Réactions de la classe politique Suite à l'interview que nous a accordée le général Khaled Nezzar, nous avons tenu à sonder les réactions de la classe politique. Mais seuls Youssoufi et Osman n'ont pas daigné répondre à l'appel. «La question de l'unité territoriale du Maroc est au cœur des préoccupations du parti de l'Istiqlal depuis l'aube de l'indépendance. En 1955 déjà, le défunt leader Allal El Fassi posait le problème dans son ensemble, faisant savoir que l'indépendance du Royaume demeurait incomplète tant que le pays ne récupérait pas les provinces qui restaient sous colonisation, essentiellement espagnole. Ce fut pour le Maroc un long processus qui a commencé par Tarfaya, Sidi Ifni, Sakia Al Hamra et Oued Eddahab et qui ne sera achevé que lorsque nous aurons récupéré Sebta, Mellilia et les Iles Jaâfarine. Avec beaucoup de sagesse et de réalpolitik, le Maroc s'est soumis à une partie de la politique du dépeçage de son territoire, mais cela ne semblait pas suffire. Le gouvernement espagnol projetait ainsi au début des années soixante-dix un nouvel Etat au Sud du Royaume, plus précisément au Sahara dit occidental que le Maroc revendiquait et défendait seul devant toutes les instances internationales, depuis le début des années soixante. Réagissant aux prétentions madrilènes, feu S.M le Roi Hassan II avait mené de main de maître une opération qui a fédéré l'ensemble des Marocains. Elle a été couronnée par la Marche Verte et légalement terminée par les accords de Madrid, qui, se fondant sur les décisions de la Cour Internationale de Justice, ont fixé les modalités de la récupération du Sahara. Malheureusement, l'Algérie a cru utile de contrecarrer la réunification du Maroc sous des prétextes fallacieux, se drapant de principes qui ne trompaient personne. Pour l'histoire, il faut rappeler que pour ne pas gêner le Mouvement de Libération de l'Algérie, Feu Mohammed V avait refusé toute négociation des frontières du Royaume avec la France. Il a ainsi sacrifié l'intégrité territoriale sur l'autel de la fraternité et de l'idéal maghrébin. Toutefois, le gouvernement marocain et le gouvernement provisoire de la République Algérienne dirigé par Ferhat Abbas avaient signé le 6 juillet 1961 un protocole d'accord. Ce protocole était des plus clairs. Il spécifiait que “le GPRA reconnaît pour sa part que le problème territorial posé par la délimitation imposée arbitrairement par la France entre les deux pays, trouvera sa résolution dans la négociation entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de l'Algérie indépendante ”. C'est parce que l'Algérie s'est départie de ses engagements par la suite que la région et notamment les relations maroco-algériennes sont entrées dans une série de “malentendus”, et non pas à cause, comme on peut l'entendre encore, d'un prétendu expansionnisme marocain. Malgré les menées algériennes contre l'unité territoriale du Maroc, feu S.M Hassan II et son digne successeur S.M Mohammed VI se sont interdits, même lorsque le droit de suite s'imposait, toute surenchère militaire dans le seul souci de préserver l'avenir. Pour l'Istiqlal et pour l'ensemble des Marocains, l'idéal maghrébin demeure un choix de cœur et de raison. Si les dernières déclarations du général Khaled Nezzar vont dans ce sens, elles sont bienvenues. Le Maroc, dans le cadre de sa politique de régionalisation, est en mesure de gérer et de digérer une solution qui sauverait l'honneur de chacun et les intérêts bien compris de tous».