Doit-on pleurer le sort de ces équipes autrefois renommées ou plutôt celui d'un football qui a du mal à se débarrasser de pratiques dépassées ? Tout connaisseur ou simple passionné du football marocain, serait en mesure de parler du fameux Chabab de Mohammedia, l'équipe fanion de la Cité des Roses qui a su rivaliser avec les meilleurs, mais qui se trouve aujourd'hui contraint de jouer les petits rôles au point de se trouver, une fois de trop, condamné à la relégation. Ce même SCCM qui a pourvu le football national de joueurs émérites et de talents inégalés. Ce même Chabab qui a donné un certain Ahmed Faras, premier Marocain ballon d'or africain, mais aussi son compère et alter égo Acila, un ailier et un attaquant comme il n'y en a plus. Et bien d'autres crampons de grande valeur, pour ne citer que les Trava, Haddadi, Bachir, Abdelilah…et bien sûr avec une pensée pour feu Père Khamiri qui a su tirer la quintessence d'un groupe qui ne devait sûrement pas être facile à gérer. De l'eau aurait coulé depuis, sous les ponts d'un Mohammedia manifestement submergé par des flots d'incompétence et d'indifférence, la grande équipe qu'était le Chabab se trouvant, malgré elle, livrée à des convoitises bassement individualistes ou bêtement électoralistes. Et bien évidemment, le résultat n'allait pas se faire attendre. Le grand SCCM n'a cessé depuis de battre de l'aile s'abonnant à l'ascenseur, quand il ne se fait pas tout bonnement résident permanent de l'étage inférieur. Et le voilà, donc, qui s'apprête à retrouver l'étage inférieur après quelques efforts désespérés et, surtout, des tâtonnements à n'en pas finir. Le même sentiment de nostalgie pourrait bien être nourri à l'égard de ce Mouloudia d'Oujda qui suscite autant de pitié, même si le glas de la relégation n'aura pas définitivement sonné pour lui. Comment ne pas avoir une pensée pour feu Mustapha Belhachmi, ce dirigeant comme la nature n'en fait plus. Quelqu'un qui a aimé le foot plus que tout et qui a adoré le MCO ? Et ces Bouzidi, Madani, Filali, Idrissi Smiri ou Belhiouane… ? Tout cela fait hélas partie du passé. Tout comme pour le TAS ou la RSS. Deux grandes équipes autrefois, mais qui courent, en cette fin de saison, le grand risque de quitter la seconde division pour devoir évoluer chez les amateurs. Il n'y a sûrement pas que les braves enfants du mythique quartier casablancais Hay Mohammadi, qui auraient fréquenté ou respiré le TAS. Cette équipe que le grand feu Larbi Zaouli a su confectionner avec passion et amour tout en la truffant de joueurs surdoués, pur produit du TAS et du « Hay » qui en faisaient profiter toutes les autres équipes et tout le football marocain. La RSS est à classer dans le même registre, celui des équipes dont le présent trop pâle ne rappelle en rien le passé particulièrement glorieux. Le club stati a vite fait de rivaliser avec les meilleurs au point de se voir considéré, à juste titre comme la bête noire de l'équipe à battre de l'époque, celle redoutable des FAR. Les titres remportés et les exploits réalisés par les Chaouis étaient l'œuvre de toute une pléiade de grands joueurs. Citer les seuls Jabrane, Fakiri, Hilmi, Slimani, Alaoui, Maati, Ghiadi, Belfoul…reviendrait à oublier tant d'autres talents. Le plus dur, c'est que cette décadence serait pour traduire celle de tout un football. Si ces équipes en sont là, c'est parce que au lieu d'aller de l'avant en tirant le meilleur profit de tant d'acquis, les apprentis dirigeants ont dû se succéder pour en faire ce qu'elles sont aujourd'hui. Elles ont dû faire les frais de petites ambitions et de petits calculs. Le pire, c'est quand ces mêmes équipes et toutes celles se trouvant dans de beaux draps évoquent, à tort ou à raison, des causes ne devant avoir aucun rapport avec l'éthique et les valeurs que devrait véhiculer le sport. Et en cette fin de saison, il conviendrait d'œuvrer l'œil mille fois plutôt qu'une.