Nous avons rencontré Fayçal en vacances au Maroc où il est venu voir sa famille. C'est un jeune marocain de 29 ans, jovial et épanoui, qui s'exprime en quatre langues, sans problème, dont...l'hébreu ! Et pour cause. Il vit à Tel-Aviv où il est maintenant informaticien dans une grosse boîte high tech. Un choix qui ne s'est pas fait par hasard. Fayçal est né à Casablanca dans une famille plus que modeste ; comme il le raconte lui-même : «nous n'étions pas réellement pauvres, mais nous n'avions que le strict nécessaire «. Mais Fayçal est un enfant studieux, intelligent, qui veut poursuivre ses études et sa mère, dont il a hérité la volonté farouche, va remuer ciel et terre pour qu'il puisse le faire. Elle travaille comme secrétaire dans un cabinet d'avocat juif et, à bout de recours, parle de son fils à son patron et lui demande de l'aider. C'est ainsi que Fayçal se retrouve au collège maïmonide de Casablanca où il passe son bac. Ensuite, il demande une bourse et un visa pour étudier en France. Mais il n'obtient ni l'une ni l'autre. Alors une fois de plus, ce sont les relations juives de sa mère et aussi celles du lycée juif, qui lui suggère de tenter sa chance en Israël. A dix huit ans, il part donc seul pour la première fois de sa vie avec quelque 400 dollars en poche, et après bien des déboires, il réussit à s'inscrire à la faculté de Tel Aviv. C'est cette expérience d'étudiant et son adaptation dans un pays pas spécialement facile à vivre, qu'il raconte dans un livre autobiographique intitulé «Le Je de la Paix». Préfacé par Shimon Perez, ex-Premier ministre israélien et politicien pro- rapprochement entre arabes et juifs, ce livre sortira en France mais pas ...au Maroc. La parution de cet ouvrage, il y a deux ans environ, avait provoqué des remous dans certains milieux. Mais Faycal s'explique «Je me considère tout simplement comme un immigré marocain de plus, que les circonstances ont emmené en Israël, comme elles auraient pu me conduire ailleurs. Il se trouve que ce pays m'a permis de faire des études et de trouver un bon travail, je lui en suis donc reconnaissant. Aujourd'hui, il a en effet trouvé un job dans ses cordes qui peut le mener loin dans sa profession, pas question donc pour le moment de quitter Tel Aviv. Surtout qu'en plus, il a une petite amie israélienne et leur amour semble transcender les problèmes politiques et religieux. Un bel exemple de ce que devraient être les relations entre les hommes et les peuples, aussi différents soient-ils. Et une preuve que lorsqu'il y a volonté de réussir sa vie, on peut venir à bout de tous les obstacles et le faire n'importe où. ■