Le Festival, qui a très largement acquis ses lettres de noblesse au fil des éditions, revient cette année avec une programmation époustouflante pour ce qui devrait être l'une des plus belles fêtes musicales marocaines. A regarder la liste des têtes d'affiche internationales, on ne pourra pas dire que Mawazine fait dans le jeunisme : KYLIE MINOGUE / Australie ; ENNIO MORRICONE /Italie ; STEVIE WONDER - Etats-Unis; ELIADES OCHOA du Buena Vista Social Club / Cuba ; SERGIO MENDES/ Brésil; SOLOMON BURKE/ Etats-Unis ; JOHNNY CLEGG / Afrique du Sud ; WARDA AL JAZAYRIA/ Algérie ; FRANÇOIS RABBATH / Syrie… On ne peut pas les citer toutes, tellement la programmation est remarquable. Spectaculaire et salutaire innovation dans le petit monde des festivals marocains, Mawâzine 2009 proposera également quatre ateliers de formation. Le premier est une master class de guitare, animée par le célèbre guitariste flamenco JUAN CARMONA. Le deuxième atelier sera dirigé par FRANÇOIS RABBATH, grand contrebassiste franco-syrien. Le troisième atelier, en correspondance avec le précédent, sera animé par le luthier, BRUNO BRETTE, spécialisé dans la fabrication de contrebasses. Le quatrième atelier s'adresse aux participants à Génération Mawâzine. Il est animé par DJ KEY ! Cette année, les enfants seront gâtés et auront droit à des spectacles magiques : «Carton Park» et «Visto Lo Visto”. Elargissant aux arts plastiques, Mawazine 2009 présentera également une exposition d'artistes contemporains arabes : TRAVERSEES. Abdelkader Rachedi. Le maître des rythmes Il fait partie des figures incontournables de la chanson marocaine moderne. Dès l'indépendance, il contribua, en compagnie des Fouiteh, Abdelouahab Agoumi, Ahmed Bidaoui, Mohamed Benabdessalam… à la création d'un genre nouveau dit « Asri. ». Natif de Rabat d'une famille traditionnelle et mélomane, son enfance a été bercée par les Noubat andalouses et le Tarab Gharnati, les textes du Melhoun et les veillées du Madih et Samaâ qu'organisait une mère Haddaria. Il intègre le conservatoire Moulay Rachid et s'initie, d'une manière plus professionnelle, à tous ces genres, épaulé par les maîtres de l'époque, Najarou, Sbiaâ…Plus tard, Abdelkader Rachedi participa à la constitution des premiers orchestres, à la découverte des nouvelles voix et à la composition des premiers refrains de notre mémoire. Il salua le retour de Mohammed V par « Oudta ya khaira imam » et composa la pièce de « Rraksat al Atlas » (la danse de L'Atlas) en 1948. Morceau musical original où il mixa la musique arabe orientale (Maqam Rast) et la musique andalouse marocaine (Insiraf mizan btaihi). Connaisseur des textes de la poésie arabe classique, des Mouachahat andalouses et du Zajal de terroir, Abdelkader Rachedi excellait dans le genre spirituel avec des morceaux mythiques tels « Min dai bhak » de Mohamed Lahyani, « Al matal al ali » de Ismail Ahlmed et « Ya taliîn lajbal » de Abdelhadi Belkhiat. Comment citer toutes les chanteuses et chanteurs marocains ayant bénéficié de son imaginaire fertile et créatif ? Les archives de la radio nationale sauvegardent pas moins de 330 compositions du maître des rythmes. Seule tâche dans ce plateau exceptionnel : la présence inopportune du fasciste notoire, Emir Kusturica et son No Smoking Orchestra, ainsi (à un degré bien moindre) que celle de Julia Migènes (qui n'est plus johnson) qui ne manquera pas de faire de la pub pour l'église de scientologie… Nous éviterons donc Kusturica et (dans le même genre pour la roumaine), nous nous rattraperons avec les deux incroyables fanfares de rue : le Maharadja Brass Band – Inde et la fanfare Ciocarlia – Roumanie. A ces deux réserves près, qui ne sont pas d'ordre artistique, hélas aurait-on envie de dire, rien que du bel et bon. 9 nuits blanches en perspective à Rabat du 15 au 23 mai prochain. ■