Ressources halieutiques Les pouvoirs publics entendent accélérer les réformes du secteur des pêches maritimes avec pour objectif la mise à niveau des entreprises qui y œuvrent, la modernisation de la flotte maritime, la professionnalisation des emplois du secteur, la protection des ressources halieutiques et le développement de l'aquaculture. Dynamique et en constante évolution, le secteur des pêches et de l'aquaculture est une composante essentielle du développement économique des régions maritimes du Maroc. Voire un vecteur de croissance pour l'économie marocaine toute entière. «C'est notre pétrole à nous», pour reprendre les propos tenus par l'actuel ministre des pêches maritimes, Tayeb Rhafes, lors de sa dernière sortie médiatique - vendredi dernier - à l'occasion de la présentation des grandes lignes du contrat-programme du secteur. Et d'ajouter, «qu'un secteur des pêches et de l'aquaculture moderne, composé d'entreprises dynamiques, orientées vers la croissance et disposées à créer des liens d'affaires avec de nouveaux investisseurs, représente une formidable opportunité pour le développement du pays». En chiffres Avec 3.500 Km de côtes et un espace maritime de 1,1 million km2, le Maroc est le premier producteur de poissons en Afrique et le 25ème à l'échelle mondiale. Le secteur des pêches maritimes emploie près de 500.000 personnes directement ou indirectement, contribue pour près de 3,5% dans la formation du PIB, pour 16% dans les ventes globales à l'étranger et pour 55% dans celles des produits alimentaires. La production annuelle du secteur est estimée aujourd'hui à plus de 900.000 tonnes en volume et 7 milliards de dirhams en valeur. Durant la décennie 90, la production de la pêche côtière a presque doublé, passant de 427.650 tonnes à 765.241 tonnes. Sur la même période, la production de l'aquaculture a, quant à elle, plus que doublé. Elle est passée de 395 tonnes à plus de 866 tonnes. Les recettes en devises engendrées par l'exportation des produits de la mer totalisent près de 10 milliards de dirhams. Les produits marocains de la pêche sont écoulés en grande partie sur les marchés traditionnels de l'Europe. Le reste, essentiellement les produits de la pêche hauturière, est destiné aux pays asiatiques. La flotte marocaine compte près de 3.000 unités dont 2.600 unités côtières et 400 unités hauturières. S'ajoutent à cela près de 12.000 barques opérant dans le secteur de la pêche artisanale. Chantiers L'actuelle politique marocaine des pêches et de l'aquaculture exprime clairement une réelle volonté du gouvernement d'appuyer le développement durable de ce secteur, dans une optique de protection de la santé publique et de respect de l'environnement. L'approche préconisée en est l'optimisation de l'utilisation de toutes les ressources, y compris les ressources humaines, notamment par la formation et l'innovation. Elle est au cœur des conditions de réussite des entreprises nationales opérant dans le secteur. L'efficacité et la complémentarité des interventions des différents acteurs gouvernementaux contribuera au développement d'entreprises productives et compétitives. Depuis quelques années, de nombreux facteurs exercent des pressions sur tout le secteur. Indiquons, à titre d'exemple, la diminution des ressources traditionnellement exploitées et la nécessité de formation et de professionnalisation des emplois. Tayeb Rhafes entend consacrer toutes les énergies nécessaires à la mise en œuvre de cette politique, au bénéfice des pêches maritimes. Les opérateurs doivent maintenant, selon le ministre des pêches, s'attaquer aux défis de l'innovation et du développement. Le développement du secteur sera facilité par la concertation de tous les intervenants qui y œuvrent. À cet effet, il est dit d'encourager le développement de liens sectoriels, d'assurer une représentation forte des différents maillons, de garantir aux entreprises du secteur l'accès au capital et au financement adaptés, de favoriser le travail en réseau des ressources de recherche et développement en soutien à l'innovation des entreprises, de renforcer les mécanismes de liaison avec les institutions de formation et d'établir des liens forts avec d'autres secteurs industriels. De plus, selon le ministre, l'aquaculture ne génère pas encore une activité économique à la hauteur de son potentiel. «L'expérience égyptienne dans le domaine est fort intéressante. L'aquaculture égyptienne produit plus de 600.000 tonnes de poissons par an», a-t-il souligné. L'aquaculture marocaine concerne une dizaine d'exploitations qui assurent près de 1.500 tonnes de produits par an. Beaucoup de facteurs limitent le développement de l'aquaculture marine, parmi lesquels le nombre limité des sites abrités, l'insuffisance de la recherche-développement, les coûts élevés des intrants, les fluctuations des prix sur le marché international et l'aménagement des zones littorales pour d'autres projets. Pour dépasser ces contraintes, une stratégie de développement est en cours de préparation pour préserver les ressources marines, augmenter les apports de devises grâce aux exportations, aménager et gérer l'espace littoral. Accords bilatéraux La coopération internationale du Maroc avec d'autres pays dans le domaine des pêches maritimes est régie par des accords. Le Maroc en a aujourd'hui deux : celui signé l'année dernière avec la Russie et l'accord renouvelé annuellement depuis 1985 avec le Japon. Le ministre des pêches maritimes a précisé que cette coopération ne doit pas se limiter à l'octroi d'une simple autorisation de pêche dans les eaux maritimes marocaines. Elle doit en principe s'étendre à la formation, à la recherche scientifique et au financement des infrastructures.