Jean-Paul Clément, Président de l'IREF Le premier séminaire franco-marocain sur les développements croisés des réseaux de franchise et de partenariat au Maroc et en France se déroulera le lundi 14 avril 2003. C'est une occasion pour les deux parties de pouvoir sonder le terrain pour d'éventuels investisseurs dans le domaine de la franchise. Dans cet entretien, Jean-Paul Clément nous livre les opportunités que peut offrir le secteur de la franchise dans la création de richesses au Maroc. La Gazette du Maroc :Est-ce que le marché marocain et la société marocaine peuvent accepter l'introduction de la franchise comme moyen de distribution des produits et des services ? Jean-Paul Clément : le système de la franchise et du partenariat est répandu dans le monde entier. Si les Américains, compte tenu de leur population et de leur économie sont les premiers franchiseurs au monde, les seconds avec le Japon sont les Français (près de mille réseaux de franchise et de partenariat existent en France, dont 25 exportent et sont présents sur les marchés étrangers). Il nous semble que nous sommes à un tournant de l'économie au Maroc et qu'à côté d'autres moyens de développement, la franchise et le partenariat peuvent être utiles pour le développement économique de votre pays. Le franchiseur apporte son concept, son savoir-faire, sa notoriété et son assistance. En contrepartie le franchisé investit sur place, ouvre et développe son point de vente avec éventuellement la création d'emplois (vendeurs par exemple). Plusieurs dizaines de réseaux de franchise français et américains sont déjà sur le marché marocain, mais je pense qu'à terme, comme dans d'autres pays, plusieurs centaines de réseaux seront implantés. Par ailleurs, n'oublions pas que notre démarche est bilatérale. Nous souhaitons trouver au Maroc des opérateurs économiques performants, ayant déjà développé un concept susceptible de s'implanter en France. Vous êtes président de l'IREF qui est l'une des plus importantes associations de la franchise en France et en Europe. Quel est le rôle de l'IREF ? L'IREF regroupe, comme son nom l'indique, une quarantaine de réseaux de franchise, mais aussi de partenariat (partenariat proprement dit, concession, commission affiliation, coopératives). L'IREF regroupe également une trentaine de consultants et quelques franchisés et master franchisés performants. Nous avons des délégations en Argentine, au Brésil, au Canada, en Espagne, au Moyen -Orient (Arabie Saoudite), en Tunisie et naturellement au Maroc. Le but premier de l'IREF est de développer la franchise en France, en Europe, et maintenant dans les pays du Maghreb, en organisant des ateliers de réflexion, des colloques, des séminaires et éventuellement des voyages à l'étranger. Il n'est pas exclu qu'un jour ce concours s'internationalise. Quels sont à votre avis les difficultés rencontrées par les franchiseurs français du Maroc ? Je ne suis pas au courant des difficultés particulières pour l'implantation de la franchise française au Maroc, dans la mesure où déjà il n'y a pas d'obstacle de langue et qu'une histoire commune a rapproché nos deux pays. La France et les franchiseurs français doivent jouer un rôle primordial dans le développement de l'économie du Maroc. À mon sens, la seule vraie difficulté est celle de trouver des opérateurs économiques compétents (cela doit être relativement facile) mais aussi ayant la possibilité d'investir. Vous concevez la franchise comme un partenariat commercial ou industriel. Quel est l'intérêt pour qu'un jeune investisseur marocain opte pour cette nouvelle forme de partenariat ? Si un jeune investisseur marocain crée une affaire et se développe, il mettra un certain temps à couvrir l'ensemble du royaume du Maroc. S'il s'appuie sur un concept performant et innovant, une marque renommée et une assistance technique, il doit pouvoir aller plus vite pour s'implanter dans sa ville d'abord et dans les autres grandes villes du Maroc. Deux systèmes sont possibles : ‡ une franchise directe avec une option pour éventuellement une autre implantation ‡ le système de la master franchise ou franchise principale qui accorde à l'investisseur le droit d'ouvrir un point de vente dans toutes les grandes villes du Maroc, avec un planning et un quota d'ouverture précis. Ce dernier schéma a ma préférence. Nous avons appris que le choix de l'IREF et des spécialistes français et européens de la franchise a été porté sur Mehdi Salmouni Zerhouni, Conseil en propriété industrielle, pour présider l'institut marocain des réseaux de franchise et de partenariat dont le siège sera à Casablanca. Quel est l'intérêt d'une telle représentation, et quel sera son rôle ? Tout naturellement, après le succès de notre séminaire, nous envisagerons avec Mehdi Salmouni Zerhouni les modalités de création d'une délégation plus structurée, par exemple, la création d'un Institut marocain de franchise et de partenariat. L'intérêt d'une telle représentation est d'aider les franchiseurs marocains à se développer et de conseiller les franchisés et masters franchisés marocains. Une dernière question. Quand allez-vous organiser les assises européennes de la franchise au Maroc, sachant que vous avez organisé des assises européennes de la franchise et du partenariat à Barcelone, en Espagne, il y a quelques années ? Nous avons effectivement organisé à six reprises les assises européennes dont deux à Valencia (et non pas à Barcelone en 1988 et en 1992. Cette exportation de nos assises a été un très grand succès puisque la première fois, nous avons reçu plus de cinq cents participants et la seconde, plus de trois cents. Naturellement, le projet d'organiser des assises européennes de la franchise au Maroc nous trotte dans la tête depuis longtemps, mais ce n'est pas seulement la sémantique qui nous retient, (quelle que soit l'amitié que nous ressentons pour le Maroc, la géographie nous enseigne que le Maroc appartient à l'Afrique, même s'il est culturellement très proche de l'Europe). Il faudra trouver un autre titre. Dès que nous verrons que le temps est venu de faire ces assises, vous pouvez être certain que nous n'hésiterons pas à les organiser.