Le PJD au creux de la vague. Abdelillah Benkirane ne s'est jamais trouvé aussi isolé, même dans le pire cauchemar de l'après 2003. Partis, gouvernement, parlement, tous lui administrent un cours de dignité nationale. Jamais le PJD n'a été dans ses petits souliers comme il l'est actuellement. Le parti Islamiste essuie des tirs croisés de toute part. D'abord la grande artillerie : le ministre de l'Intérieur a sévèrement reproché à Abdelillah Benkirane et son alter ego Abdallah Baha, l'écart impardonnable de son député à Oujda et non moins membre du secrétariat national, Abdelaziz Aftati. Lettre mortelle Et pour cause : ce dernier s'est fendu dans une lettre adressée à l'ambassadeur de France à Rabat «au sujet d'allégations selon lesquelles Noureddine Boubker, membre du Conseil national du même parti, de nationalité française, aurait été agressé par les forces de sécurité, lors de l'élection du bureau du Conseil de la municipalité d'Oujda». Une première condamnable dans les annales de la politique nationale». Suite logique : Le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a effectivement convoqué le Secrétaire général du PJD «pour lui transmettre officiellement la forte réprobation du comportement du député du PJD à Oujda ». Le ministre a signalé que ce comportement « traduit à nouveau les contradictions caractérisant les positions du PJD, plus particulièrement en ce qui concerne le respect des institutions nationales, qui doivent demeurer à l'abri de toute intervention étrangère». S'ensuit un vrai cours magistral de patriotisme : « L'action politique, au sens le plus large, est une affaire interne qui doit rester exclusivement limitée aux partis nationaux et il est inacceptable d'admettre que certains, sous quelque prétexte que ce soit, aient recours à des parties étrangères pour demander protection et intervention pour la solution de situations à caractère interne ». Même son de cloche chez le gouvernement, le parlement et surtout des partis politiques. Unanimité ou presque De l'opposition à la majorité, de l'UC au PAM, tous les partis, sauf l'USFP, que compte la scène nationale s'y sont mêlés. D'ailleurs, ils n'y sont pas allés de main morte. Les communiqués pleuvent de toute part et le parti des barbus s'en remet à Dieu ! Abdellilah Benkirane a lui-même déclaré que le «PJD implore le soutien du très Haut». Une manière comme une autre de demander grâce. En fait, ce n'est pas la première fois que le parti Islamiste est appelé à l'ordre par le ministère de l'Intérieur. Quelques jours seulement avant la missive mortelle, le ministère ne trouvait pas de mots assez durs, pour le clouer au pilori. On s'en souvient encore : Le ministère de l'Intérieur a dénoncé « les allégations du Parti de la Justice et du Développement (PJD), lors de la réunion de la Commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures à la Chambre des Représentants, sur la régularité des élections des instances exécutives des conseils communaux ». On y trouve déjà l'allusion aux «parties étrangères». Précisément, le ministre a fustigé «les allégations fallacieuses et accusations dénuées de fondement de certains intervenants, membres du parti, et qui ont dépassé l'enceinte parlementaire pour atterrir dans des tribunes médiatiques nationales et chez des parties étrangères». Le ton est presque menaçant. Ce qui n'est pas sans rappeler le communiqué du Premier ministre dans l'affaire du compte pour Gaza sous les bombes israéliennes. Une Histoire lourde de sens qui se répète.