La question fait courir le gotha politique sur une toile de fond de désaccord. Au cœur du débat, les équilibres politiques et les institutions du royaume dans la nouvelle ère. Tout le monde s'y met. Pourtant, le contenu sur les réformes à venir ne fait pas l'unanimité de la classe politique. Alors que le PAM appelle à une approche politico territoriale en vue de consolider la régionalisation, le Parti socialiste reste fidèle à la réhabilitation de la politique par la loi suprême. Le PI, colonne vertébrale de l'exécutif, quant à lui, trouve le moment inopportun. D'ailleurs, le parti du Premier ministre n'a pas hésité à sacrifier la koutla (voir carnet politique) au profit d'un statu quo institutionnel. Abbas El Fassi crie à qui veut l'entendre que toute revendication constitutionnelle avant les élections est nulle et non avenue. L'opposition de sa part réagit différemment. Le PJD qui souffre le martyre depuis les sorties incalculées de son chef de file, Abdelilah Benkirane juge utile de faire profil bas en la matière. Et bien que son dernier congrès ait mis l'accent sur la réforme, le parti islamiste trouve qu'il est prioritaire pour lui de normaliser sa présence sur la scène politique, que de se hasarder sur un terrain compliqué. Une «sagesse» partagée avec le MP. Car Mohand Laenser a qualifié la revendication constitutionnelle, de manœuvre électoraliste. Forme Une critique sur la forme, mais qui, au fond, porte sur les compétences du Premier ministre. Le chef Haraki qui a entre autre demandé un Premier ministre neutre pour les deux ans à venir, conteste le renforcement de la primature. Un désaccord de fond avec les partis de la majorité à l'exception du RNI bien évidemment qui préfère sa force politique du terrain. Cheikh Biadillah, dont le parti mène le bal depuis son congrès constitutif est catégorique : une telle réforme est nuancée. Pour ce qui est des nominations des hauts responsables civiles, l'ancien ministre de la Santé n'y va pas de main morte. « Dangereusement compromettante » a-t-il déclaré à notre confrère ALM. Pour le chef de file du PAM, les nominations aux hautes fonctions aussi civiles soient-elle, doivent rester un domaine intouchable. Donc royales selon la constitution. Si les partis sont tous d'accord sur la pertinence d'une réforme qui tire ses origines de la nouvelle ère elle-même, la portée et le sens donnés par chacun, restent différents.