000 personnes”. En outre, l'approche réaliste et modeste du printemps musical des Alizés a contribué à son succès. Une réussite qu'Essaouira dédie en fleurs musicales à Rabat, par la création de l'Académie de musique Alizés, qui se tient du 8 au 16 avril à Rabat. Cette structure a pour objet de combler la défaillance d'encadrement musical que connaît notre pays, en permettant aux jeunes musiciens et aux professionnels de confronter leurs connaissances aux expériences de professeurs d'institutions mondialement renommées. L'Académie s'adresse aux élèves des conservatoires et des écoles privées d'enseignement musical, ainsi qu'aux jeunes professionnels, professeurs de musique ou instrumentistes des orchestres nationaux. Des classes “ masters ” de piano, de violon, de violoncelle et de chant sont programmées à cet effet. D'ailleurs, la salle Bahnini a abrité, lors d'un concert donné vendredi 12 avril, les prouesses des professionnels encadrants. Un autre concert des stagiaires aura lieu le mardi 16 avril à la salle Bahnini. Une occasion que Mogador, la femme voilée, offre aux élèves sélectionnés, bénis par les quatre vents, qui se produiront en public à Rabat, consolidant ainsi les assises d'une culture de musique classique où l'échange est roi.