Après avoir lancé la TNT (Télévision Numérique Terrestre), la SNRT (Société nationale de radiodiffusion et de Télévision) a introduit en mai 2008 la TMP (Télévision Mobile Personnelle). ). Il s'agit d'une technologie qui permet de visualiser les programmes des chaînes de télévision sur son téléphone portable, même en situation de mobilité. Seul le Maroc dispose de cette technologie en Afrique, après l'Afrique du Sud où ce service est payant (source : www.servicesmobiles.fr). Après le coup d'envoi de cette technologie au Maroc, la zone de couverture se limitait à l'axe Casablanca-Rabat pour être généralisé à l'ensemble du pays dans le courant de l'année 2009. La SNRT s'est liée au fabricant de téléphonie mondial NOKIA afin de mettre en oeuvre ce service. Il aura fallu 2 ans de tests et de préréglages pour que la TMP soit 100% opérationnelle. Pendant plus de 7 mois, l'accès à la TMP a été gratuit pour tous les citoyens marocains possédant un téléphone ayant la norme DVB H. Mais aujourd'hui, la HACA (Haute Autorité de la Communication et de l'Audiovisuel) a autorisé Maroc Telecom à vendre le bouquet « TV sur mobile ». L'autorité a déterminé les conditions d'exploitation de ce bouquet, en matière de contenu, d'interopérabilité des terminaux et de compatibilité des services avec les appareils de réception. Grâce à ce nouveau service, l'opérateur historique se différencie de ses concurrents, en l'occurrence Meditel et Wana. Sans oublier le fait qu'un tel service va développer les revenus. Dans le numéro 224 du magazine « Challenge Hebdo », on annonce que ce bouquet de chaînes télévisuelles devient payant et comprend Al Oula, 2M, Arriyadiya, Arrabiaa, Al Sadissa, Al Maghribiya, Médi 1 Sat, Al Jazeera, Al Jazeera International, TV5 Monde et CNN. Des accords sont en cours avec d'autres partenaires afin de renforcer le bouquet TV. Le prix a été fixé autour de 60 DH TTC par mois, pour un abonnement bouquet et une offre sans engagement. Au niveau de la facturation, les chaînes nationales sont gratuites. En revanche, les chaînes étrangères sont payantes, la minute étant facturée à 1,92 DH TTC. Et comme dans le système de facturation mobile, la première minute est indivisible, suivie d'un palier de facturation de 20 secondes. Au niveau des terminaux capables de capter ces chaînes, Maroc Telecom en offre une quarantaine environ, de marques NOKIA et Sony Ericsson, et par une série limitée Samsung et LG. Pour ce qui est des autres opérateurs, Meditel travaille sur ce projet depuis quelque temps déjà. Un staff a été mobilisé pour examiner certains volets : solutions et plateformes à mettre en place, discussions avec les équipementiers, modèle du business plan, profitabilité… Méditel va accélérer le processus à la suite de son concurrent Maroc Telecom. La chaîne 2M est aussi intéressée par ce concept média, mais elle préfère ficeler l'aspect contenu et celui de la commercialisation, autrement dit adapter le contenu afin qu'il soit digeste et condensé pour les usagers qui ont des besoins spécifiques en la matière. Quant au deuxième volet, des réflexions et des discussions seraient menées entre la chaîne, les opérateurs télécoms et les équipementiers pour trouver la formule permettant à chacun d'atteindre un seuil de rentabilité. En ayant recours à une formule de TV payante, Maroc Telecom compte financer son réseau DVB-H utile pour cette technologie, avec 14.5 millions de clients dont les abonnés ne constituent que 5%. Sera-t-il possible d'avoir un retour sur investissement, sachant que ce service ne sera orienté que vers 5% de la clientèle possédant un contrat d'abonnement avec Maroc Telecom ? En se taillant une part de 63% du marché de la téléphonie mobile, Maroc Telecom semble avoir un marché potentiel pour ce nouveau produit (TMP). Par ailleurs, elle bénéficie d'une bonne image de marque. Certes, les 5% de clients abonnés ne seront pas en mesure de rendre ce business profitable. Mais ce qui est sûr, c'est que dans un premier temps, ce service sera consolidé auprès de cette clientèle, qui sera à son tour communicatrice vers une autre frange de clientèle. Le montant des redevances que Maroc Telecom a payées à la SNRT reste confidentiel. Selon les responsables de Maroc Telecom, ce service ne peut s'adresser au pré payé, car son principe est le non-engagement. Mais rien n'empêche l'opérateur de penser à une formule (comme le prépayé Internet par exemple) pour développer la télévision mobile pour le prépayé. Cette offre est envisageable grâce à la souplesse des plateformes technologiques. Mais cela pourrait prendre beaucoup de temps. Donc, pour l'instant, c'est une offre destinée uniquement aux abonnés. La SNRT a lancé l'an dernier la télé mobile (les chaînes publiques). Les trois opérateurs pouvaient les commercialiser via une dizaine de postes de deuxième et troisième génération de premier lot. Maroc Telecom a l'avantage de proposer des postes plus variés, une quarantaine, et elle a convenu avec d'autres chaînes internationales de les diffuser aussi. À ce niveau, Maroc Telecom pourrait avoir négocié avec les chaînes de télévision étrangères la diffusion des chaînes moyennant paiement (A titre d'exemple les chaînes ART demandent 1million$ pour avoir les droits...). Autre avantage de Maroc Telecom : étant opérateur, il peut mieux négocier les appareils téléphoniques avec les équipementiers, chose dont la SNRT ne pourrait pas faire, car ce n'est pas son domaine. Quel que soit le modèle économique, la collaboration intersectorielle s'avère indispensable pour associer ce qui se fait de mieux dans les industries de la téléphonie mobile et de la télévision. Elle doit s'accompagner d'accords adaptés sur le partage des recettes, dont le modèle a toutefois encore besoin d'évoluer. Pour les opérateurs de téléphonie mobile, la télévision mobile est un moyen de se démarquer et de stimuler la croissance d'une nouvelle source de revenus, d'optimiser l'utilisation des réseaux et de réduire le taux de désabonnement. La télévision mobile est considérée comme une source de revenus potentiels non négligeables, car elle attire une clientèle nombreuse et variée, à la différence de nombreux autres services. L'association d'un réseau mobile à un réseau de télédiffusion complémentaire permet d'établir une interactivité entre l'utilisateur et le contenu, laquelle est considérée comme un facteur essentiel dans l'adoption et l'utilisation de la téléphonie mobile. Si les canaux montants fournis par l'opérateur à travers le réseau mobile n'existaient pas, les avantages technologiques et économiques du modèle de télédiffusion seraient pour la plupart réduits à néant.